Spratleys : des navires de guerre chinois repérés en mer de Chine du Sud tout près de l’île Thitu, contrôlée par les Philippines

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Selon l’Asian Maritime Transparency Initiative (AMTI), qui surveille la mer de Chine du Sud, la zone de l’île Thitu (ou Tagasa en tagalog, l’une des 14 îles coraliennes des Spratleys contrôlées par les Philippines) a été approchée par une flottille de bateaux de pêche accompagnés de navires de la garde côtière et de la marine de guerre de la République populaire de Chine. Le juge de la Cour suprême des Philippines Antonio Carpo demande que le gouvernement de Manille relève le défi de cette « invasion du territoire philippin par la Chine ».
 
C’est un député philippin, Gary Alejano, qui a publié le premier les photos satellites, obtenues auprès de sources militaires, où apparaissent ces bateaux chinois à proximité de l’île Thitu, deuxième plus grosse île de l’archipel des Spratleys. Celui-ci fait l’objet d’un conflit territorial entre la République populaire de Chine, la République de Chine (Taïwan), le Vietnam et les Philippines.
 
Selon l’AMTI, 9 bateaux de pêche chinois accompagnés d’au moins un bateau des garde-côtes et un navire de guerre chinois, avec peut-être d’autres bateaux cachés par les nuages sur les photos satellite, sont arrivés à partir du 12 août. Sur les photos, les bateaux de pêche étaient entre 1 et 5 milles nautiques de l’île philippine de Thitu et le navire militaire le plus proche était à 3,6 milles nautiques de l’île. Il convient toutefois de préciser que cela correspond, toujours selon l’AMTI, à des distances comprises entre 9 et 14,5 milles nautiques du récif de Subi qui est, lui, contrôlé par la République populaire de Chine.
 

Incursion régulière de navires chinois et construction d’îles artificielles pour étendre l’emprise de Pékin sur la mer de Chine du Sud

 
Outre les Spratleys, la Chine communiste revendique plusieurs autres archipels situés à l’intérieur de la « ligne des neuf traits » en mer de Chine du Sud, ce qui est une source de conflit avec Taïwan, le Vietnam, la Malaisie et les Philippines. Pour conforter ses revendications et renforcer sa présence dans ces archipels, Pékin construit des îles artificielles sur des bancs de sable submergés à marée haute, et ne donnant donc pas droit à un territoire maritime. En 2016, la cour permanente d’arbitrage de la Haye a estimé que la ligne des neuf traits chinoise n’avait pas de base légale ou historique, mais la Chine, qui avait refusé de participer à la procédure d’arbitrage lancée et gagnée par les Philippines, ne reconnaît pas ce jugement.
 

Le gouvernement des Philippines nie le caractère hostile de l’incursion de navires de guerre depuis la Chine près de l’île Thitu

 
Aujourd’hui, si un juge de la Cour suprême des Philippines, qui avait d’ailleurs contribué à la victoire de son pays devant le Tribunal de La Haye, appelle son pays à réagir, c’est parce que le président du pays, Rodrigo Duterte, a annoncé en octobre 2016 son intention de rompre l’alliance avec les Etats-Unis et de s’aligner sur la Chine et la Russie. C’était après qu’il avait traité publiquement Barack Obama de « fils de p… ». Depuis que Donald Trump est le nouveau président des Etats-Unis, la relation entre Manille et Washington semble toutefois s’être apaisée. Jeudi dernier, le ministre des Affaires étrangères des Philippines, Alan Peter Cayetano, a critiqué ceux qui dénoncent la présence de navires chinois en mer de Chine méridionale mais n’y dénoncent pas la présence de navires américains, mais il a ensuite expliqué que « les Etats-Unis sont nos alliés, la Chine n’est pas notre ennemie ». Le mois dernier, le même Cayetano expliquait que la politique chinoise de construction et d’extension de ses îles artificielles avait pris fin.
 
A l’inverse, le Pentagone considère que la Chine est en train de militariser ses îles artificielles en mer de Chine du Sud. Quoi qu’en dise Manille aujourd’hui, ce sont les Chinois qui ont aujourd’hui des revendications territoriales à proximité des Philippines, et non les Américains.
 

Olivier Bault