Les services sociaux norvégiens sont sous le coup d’une salve de poursuites judiciaires qui sont montées jusque devant la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) : le très redouté Barnevernet, doté de larges pouvoirs pour arracher les enfants à leur famille a dû répondre de huit cas litigieux au cours de ces 15 derniers mois à Strasbourg. La violation des droits parentaux en Norvège est en train de devenir un scandale mondial. Et il faut comprendre qu’il s’agit de la pointe de l’iceberg : si les placements d’office se comptent en nombreuses centaines par an, c’est au nom du droit de l’Etat norvégien, incarné dans le réseau de protection de l’enfance Barnevernet, d’évaluer la conformité de ses habitants au modèle parental fixé par les pouvoirs publics.
Les huit affaires portées devant les juges européens depuis décembre 2015 seront examinées mais restent pendantes. Toutefois, leur seul volume témoigne du réel problème que pose la violation des droits parentaux en Norvège, et sert d’indicateur de la colère face à un système qui engendre de plus en plus de plaintes.
Huit affaires de violation de droits parentaux en Norvège devant la CEDH
Une avocate des droits de l’homme qui a elle-même siégé à la CEDH pendant 17 ans, Gro Hillestad Thune, s’est exprimée à la télévision norvégienne pour se demander comment on allait arriver à reprendre le contrôle sur le système de protection de l’enfance. « Il y a de fortes indications qui permettent de dire que les exigences de l’article 8 n’ont pas été respectées », a-t-elle déclaré. L’article huit de la Convention européenne des droits de l’homme protège la vie privée et familiale. Elle s’exprimait à propos du placement d’office de l’enfant d’Aimée et Arne Løland : la mère avait été diagnostiquée comme souffrant de « problèmes mentaux mineurs ». Ce diagnostic a été contesté par deux médecins experts, mais la décision du Barnevernet a tout de même été exécutée. Celle-ci était également fondée sur le fait que le père, Arne, 69 ans, serait « trop vieux » pour faire un bon père.
Le simple fait que la CEDH ait accepté d’examiner autant de cas en provenance d’un seul pays dans un domaine où elle intervient assez peu constitue, selon l’avocate, une sérieuse mise en garde adressée à la Norvège.
L’an dernier, le Barnevernet avait essuyé une vague de critiques et des interpellations en provenance du monde entier après sa décision de séparer cinq enfants de leurs parents : les Bodnariu, un couple mixte roumain et norvégien, avaient le tort d’avoir une conception traditionnelle de l’éducation et d’être des chrétiens pentecôtistes . Ils avaient subi une véritable persécution qui s’est fort heureusement achevée, sous la pression internationale, le 20 janvier dernier, lorsque la famille a été réunie enfin.
La CEDH accepte d’examiner huit plaintes contre la Norvège
Mais pour une famille réunie, combien d’autres ont été démantelées… Anders Henriksen, chef de section du Directorat norvégien pour l’Enfance, la jeunesse et les affaires familiales, précisait l’an dernier dans la presse locale qu’au total, 1.664 enfants ont été placés dans des familles d’accueil en 2014. Parmi eux, 424 avaient une mère née à l’étranger, ce qui a conduit l’opinion à critiquer le « kidnapping d’Etat » auquel se livrait le Barnevernet sur la base de différences culturelles.
Il ne faut pas s’y méprendre : l’usurpation des droits parentaux est la grande bataille qui se livre actuellement, après l’avortement et le « mariage » gay. Une offensive aux multiples contours : cela va de la « socialisation » de l’enfance par le biais des systèmes de garde collectifs, pour ne pas dire collectivistes, à la définition et à la surveillance des programmes scolaires avec idéologie du champ obligatoire, et déjà dans certains pays comme la Norvège notamment, cela aboutit l’ingérence intolérable à l’intérieur des familles.