Le Fonds monétaire international (FMI) a averti la Corée du Sud qu’elle s’enfoncera dans un marasme de faible croissance d’ici à cinq ans si elle ne prend pas immédiatement les mesures qui s’imposent en engageant des réformes structurelles. En cause : le « vieillissement rapide » du pays. Ou pour le dire autrement : la Corée du Sud récolte les fruits amers du refus de la vie. Elle affiche le taux de natalité le plus bas au monde, soit 0,78 enfant par femme en âge de procréer : il en faut 2,1 dans les pays développés pour assurer le remplacement des générations. En 1960, elle affichait 5,95 enfants par femme : cette génération arrive à l’âge de la retraite.
A l’heure qu’il est, les prévisions de croissance du FMI tournent autour de 2 % par an pour les 5 ans à venir. C’est médiocre, surtout en une période où les besoins de financement des retraites vont aller croissant : le FMI a averti que si le système actuel est maintenu, la dette du secteur public atteindra 200 % du PIB en 2075, soit dans 50 ans. Le régime national de retraite actuel devrait afficher un déficit à partir de 2041 et manquer de fonds en 2055. La pension de la fonction publique est déjà déficitaire.
La Corée du Sud affiche le pire taux de natalité des pays industrialisés
C’est donc vers la retraite que se tourne le FMI pour faire ses recommandations. Il a averti la Corée qu’il va falloir réformer son système de pensions de fond en comble, ce qui devrait passer selon lui par l’augmentation des taux de cotisation, le report de l’âge de la retraite, l’abaissement du taux de remplacement des revenus des retraites, la fusion de la retraite nationale avec d’autres retraites et l’augmentation du niveau des prestations de la retraite de base.
L’avenir s’affiche rude pour les Coréens âgés mais d’une certaine manière ils vont récolter ce qu’ils n’ont pas semé. Déjà, son taux de pauvreté des personnes âgées de 65 ans et plus était le plus élevé (40,4 %) parmi les pays membres de l’OCDE entre 2006 et 2020.
Le FMI veut voir des réformes structurelles en Corée du Sud
Outre la réforme des retraites, le FMI voudrait voir resserrer l’écart entre les sexes sur le marché de l’emploi pour augmenter la force de travail et pour « stimuler la productivité ». Mais quand un pays manque à ce point d’enfants, qu’espérer d’une telle réponse ? Elle peut stimuler la natalité grâce à l’amélioration de la situation économique mais à un certain point seulement, car il est difficile d’assurer un travail extérieur tout en élevant une famille nombreuse. D’autre part, dans un pays en déprime démographique, l’économie souffre nécessairement.
Le FMI le reconnaît d’ailleurs en soulignant que le marché du travail devient moins actif en raison de la baisse du taux de natalité. A côté de cela, il y a le cercle vicieux du vieillissement : la situation budgétaire se détériore en raison de l’augmentation des dépenses de retraite pour la population très âgée, ce qui réduit les ressources financières destinées à stimuler l’économie coréenne et les moyens dont disposent les familles pour élever des enfants.
En proie au vieillissement, la Corée va s’appauvrir
Mais dans le même temps, la Corée est en proie à une inflation qui ne fléchit pas ; sous la houlette du FMI, elle devra maintenir des taux d’intérêt élevés pour maîtriser l’inflation et donc éviter les politiques de croissance fondées sur l’injection de liquidités, souligne Sung Tae-yoon, professeur d’économie à l’université de Yonsei.
Face à cette situation, il faudrait donc jouer sur d’autres facteurs : l’allégement de la charge des retraites, l’allongement du temps de travail et l’augmentation de sa flexibilité… Personne ne semble avoir eu l’idée de faire venir des travailleurs migrants. Avec un peu plus de 51 millions d’habitants, elle a connu une immigration nette de moins de 30.000 âmes en 2022. A croire qu’on peut faire avaler beaucoup de choses aux Coréens du Sud, mais pas celle-là.