Amnistie des immigrés illégaux du programme DACA contre budget pour le mur frontalier :
Donald Trump risque gros !

Donald Trump DACA amnistie immigrés illégaux mur
Le président américain Donald Trump à la Maison Blanche,
le 13 septembre 2017

 

Nombre de partisans de Donald Trump affichaient jeudi, y compris sur les réseaux sociaux, leur sentiment d’avoir été trahis après l’annonce des discussions de mercredi sur le sort des immigrés illégaux du programme DACA entre le président et les dirigeants démocrates de la Chambre des Représentants et du Sénat. Nancy Pelosi et Chuck Schumer, car c’est d’eux dont il s’agit, sont des représentants particulièrement honnis par les conservateurs de ce « marécage » que Donald Trump promettait pendant sa campagne d’assécher. Ces discussions, et le début d’accord qui en est ressorti, sont très mal vécues par les conservateurs après l’accord passé il y a une semaine entre Trump, Pelosi et Schumer pour relever le plafond de la dette pour 3 mois seulement, tandis que les Républicains au Congrès comptaient sur l’ouragan Harvey pour obtenir un relèvement du plafond pour une durée plus longue. S’ils se disent prêts à soutenir la légalisation du séjour des immigrés illégaux du programme DACA, le président républicain de la Chambre des Représentants Paul Ryan et le président du Sénat Mitch McConnell n’ont pu cacher leur embarras jeudi, quand ils ont reconnu n’avoir eu connaissance que jeudi matin de l’accord passé entre « leur » président et les dirigeants de la minorité démocrate au Congrès. Pour Ryan, tout accord doit passer par la majorité républicaine et pour l’heure « il n’y a pas d’accord ».
Néanmoins, nombre de Républicains seraient prêts à soutenir une amnistie des immigrés illégaux, malgré les inévitables regroupements familiaux et l’encouragement à l’immigration illégale que cela impliquerait, mais à condition que cela s’accompagne de mesures pour renforcer les contrôles à la frontière et notamment pour construire le fameux mur promis par Trump.
 

Contre une amnistie des immigrés illégaux qu’il refuse d’appeler par son nom, Donald Trump promet le mur dont les Démocrates ne veulent pas

 
« Nous ne parlons pas de naturalisations », a déclaré Trump aux journalistes sur une piste d’aéroport en Floride, où il suivait les opérations de secours après le passage de l’ouragan Irma, « nous ne parlons pas d’amnistie. Nous parlons de permettre à des gens de rester ici ». Comprenne qui pourra la différence entre une amnistie et le fait de légaliser le séjour d’immigrés illégaux. Quand un journaliste lui a demandé s’il était en faveur d’une amnistie, Donald Trump a d’ailleurs répondu, entretenant la confusion : « DACA, il faut dire DACA. »
 
Quant au renforcement et à l’extension du mur frontalier promis à ses électeurs, Donald Trump assure qu’il ne reculera pas sur ce dossier-là. Jeudi matin, il écrivait sur son compte Twitter que ce mur qui est déjà en construction sous forme de remise en état des clôtures et des murs existants continuera d’être édifié. S’il a confirmé que le budget pour sa construction ne serait pas inclus dans le texte en faveur des immigrés illégaux, il a aussi voulu rassurer ses partisans en garantissant qu’il faudrait que ce budget soit rapidement voté sous une forme ou sous une autre, faute de quoi tout accord passé avec les Démocrates serait caduc.
 

Le recul de Donald Trump sur le programme DACA est vécu comme une trahison

 
Il n’aura cependant visiblement pas rassuré tout le monde à droite. C’est ainsi que Sean Hannity, le polémiste conservateur de Fox News qui avait été un des premiers soutiens de Donald Trump, a prévenu que si Trump trahit sa promesse électorale de ne pas amnistier les immigrés illégaux, « c’est terminé », et il a comparé la situationau célèbre « Read my lips : no new taxes » (Lisez sur mes lèvres : pas de nouveaux impôts) qui avait valu au président George Bush force moqueries quand il avait augmenté les impôts. Son concurrent républicain Pat Buchanan lui avait rappelé cette promesse non tenue lors des primaires républicaines de 1992.
Aujourd’hui, le même Buchanan affirme que la capitulation de Donald Trump sur la légalisation du séjour des immigrés du programme DACA est son moment « Read my lips ». Les moqueries ont déjà commencé à fuser de la part des plus féroces opposants à l’élection de Donald Trump.
 

Olivier Bault