La gauche américaine déboulonne les statues des confédérés que défend Trump, la gauche européenne vise les statues des coloniaux, et le maire de New York veut épurer une stèle de Pétain sur Broadway. C’est une vraie guerre mondiale de l’histoire qu’a provoquée la comédie de Charlottesville. Au nom de la morale bien sûr.
L’antiracisme ne se divise pas, pas plus que la haine réflexe cultivée par nos médias contre Donald Trump. La presse française a critiqué dans des termes quasi identiques (les journaux les plus réputés ont repris la dépêche de l’AFP sans presque la maquiller, avec chacun son petit coup de pied de l’âne en plus, un stagiaire m’aurait bousillé le travail comme ça je l’aurais collé à la machine à café pour trois mois) la constatation pourtant évidente du président américain : « Triste de voir l’histoire et la culture de notre grand pays mises en pièces par le retrait de nos magnifiques statues et monuments ».
Avec les statues des confédérés c’est l’Amérique qu’on déboulonne
Les Etats Unis sont objectivement un grand pays, et les 1.500 monuments consacrés aux confédérés qui en occupent l’espace public contribuent à en raconter l’histoire. Trump a raison : ceux qui déboulonnent les statues, magnifiques ou non, s’attaquent, sous couleur de combattre le racisme, à l’identité américaine.
Tout le monde comprend en effet que si l’on attrape le petit doigt le bras y passe : personne dans l’histoire de l’humanité n’est à l’abri d’une mise en jugement anachronique au nom de l’idéologie dominante du moment. En particulier aux Etats-Unis. Trump l’a relevé : « Georges Washington possédait des esclaves (…) Est-ce qu’on va enlever ses statues ? Et Thomas Jefferson ? Est-ce qu’on va enlever ces statues » ?
La réponse, si l’on descend jusqu’au souhait des radicaux promoteurs de la révolution mondiale, est oui. Barack Obama, disciple du trotskiste Alinski, manifestait l’intention au début de son premier mandat de modifier la constitution américaine à cause des injustices qu’y avaient censément placées ses pères fondateurs blancs. L’instrumentalisation des minorités passe aujourd’hui par l’histoire.
62 % des Américains d’accord avec Trump sur les statues
Qu’importe alors qu’une majorité d’Américains (62 % selon un sondage) préfèrent que les statues des confédérés restent en place : leurs élites révolutionnaires ont décidé le contraire. Au nom d’une morale d’autant plus intransigeante qu’elle est de pure pacotille. Nancy Pelosi, la patronne des Démocrates à la Chambre des représentants n’a pas lésiné sur le trémolo : « On ne peut célébrer l’intolérance violente des hommes de la Confédérations dans les couloirs vénérables du Capitole ». Et cette opinion est aussi professée par le républicain Tom Rooney.
Ce consensus moral est partagé par le maire démocrate de New York qui en étend les conséquences aux non Américains et à d’autres domaines que l’esclavage. Puisque l’ennemi est toujours, en dernier ressort, le nazi, cet éminent édile, proche d’Hillary Clinton, soutien du mouvement Occupy Wall Street, a décidé d’éradiquer le nazisme de New York en ôtant de Broadway une stèle à la mémoire du maréchal Pétain qui s’y trouve depuis le défilé donné en son honneur en 1931.
Derrière Pétain, le maire de New York vise toute l’histoire
Le motif vaut son pesant de cacahouètes. Di Biagio pourchasse les « symboles douloureux et évidents de haine, comme les statues et plaques commémorant les collaborateurs nazis ou les partisans de l’esclavage » parce que « les statues et plaques de ces criminels n’ont pas leur place dans l’espace public de New York ». Et de conclure : « La plaque de commémoration du collaborateur nazi Philippe Pétain sur la promenade du Canyon of Heroes sera l’une des premières que nous retirerons ». Pétain collaborateur nazi : même Arno Klarsfeld ne dirait pas cela.
Mais le maire de New York s’est engagé dans un combat plus vaste qui regarde l’histoire entière : « Nous sommes au début d’une opération que nous souhaitons organiser sur le long terme et qui consistera à étudier les structures publiques et les œuvres d’art controversées ». New York a engagé un « comité d’experts » pour exercer cette censure historique et déterminer les critères de ce qui peut demeurer pour la postérité. Staline aussi procédait à une révision permanente de l’histoire en supprimant des photos les personnages qui n’y avaient plus leur place à son avis.
La guerre mondiale de l’histoire est un devoir moral
Cette « damnatio memoriae », qui est vieille comme l’histoire et que pratiquaient déjà les pharaons de l’ancienne Egypte, a ceci de particulier qu’elle est aujourd’hui guidée par la morale inclusive antiraciste. Chacun sait que celui qui tient l’histoire tient la politique, et Fustel de Coulanges n’a pas attendu Orwell pour dire que l’enseignement de l’histoire est une guerre civile : la haine des statues est politique, morale, quasi religieuse, leur valeur patrimoniale ou artistique disparaît sous l’exigence morale, et c’est d’autant plus paradoxale que le TPI de la Haye vient de condamner lourdement un Touareg pour avoir détruit les mausolées de Tombouctou, alors qu’il avait accompli, à ses yeux, le même devoir moral qu’accomplissent aujourd’hui les radicaux fauteurs de guerre historique.
Minorités et intellectuels contre les nations
Ce qu’il y a de frappant et d’assez nouveau dans cette guerre est qu’elle s’étend au monde entier. C’est une guerre mondiale de l’histoire que les mondialistes ont lancée contre les nations. Un Wesley Clark, un Peter Sutherland ont depuis longtemps déclaré la guerre politique, voici maintenant le volet mémoire.
On retrouve les mêmes méthodes et les mêmes revendications de notre côté de l’Atlantique. Et là encore ce sont les minorités qui forment le fer de lance de la révolution, en l’espèce les immigrés et les associations gauchistes qui en favorisent l’installation.
Chirac et Macron font la guerre à l’histoire de France
En France, l’agitatrice Houria Bouteldja, qui multiplie depuis cinq ans les provocations contre ceux qu’elle nomme les « souchiens », a écrit sur Facebook : « Les Français sont très réactifs quand il s’agit de parler de racisme aux Etats-Unis. Ca condamne allégrement et questionne la présence de statues représentant des figures racistes dans le Sud américain. Mais qu’en est il de toutes ces rues, toutes ces statues à la gloire de personnages historiques racistes, coloniaux, et esclavagistes ? Déboulonnons Bugeaud, De Gaulle, Ferry, Napoléon et Gallieni ».
Comment s’étonner de ce type de revendication quand les présidents de la république donnent l’exemple de la collaboration avec le communautarisme révolutionnaire. Quand un Jacques Chirac, en 2005, retoque de sa propre autorité un amendement voté par les deux chambres et soutenu par sa majorité, visant à recommander à l’éducation nationale d’enseigner le côté positif de la présence française outre mer ? Ou quand un Macron accuse la France de crime contre l’humanité en Algérie ?
L’histoire belge des statues coloniales
La guerre mondiale de l’histoire touche tous les continents et tous les pays. La Statue de Cecil Rhodes a déjà été retirée de l’université du Cap, d’autres sont menacées en Grande Bretagne et la contestation monte en Belgique. De nombreuses statues célébrant de grands coloniaux belges sont régulièrement vandalisées dans des communes de forte immigration et les maires demandent au musée des colonies de Tervuren de les récupérer, ce qui n’est pas possible faute de place. Alors quoi ? Les mettre au rebut ? Ou les assortir d’une plaque de repentance, comme celle qui accompagne désormais la statue du roi Léopold II à Gand : « La ville regrette les nombreuses victimes de l’Etat indépendant du Congo ». Idesbald Goddeeris, professeur d’histoire coloniale à l’université catholique de Louvain juge que ces plaques « prêtent à confusion » et participent à la « propagande passéiste qui reste présente dans les rues ». Et la romancière d’origine rwandaise Dalilla Hermans déplore le « manque évident d’indignation dans la population » belge de souche, « ce qui n’est pas le cas dans la communauté africaine où il existe, via les réseaux sociaux, des actions Decolonize Belgium ».
L’instrumentalisation mondiale des communautarismes
En anglais dans le texte. L’instrumentalisation mondiale des communautarismes, avec le soutien de nombreux intellectuels en place, est ici patente. Et la cible est tout aussi facile à voir. C’est le Nord, l’Europe et l’Amérique, la civilisation chrétienne, les nations blanches, aussi, pour reprendre le vocabulaire du général De Gaulle. Les mêmes que le mondialisme a entrepris de détruire par l’ouverture des frontières et l’invasion.
Telle est la raison de l’actuelle frénésie antinazie qui ferait sourire des Martiens s’ils découvraient la Terre aujourd’hui. Car enfin, quel est aujourd’hui le principal danger ? Est-il dans l’islam conquérant ou dans le souvenir d’un Berlin révolu ? Et même si l’on s’en tient aux morts, si l’on est pris de la manie de déboulonner et de débaptiser, que trouve-t-on de plus aujourd’hui dans le monde : des squares Hitler ou des rues Lénine ? Mais l’ombre d’Hitler, et celle de l’esclavage (qu’on n’agite jamais devant le monde arabe, qui en use pourtant toujours), ont pour mission de faire honte au Nord de lui-même, pour qu’il ait peur de se défendre et se laisse remplacer sans faire de bruit.