Lidl supprime les croix des églises sur la publicité de ses produits. Aldi, Leclerc, Carrefour, Intermarché, Danone, Nestlé et le thé Lipton aussi. Le marché hallal à l’inverse s’affiche, et la mode danoise promeut un mannequin portant hijab : les voies par lesquelles le commerce fait sa soumission à l’islam sont diverses.
Notre confrère L’Obs l’avait signalé en mars, mais cela avait échappé à tout le monde : les grands magasins Lidl, pour vendre leurs produits grecs, ont choisi un emballage publicitaire où l’on peut voir une photo d’églises de Santorin, mais retouchée : les croix en ont disparu. Le porte-parole de l’entreprise a d’abord expliqué la chose uniment : « Nous évitons l’utilisation de symboles religieux car nous ne souhaitons exclure aucune croyance religieuse. (…) Nous sommes une entreprise qui respecte la diversité et c’est ce qui explique la conception de cet emballage. »
Le cardinal étrille Lidl, La Croix Leclerc, Danone, Nestlé, Carrefour
Mais en août la chose a agité la toile. L’archevêque de Prague, le cardinal Duka, a écrit une lettre ouverte à l’ambassadeur de Grèce pour s’émouvoir de ce procédé stalinien, et l’« évêque » protestante de Munich a ironisé sur le « respect » de Lidl : « Par respect je ne me rendrai plus dans ses magasins ». Devant le tollé et par peur du boycott, Lidl a donc présenté ses excuses « pour tout désagrément causé par le packaging », tout en s’engageant à « réviser le design de l’emballage dès que possible ».
Cela ne fera pas revenir les croix mais cela exprime l’embarras d’un géant du petit commerce pris en flagrant délit de christianophobie par intérêt. Notre confrère La Croix, qui a un peu creusé le sujet, s’est aperçu que Danone, Nestlé, Carrefour, Intermarché et Leclerc s’étaient rendus coupables de la même erreur. Les églises orthodoxes au toit bleu sur fond de mer ou de ciel offrent en effet un symbole assez facile de la Grèce à des publicitaires pas trop imaginatifs, et tous ont eu la même idée « laïque » de supprimer les croix, seul Auchan en conservant quelques croix, un peu au hasard semble-t-il.
Le thé Lipton aussi prêt à tout pour faire son commerce
L’orthodoxie est particulièrement dans le viseur des artistes de la retouche publicitaire : le thé Lipton, propriété du groupe Unilever, illustrait son Russian Earl Grey de clochers à bulbes : là aussi, les croix ont disparu. Du côté du CREDOC, le centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, on bricole vite une excuse technique : « L’industrie alimentaire est tellement mal aimée qu’elle est contrainte d’être le plus neutre possible. Elle cherche à ne pas afficher de symboles religieux pour ne pas faire fuir le client ». Mais Pascale Hébel, la directrice du pôle consommation, se contredit tranquillement deux phrases plus loin. En raison d’un marché à la croissance « très dynamique, plus forte que le bio », il se trouve que « tous les grands groupes ont une marque halal ». Et les signes extérieurs de reconnaissance de la religion musulmane n’en sont pas exclus, loin de là.
Aldi fait sa soumission à l’islam
A l’inverse, quand l’étiquette d’un produit non hallal dérange les fidèles de l’islam, le produit disparaît. La grande distribution marque sa soumission à l’islam jusque dans le moindre détail. Les magasins Aldi avaient proposé en 2015 un savon liquide baptisé « Ombia, Mille et une nuits » censé diffuser « un parfum oriental ». Sur l’étiquette on voyait les minarets d’une mosquée. De nombreux clients ont jugé qu’associer l’image d’un lieu de culte à un produit destiné à la salle de bain et aux toilettes était une insulte à l’islam. Menacé de boycott, Aldi a retiré Ombia de ses consoles.
Un autre fait, tout récent, montre l’attention qu’Aldi porte à l’islam et à ses préceptes. A Northampton en Grande Bretagne, une employée musulmane ne se sentait pas à l’aise à l’idée d’encaisser l’argent de la vente d’alcool. Telles sont les élégances morales des caissières musulmanes chez Aldi. Elle a donc aposté, avec l’accord de la direction, une petite pancarte où l’on peut lire : « Il n’est pas possible de payer l’alcool à cette caisse ». L’objection de conscience n’est pas reconnue par la laïcité aux mairies qui n’aiment pas le mariage gay, mais elle est reconnue aux caissières qui refusent l’argent de l’alcool par amour de l’islam.
La mode danoise donne dans le hijab
On reste dans l’image mais on quitte le commerce de bouche pour la mode. L’agence danoise Unique Models vient d’inclure dans son équipe de mannequins de mode une jeune beauté de vingt-et-un ans nommée Amina Adan, qui présente la triple particularité d’être musulmane, noire, et de porter le hijab dans les séances de photo. Selon la directrice administrative de l’agence, Jacqueline Mikkelsen, il ne faudrait pas croire que la tendance de la mode soit au hijab, non, c’est juste qu’Amina est belle et qu’elle a un « gros potentiel » dans la mode. Pourquoi ? Parce que « Il y a très très peu de mannequins qui posent avec un hijab, c’est encore un petit segment dans l’enfance », mais justement les « jeunes musulmanes doivent avoir un modèle ». Et Jacqueline Mikkelsen de rappeler : « Je travaille dans la mode depuis trente ans et je suis très heureuse chaque fois que nous embauchons une fille à la peau sombre ou une asiatique. Amina n’est que l’une de celles qui vont manifester notre diversité ».
En somme, certaines choses doivent être rendues visibles, d’autres effacées. Ainsi le veut la soumission à l’invasion, la soumission à l’islam, la soumission à la diversité.