Des militaires qui patrouillaient au musée du Louvre vendredi matin ont subi une violente agression de la part d’un homme qui s’est jeté sur eux au cri de « Allah Akbar ! » Après avoir blessé l’un des soldats, l’homme a lui-même été grièvement blessé par l’un des camarades de sa victime. Depuis, tout le monde dénonce une nouvelle attaque due au terrorisme, cette assertion judiciaire voyant le ralliement aussi bien du monde politique que du monde médiatique.
Tandis que l’on procédait à l’évacuation des quelque 1.600 personnes qui se trouvaient, vendredi matin, au Louvre, l’enquête débutait. L’agresseur est un Egyptien de 29 ans, débarqué des Emirats arabes unis pour, semble-t-il, se livrer à cette seule « visite » du Louvre, et qui, si on en croit les messages qu’il a laissé avant de passer à l’action, n’envisageait aucun retour possible.
Agression au Louvre
L’affaire semble donc bien simple. Mais on a, pour en parler, des expressions dont on se demande parfois si elles ne sont pas uniquement destinées à rassurer les gogos et les imbéciles.
Ainsi, lorsqu’ils évoquent Abdallah E-H – c’est le nom du charmant jeune homme venu jouer de la machette au Louvre –, les autorités et les media ne parlent jamais que du suspect. Je ne sais ce qu’en pense le militaire qui a été blessé, bien que légèrement, dans l’affaire, mais lorsqu’un individu de ce genre vous frappe à coups sanglants de machette, et qu’il ne faut pas moins de trois ou quatre balles pour l’arrêter (au point que son pronostic vital soit « très engagé », comme on dit), il me semble que la suspicion commence à être sérieusement établie !
Il y a mieux… On nous affirme que l’assaillant a proféré des « menaces », et qu’il s’agit, sans nul doute, le président de la République et le procureur de la susdite sont d’accord là-dessus, d’une « action terroriste ».
Or, si l’on se donne la peine de suivre l’actualité, on sait qu’il y a tous les jours des agressions, et même des agressions sanglantes, sans que l’on parle pour autant de terrorisme.
Le cri de ralliement du terrorisme
Celui-ci serait-il donc lié aux menaces proférées ? Si l’on en croit les divers rapports que l’on a pu entendre, le seul propos proféré par Abdallah E-H et exactement rapporté est « Allah Akbar ! » Faut-il donc en conclure que cette expression est, aujourd’hui, la signature terroriste de ceux qui commettent des agressions en la proférant ?
On peut en effet le supposer, puisque le parquet antiterroriste a ouvert une enquête de flagrance pour « tentatives d’assassinats aggravées en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Et le procureur de la République François Molins évoque, pour justifier la nature de l’attentat terroriste, le « mode opératoire » et les « propos » de l’assaillant.
On nous a certes habitué aux évolutions de langage. Ainsi les immigrés sont-ils devenus un temps des migrants, pour accéder finalement à l’appellation de réfugiés.
Dans le cas présent, on s’interroge toutefois. Car, il n’y a guère, « Allah Akbar ! » nous était présenté comme une revendication islamiste. Faut-il en conclure que terrorisme est désormais devenu le synonyme d’islamisme ? Mais comment désigner alors ceux qui, autrefois qualifiés de terroristes, n’ont aucun lien avec l’islamisme ?
« Allah Akbar ! »
Il y a pire sans doute. « Allah Akbar ! » veut tout simplement dire « Allah est grand ». Doit-on donc comprendre qu’affirmer aujourd’hui qu’Allah est grand est le signe d’une appartenance terroriste ? Et ne faudrait-il pas, en toute logique, s’interroger de la présence chez nous de tant de gens qui affirment cette grandeur ?
On le voit donc nettement ! Par peur d’appeler un chat un chat, et d’être, dans certaines circonstances, dont il faut reconnaître qu’elles peuvent être délicates, taxées de discrimination, voire de racisme, nos autorités en arrivent à s’emberlificoter dans un vocabulaire en définitive plus discriminatoire encore que celui qu’elles cherchent à éviter…