Vendredi, le premier ministre hongrois Viktor Orbán réagissait aux résolutions adoptées la semaine dernière par le Parlement européen en pointant du doigt une « communauté d’intérêts » au-dessus des partis dont le but est de faire venir en Europe des centaines de milliers d’immigrants chaque année. La veille, le ministre des Affaires étrangères polonais Witold Waszczkowski assurait à son homologue hongrois Péter Szijjártó que Varsovie mettrait son veto aux sanctions contre la Hongrie au titre de l’article 7 du Traité de l’UE.
Le Parlement européen a en effet adopté le mercredi 17 mai une résolution pour demander le lancement d’une procédure de sanction pour atteinte à l’état de droit et à la démocratie (393 voix pour, 221 contre et 64 abstentions). Les députés européens demandent, entre autres choses, « l’abrogation, par le gouvernement hongrois, des lois restreignant les règles pour les demandeurs d’asile et les organisations non gouvernementales ».
La Pologne solidaire de la Hongrie face au Parlement européen
La loi concernant les demandeurs d’asile, entrée en vigueur cette année, permet aux autorités hongroises de maintenir les demandeurs d’asile dans des camps fermés situés à la frontière, où ils sont logés dans des conteneurs habitables, pendant toute la durée de l’examen de leur demande. Elle permet ensuite de les expulser si leur demande est refusée. Les demandeurs d’asile peuvent quitter à tout moment le camp où ils sont logés, mais uniquement à destination de la Serbie. Toute personne ayant franchi illégalement la double clôture frontalière est quant à elle expulsable immédiatement et ne peut plus demander l’asile.
Non à la relocalisation des migrants
Cette loi hongroise ressemble beaucoup à la loi australienne qui a fait ses preuves dans le Pacifique, mais elle est critiquée par le HCR, Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés, qui a demandé aux pays européens de ne plus renvoyer les demandeurs d’asile vers la Hongrie en application du règlement de Dublin, et aussi par le Conseil de l’Europe.La Commission européenne a quant à elle engagé une procédure d’infraction contre la Hongrie concernant cette nouvelle législation.
Par ailleurs, au contraire des pratiques hongroises, le jeudi 18 mai le Parlement européen adoptait une autre résolution pour exiger l’accélération de la relocalisation des demandeurs d’asile dans toute l’UE (398 voix pour, 134 voix contre et 41 abstentions – les députés français de la gauche et du centre ainsi que tous les députés LR ont voté pour sauf Nadine Morano ; les députés FN et non inscrits ont voté contre).
La Pologne mettra son veto aux sanctions contre la Hongrie
Le même jour, le ministre de l’Intérieur polonais Mariusz Błaszczak affirmait que la relocalisation des immigrants arrivés illégalement en Europe ne pouvait qu’encourager toujours plus de migrants à tenter leur chance et qu’il fallait mettre en œuvre une politique similaire à celle de l’Australie, c’est-à-dire examiner toutes les demandes d’asile hors d’Europe.
Le lundi 22 mai, Jarosław Kaczyński, le chef du parti Droit et Justice (PiS) qui gouverne en Pologne depuis l’automne 2015, a encore souligné la responsabilité d’Angela Merkel dans la crise migratoire avec sa décision d’ouvrir l’Allemagne à l’afflux d’immigrants en situation irrégulière en 2015. Pour Kaczyński, c’est aujourd’hui à l’Allemagne de supporter seule les conséquences de décisions prises sans consulter ses partenaires européens.
Cette prise de position est sur la même ligne que celle exprimée samedi par le vice-président du Parlement européen, l’Allemand Alexander Graf Lambsdorff, qui a critiqué la politique allemande à faire venir un million d’immigrants sans consulter personne puis d’en appeler à la solidarité des partenaires européens.