Une Italienne de quarante-et-un ans s’est vue refuser un avortement volontaire par vingt-trois hôpitaux différents en Italie : c’est l’histoire que le média russe RT relatait de façon très « politiquement correcte » dimanche dans ses colonnes. Une façon pour lui de participer à la polémique sur l’application de la loi autorisant l’« IVG » en Italie, effective depuis 1978, mais qui permet aussi aux médecins d’être objecteurs de conscience, et donc de refuser de pratiquer cette intervention au nom de leurs convictions catholiques. En Italie pas moins de 70 % des médecins s’en réclament. Ce fait divers est l’occasion, pour les médias pro-avortement, de relancer le débat sur l’uniformisation des politiques liées à l’avortement dans les pays de l’UE, et sur la reconnaissance de cet acte comme un droit fondamental sur le plan européen – et quelle « objection de conscience » peut tenir face à un « droit fondamental » ?
Les partisans de l’avortement qualifient de « lacune juridique » la possibilité qu’offre la loi aux médecins de refuser de pratiquer une IVG pour des raisons religieuses ou personnelles, et se mobilisent contre l’objection de conscience elle-même.
L’objection de conscience présentée comme une menace face au « droit à l’IVG »
Quelles sont les raisons invoquées par les hôpitaux du nord-ouest de l’Italie pour refuser une « IVG » à cette femme ? Pas de place pour pratiquer cet avortement dans le délai de douze semaines prévu par la loi, ou pas assez de médecins prêts à pratiquer ce genre d’intervention. En Italie, l’avortement est légal jusqu’à quatre-vingt-dix jours de grossesse, et même au-delà lorsqu’il y a un « risque » pour la mère, ou bien lorsque le fœtus est sérieusement handicapé. Depuis février dernier la pratique est un peu plus encadrée, puisque les femmes qui avortent au-delà du délai légal des quatre-vingt-dix jours sont désormais passibles d’une amende de 10.000 euros.
Refus d’avortement : des listes d’attente en Italie
C’est finalement en ayant recours à un syndicat italien, le CGIL, que la femme a obtenu gain de cause, parvenant à imposer l’opération à un hôpital qui le lui avait refusé auparavant. Le média RT lui donne la parole pour prôner la réforme politique de la loi de 1978 : « Je me demande, a-t-elle précisé, quel est le sens d’une loi qui donne aux femmes le droit de choisir, mais ne crée pas ensuite les conditions pour parvenir à la réalisation de ce choix. » Les amateurs reconnaissent les « droits concrets » des communistes. Le syndicat a quant à lui déploré, à travers cet exemple, « le problème récurrent de l’objection de conscience qui, en réalité empêche, dans de nombreuses structures publiques, le respect total de la loi. » Il ajoute, en s’appuyant sur un point récurrent de la rhétorique en faveur de l’avortement, que les très longues listes d’attente faisaient courir aux femmes le risque d’avoir recours à un avortement clandestin, « une honte sociale à laquelle la loi de 1978 cherchait à faire obstacle. »
L’objection de conscience, un droit menacé
Cette histoire met de l’eau au moulin de la propagande pro-avortement de l’Union européenne. Pour la deuxième fois en avril dernier, l’Italie faisait l’objet de remontrances de la part du Conseil de l’Europe, qui déclarait que le principe du droit à l’objection de conscience dans le pays violait le droit des femmes à protéger leur santé. Le ministre de la santé italien s’était justifié en disant que le Comité ne prenait pas en compte les données les plus récentes sur le sujet, et que les avortements étaient pratiqués dans 60 % des établissements de santé du pays. Le Conseil de l’Europe a précisé qu’il continuerait à contrôler la situation en Italie. L’objection de conscience, dernier bastion contre les politiques mortifères, est-il menacé d’abrogation ?