Visite au Proche Orient : pourquoi les médias aiment Macron et pas Trump

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L’Américain et le Français, les deux nouveaux présidents osent une rupture de ton totale avec leurs prédécesseurs. Mais, malgré un sans faute de Trump en visite au Proche-Orient, les médias continuent à le vilipender. C’est qu’ils aiment Macron et ne l’aiment pas. Il y a des raisons à cela.
 
La visite de Donald Trump au Proche-Orient a été préparée au petit poil. A son premier arrêt à Riyad, la chaleureuse réception saoudienne a été ornée d’une promesse d’investissement aux Etats Unis de quarante milliards de dollars, dans un partenariat entre l’Arabie saoudite et le groupe Blackstone de Stephen Schwartzman, un fan de Trump. Le rapport sur l’implication des Saoudiens dans les attentats du 11 septembre est bien enterré. Les liens entre les wahhabites et le terrorisme sont coupés.
 

Une visite au Proche-Orient de Riyad à Jérusalem

 
De Riyad, Trump a inauguré le premier vol direct Arabie saoudite –Israël, bien que les deux Etats n’entretiennent pas de relations diplomatiques. A Jérusalem, Trump a été le premier président américain en exercice à se rendre au mur des lamentations, kippa sur la tête. Mais on a noté qu’il n’était pas accompagné d’un officiel israélien, ce qui laisse à penser que sa conviction n’est pas faite sur la question centrale : à qui appartient le mur, quel sera le statut de Jérusalem ? Jérusalem unifiée sera-t-elle la capitale de l’Etat juif ou Jérusalem Est sera-t-elle la capitale de l’Etat palestinien ?
 

Trump, l’ami d’Israël a les coudées franches au Proche-Orient

 
On se souvient que ses premières déclarations et la nomination du nouvel ambassadeur américain en Israël avaient été très favorables à l’Etat hébreu, et que Trump avait même exclu la création d’un Etat palestinien. Il a fait machine arrière sur ce point et veut « l’autodétermination pour les Palestiniens », ce qui a donné satisfaction au président palestinien Mahmoud Abbas. Mais il a gardé un ton extrêmement chaleureux avec Israël, célébrant les « liens indestructibles » qui l’attachent aux Etats-Unis. Tout se passe comme si les convictions et les amitiés personnelles profondes de Donald Trump lui donnaient une assez grande marge de manœuvre dans les futures négociations de paix : puisqu’il est l’ami des Israéliens, il peut tendre la main aux Palestiniens et aux Arabes.
 

Trump apôtre politiquement correct de la paix

 
On se souvient que les dernières négociations israélo-arabes sous la coupe des Etats Unis datent de 2014 et qu’elles ont piteusement échoué. Pourtant Trump a exprimé son bon espoir de réussir. Et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a abondé dans son sens : « Pour la première fois de ma vie je vois un réel espoir de changement ». Pour montrer sa bonne volonté, il a même décidé, « à la demande » de Trump d’assouplir les conditions de voyage des Palestiniens qui viennent travailler en Israël.
 
Comment s’y prend Trump ? En suscitant aux Arabes et aux Israéliens un ennemi commun, l’Iran, qu’il a vivement attaqué, lui demandant d’arrêter « le financement, l’entraînement et l’équipement meurtriers de terroristes et de milices ». Cela lui a permis d’étriller au passage Obama et l’accord qu’il a signé avec les Iraniens sur le nucléaire : « Au lieu de dire merci aux Etats-Unis, ils se sentent enhardis ».
 

Les médias aiment Macron, ils voudraient destituer Trump

 
On peut donc soutenir que Donald Trump fait, aux yeux des « observateurs internationaux », un sans faute comparable sur ce dossier à celui que réussit Emmanuel Macron en politique intérieure française depuis son élection. Mais la réaction n’est pas la même. Les médias n’ont pas arrêté, ces derniers temps, de le critiquer et de lui promettre l’avenir le plus noir, jusqu’à la procédure d’impeachment, la destitution prévue pour les présidents fautifs.
 
Après les attaques des premières semaines sur les femmes, les tweets, les décrets sur l’immigration retoqués, le climat, c’est le cheval de bataille russe qui a été enfourché le plus durablement. Il faut dire que, dans l’imaginaire américain, la guerre froide a laissé de lourdes séquelles et que la présomption de collusion avec Moscou transforme celui qu’elle touche en traître diabolique.
 

Les médias américains n’aiment pas les Russes

 
Après avoir accusé la Russie d’ingérence dans l’élection présidentielle américaine, les médias ont abondamment « relayé » d’hypothétiques fuites des renseignements américains sur les liens supposés entre Trump et Poutine, suivies par des variations récurrentes et variées sur le thème. La dernière en date fut voilà moins de dix jours d’avoir divulgué des informations secrètes à l’ambassadeur de Russie et au ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, informations issues d’échanges entre services alliés, dont d’autres alliés n’avaient même pas bénéficié. Cette accusation, lancée par le Washington Post, fut immédiatement suivie par une autre, venue du New York Times : Trump aurait demandé au FBI de classer une enquête sur son ancien conseiller Michael Flynn. Elle coïncidait merveilleusement avec le renvoi du directeur du FBI, depuis longtemps dans le viseur de Trump, James Comey. Ce qui faisait parler le NY Times « d’obstruction à la justice » et justifiait pour l’historien politologue de l’American University de Washington Allan Lichtman une procédure de destitution.
 

Trump politiquement correct en visite au Proche-Orient

 
Cet acharnement des médias étonne, alors que, depuis le bombardement d’une base syrienne en représailles de l’emploi allégué par l’armée syrienne de gaz sarin et son revirement antirusse, Trump fait ce qu’il faut pour satisfaire à la fois l’industrie d’armement américaine, les sionistes et la communauté mondialiste. Sa visite au Proche-Orient, elle, est de nature à satisfaire plus particulièrement les sionistes. Mais ses déclarations sur le terrorisme ont une tonalité beaucoup plus onusienne. Finies les déclarations fracassantes contre l’islam. Voici la nouvelle doctrine Trump : « La lutte contre le terrorisme n’est pas une bataille entre différentes religions ou différentes civilisations. C’est une bataille entre des criminels barbares qui essaient d’anéantir la vie humaine et des gens bien de toutes religions qui cherchent à la protéger. C’est une bataille entre le bien et le mal. » Obama n’aurait pas dit mieux.
 

Les médias de gauche pas d’accord avec les sionistes ?

 
Voilà qui est tout à fait politiquement correct. Trump devrait retrouver avec cela les faveurs de tous les médias, mais ce n’est pas le cas. On verra dans les prochains jours comment évolue le traitement médiatique de Trump, mais sa réception lors de sa visite au Proche-Orient laisse entrevoir une divergence entre la presse de gauche mondialiste qui continue le Trump Bashing et les sionistes qui se satisfont d’une politique qui les favorise. Une question se pose pourtant : pourquoi le NY Times, dont le propriétaire est sioniste, continue-t-il à attaquer Trump ? Va-t-il cesser désormais ? Ou va-t-il continuer pour le mettre sous pression et le pousser à aller plus loin avec Israël ?
 

Trump parfait anti-Macron ?

 
Ou bien les médias, plus subtils qu’on ne le croit, ont-ils parfaitement identifié leur ennemi, quoi qu’il fasse ? Cela signifierait que Donald Trump, malgré ses variations tactiques souvent irritantes, garde un cap antimondialiste. Dans cette hypothèse, Trump serait l’anti-Macron parfait, ce qui expliquerait la réaction des médias : de même que Macron fait mine de donner satisfaction au peuple pour adapter la France au mondialisme, de même Trump ferait-il la part du feu avec les groupes de pression et les élites influentes afin de promouvoir les intérêts de la nation américaine. Voilà une interprétation bien optimiste et bienveillante, mais il est évident que, si tel est bien son projet, il ne peut avancer que masqué. Et chercher en politique étrangère le plus possible d’alliés de poids pour contrebalancer ses ennemis intérieurs.
 

Pauline Mille
Trump Proche Orient Médias
Donald Trump et Benyamin Nétanyahou lundi 22 mai 2017