Roland Garros, un grand cru ? Il y eut certes quelques matchs superbes. Il y eut surtout un Rafael Nadal éblouissant. Pas seulement revenu à son niveau, après deux années délicates physiquement et, de ce fait, emplies de doutes. Mais un joueur se surpassant, pour intégrer à un jeu déjà très puissant, les coups qui manquaient encore au vainqueur de Roland Garros 2014. Ce qui lui a permis cet exploit unique dans l’histoire du tennis : soulever, pour la dixième fois, la célèbre coupe des Mousquetaires. Mais ce n’est pas seulement sur ce point que le tennis prouve qu’il est – toujours – un sport de seigneurs. C’est aussi quand il proclame : « Avantage Mademoiselle… » !
Je dois l’avouer, cet « Avantage Mademoiselle… » m’a mis quelque baume au cœur. Remplissant ma déclaration d’impôts, je venais en effet de m’agacer de n’avoir d’autre choix que d’appeler ma fille « Madame ». Tout cela, parce que des féministes sans plus de raison qu’un étourneau ont jugé que « Mademoiselle » se trouvait être discriminatoire.
Discriminatoire ? De quoi ? Je vous demande un peu. D’une prétendue honte d’être vierge ? Car, somme toute, c’est à cela que leur action ramène leur perspective – qui, à défaut, peut-être, d’être discriminatoire, ramène à se poser la question de la femme-objet. Contre-productif, vous dis-je !
Avantage à l’auto-discrimination
Car, à l’heure où ces mêmes féministes n’ont laissé du mariage que des lambeaux, il n’y a sans doute plus guère que cela. Alors que le mariage est le symbole le plus éclatant de cette parité que l’on recherche partout depuis qu’on l’a perdue en le détruisant.
Faut-il donc qu’on ne dise plus que « Madame » avec la suspicion qu’une femme ne peut plus valoir que dans la relation à un mari – ou un conjoint, voire un compagnon ?
Pas seulement contre-productif. Ridicule !
Vous voyez-vous, à moins qu’il ne s’agisse d’un titre nobiliaire, saluer d’un majestueux « Madame » une fillette à laquelle une administration sans âme le cédant à l’idéologie refuse le titre de « Mademoiselle » ?
Qu’en eussent pensé la Grande Mademoiselle et Mademoiselle Chanel qui, en des modes certes très différents, affirmaient, au contraire, par cette appellation, tout ce que leur réussite devait à leur seul mérite propre ?
La force de Mademoiselle
Alors ce « Mademoiselle – qu’on ne trouve plus guère que dans des appellations de mode ou de beauté – retentissant sur les courts de Roland Garros rend aux filles qui le portent une fierté personnelle dont d’aucuns prétendraient les priver. Et il suffit de les regarder, ces joueuses de talent, pour savoir qu’elles n’en souffrent pas d’une discrimination quelconque…
Evidemment, nul organe de presse français – pour autant que j’aie pu en juger – n’a rapporté ce salut des arbitres de Roland Garros. Un tabou dans la République française est chose bien plus grave que celui qui frappait autrefois les sorcières (ou prétendues telles). Je n’y ai trouvé rapides références que dans The American Spectator, qui souligne que c’est là un usage de la vieille école ; il est vrai que, compte-tenu de l’éducation dispensée aujourd’hui à nos filles, « Mademoiselle » n’est, trop souvent, qu’un souvenir…
Aussi est-il heureux que le tennis vienne nous rappeler que « Mademoiselle » peut être, aussi, un « avantage ».