Actions surcotées : les perspectives inquiétantes du système de retraites aux Etats-Unis

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Il ne faut pas s’y tromper : si les marchés américains ont affiché de bons résultats ces derniers temps, il ne s’agit pas d’une assurance pour l’avenir du système de retraite aux Etats-Unis. Une récente enquête de l’institut Pew Research, portant sur des résultats d’investissements de 230 régimes de pensions publiques, révèle que l’écart entre leurs actifs et les pensions à servir ne cesse de se creuser. Il s’est même aggravé de 17 %, le trou représentant désormais 1.400 milliards de dollars. Même dans un contexte d’actions surcotées.
 
A l’heure actuelle, les régimes pris en compte par l’étude possèdent quelque 2.500 milliards d’actifs, nettement moins que les 4.000 milliards qu’il leur faudrait pour pouvoir garantir le versement des pensions futures conformément aux promesses par lesquelles ils se sont engagés.
 
Sont en cause la volatilité des bourses et les faibles retours sur investissement : « C’est un rappel aux décideurs – on ne peut pas compter sur les retours sur investissement pour combler le trou des fonds de pension. »
 

De mauvaises perspectives pour les retraites publiques aux Etats-Unis

 
Seul le Dakota du Sud a financé la totalité de ses promesses. Le Wisconsin, New York, la Caroline du Nord et le Tennessee y sont presque, avec 97 % de financement. Mais en queue de peloton la Pennsylvanie, le Connecticut, Illinois, le Kentucky et pour finir le New Jersey ne couvrent leurs engagements qu’à hauteur de 55,8 % pour la première, et de 37,5 % pour le dernier. Et dans ces Etats, la situation ne fait que s’aggraver au fil des ans.
 
Le creusement de l’ écart date de 2001, date à laquelle les actifs étaient globalement au niveau des dettes à venir. C’est à la suite du 9 septembre 2001 que la croissance des actifs n’a pu maintenir le rythme de la progression des charges futures. En 2007, il manquait 300 milliards de dollars. Deux ans plus tard, on en était déjà à près de 800 milliards. Ce montant n’est pas loin d’avoir doublé depuis lors.
 
Les solutions ? Elles sont toutes désagréables. On peut faire porter le risque des variations aux bénéficiaires des plans de pension plutôt qu’aux Etats ou aux villes (et leurs contribuables). Une première urgence semble être la mise en place d’un calcul plus réaliste des retours sur investissement. La plupart des plans tablent sur 6,5 % par an – alors que ces deux dernières années, ils ont plafonné à 3,6 %. Mais cela ne réglera pas le problème qui existe déjà.
 

Les actions surcotées en bourse ? Plus dure sera la chute !

 
On peut aussi augmenter les cotisations patronales et salariales, comme l’a fait le Wisconsin sans toutefois faire disparaître le « trou ». Seuls 14 Etats ponctionnent aujourd’hui suffisamment le travail pour commencer à le refermer, selon l’enquête de Pew.
 
Mais ne faudrait-il pas carrément revoir à la baisse de manière encore plus drastique les prévisions de retour sur investissement, s’interroge The New American. Ce serait indispensable pour prendre en compte des déceptions futures par rapport aux marchés boursiers. On constate en effet un emballement depuis 2009 : en septembre, ajusté par rapport à l’inflation, le rendement des bourses a atteint en moyenne 13 % – nettement plus que la moyenne constatée depuis 1900 : 8,4 %. Il suffit que les actions retrouvent une croissance moyenne pour mettre la plupart des fonds de pension des Etats américains dans un grand embarras. Or ce ne serait qu’un retour à la normale du point de vue des marchés.
 
La tentation est aujourd’hui forte pour les administrateurs de fonds de pension d’augmenter leur exposition au moment où l’arrivée de Donald Trump a poussé les marchés à la hausse à un rythme très soutenu, dépassant les 10 % depuis novembre. La plupart des fonds possèdent entre 25 et 33 pour cent de leurs actifs sous forme d’actions : pourquoi ne pas aller de l’avant alors que les gains semblent faciles ?
 
Si l’on prend en compte l’indicateur Warren Buffett, on ne saurait choisir un pire moment pour s’engager dans cette voie. L’indicateur compare la capitalisation totale du marché pour toutes les sociétés cotées en bourse au PIB du pays. Quand l’indicateur est à 100, cela signifie que les actions sont à un prix raisonnable. Aujourd’hui, il se situe à 127,1. Depuis 1950, sa valeur n’a dépassé ce nombre que deux fois : une fois en 1999, juste avant l’éclatement de la bulle dot.com – il était alors à 153,6. Et à la fin 2015, il a flirté avec les 129,7. Il y a donc une forte surévaluation des actions.
 
Un autre indicateur, celui de Case-Shiller qui évalue le coefficient de capitalisation des bénéfices (CAPE), estime que l’index 500 de S&P est surévalué de 75 %.
 
Une seule chose est sûre, cela ne peut durer éternellement et les futurs retraités n’obtiendront pas ce qu’on leur a promis.
 

Anne Dolhein