Lors du débat à cinq, Benoît Hamon a repris Marine Le Pen en disant : « La proportion d’étrangers est stable depuis les années trente en France ». Son intention était de donner à son adversaire une leçon à la fois scientifique et morale en rectifiant l’image exagérée qu’elle peignait de l’immigration pour faire peur. Ce faisant, c’est lui qui fausse le débat et cache le grand remplacement, en choisissant sciemment un indice de mesure fallacieux.
D’abord, comme l’a rappelé la démographe Michèle Tribalat, la proportion d’étrangers est passée de 6,6 % dans les années trente à 4,1 % en 1954 pour atteindre 6,8 % en 2015, elle a donc fait un bond spectaculaire en cinquante ans. Et puis surtout la proportion d’étrangers n’est pas le bon indice pour mesurer le remplacement de la population qui habite en France. Pourquoi ? Parce que la qualité d’étranger n’est pas une caractéristique stable. Tout est fait pour que les étrangers qui arrivent prennent la nationalité française, dans le dessein affiché de les assimiler à la population française : cela fait que des arrivées massives d’étrangers suivies de naturalisations massives ne se traduisent pas par une augmentation de la proportion d’étrangers.
La proportion des musulmans en France multipliée par dix
On sait que la population change par d’autres indices. L’un d’entre eux est subjectif, pour ainsi dire déclaratif : il existe une demande des « minorités visibles » d’être mieux représentées au cinéma ou à la télévision. Cela signale que ces « minorités visibles » ont le sentiment que leur communauté croît. Du temps de la France de Doisneau, le CRAN, le conseil représentatif des associations noires, n’aurait pas revendiqué d’apparaître sur les photos de rues.
Il y a aussi des indices objectifs du remplacement de la population. La proportion de musulmans en France avoisine aujourd’hui les 10 %, ou les 8 %, selon les estimations. Or elle n’était que de 1 % dans les années soixante, et inférieure encore dans les années trente. Il y a donc eu un grand apport extérieur, même si des conversions existent et que les femmes musulmanes ont une fécondité supérieure à la moyenne de la population.
La notion d’immigré est d’une grande aide également pour les démographes.
Hamon le sait : indice stable ne signifie pas population stable
Ainsi la relative stabilité d’un indice ne signale-t-elle pas forcément la stabilité de la population. On peut même penser que le choix de certains indices sert à masquer la variation de cette population. Car ce que je viens de rappeler, Benoît Hamon ne peut l’ignorer. Sous le masque vertueux du schtroumpf pédant se cache donc un falsificateur. Il n’est pas le seul. La classe politique, inspirée par la gauche, s’est évertuée durant des décennies à masquer la réalité de l’immigration. Elle continue aujourd’hui de le faire en interdisant les statistiques ethniques et religieuses fines, et en mettant en avant la notion de solde migratoire, qui comme son nom l’indique donne un solde, sans préciser les mouvements qui conduisent à ce solde : ainsi ne voit-on pas l’énorme afflux de populations allogènes pauvres et incultes venues du Sud, et l’exode presque aussi important de Français de souche formés, vers des pays plus amènes, ce que les Américains nomment white flight.
Le grand remplacement des Français de souche par des étrangers
Dans un domaine différent mais connexe, on relève que la proportion des Français sondés qui disent partager les idées du Front national est assez stable : leur part dans la population française s’élève aujourd’hui à 33 %. Or elle dépassait déjà 30 % au milieu des années 80 selon une étude de Jérôme Jaffré dans le Monde, le Monde qui constate une « stagnation ». Avec raison. Mais quels mouvements réels cette stagnation recouvre-t-elle ? L’aggravation de la situation liée à l’immigration a ouvert les yeux de nombreux Français de souche, on rencontre « autour de soi » beaucoup plus de gens qui, même s’ils n’aiment pas le style des Le Pen, partagent en gros les idées du Front national. Cela veut donc dire que la stagnation de la proportion des Français qui partagent les idées du Front traduit un double mouvement : une augmentation importante de la proportion des Français de souche convertis aux idées du FN et une diminution non moins importante de la proportion des Français de souche dans la population totale de la France.
Tous ces indices stables convergent donc pour mettre en lumière le grand remplacement en cours de la population de France. Il ne suffit pas d’avoir une tête de looser pour être intellectuellement honnête : Hamon est un apparatchik truqueur comme les autres.