La Commission européenne exige des géants de l’Internet une censure accélérée des « discours de haine »

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Commissaire à la Justice, aux consommateurs et à l’égalité des genres, la Tchèque Věra Jourová, dont le parti est affilié à l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (le groupement libéral-libertaire et fédéraliste ADLE), voudrait que les géants de l’Internet comme Facebook, Twitter, Microsoft et YouTube appliquent mieux et plus vite leur censure contre l’apologie du terrorisme et les « discours de haine ».
 
En mai 2016, ces compagnies avaient déjà accepté de lutter contre ce qu’on appelle en France le « racisme », mais la Commission européenne considère qu’elles n’en font pas assez : elle voudrait que les discours étiquetés comme tels par des « Trusted Flaggers », que l’on pourrait qualifier en français de « signaleurs de confiance », soient retirés en moins de 24 heures. La Commission souhaite aussi que ces sociétés fassent intervenir des logiciels pour bloquer automatiquement tout contenu étiqueté « discours de haine ». En exposant les mesures proposées, le commissaire Věra Jourová a accusé Facebook d’être une « autoroute de la haine », précisant qu’elle avait elle-même fermé son compte Facebook face aux attaques dont elle y faisait l’objet.
 

La Commission européenne veut faire accélérer la censure sur Internet

 
Les propositions de la Commission européenne suscitent néanmoins l’inquiétude, et pas seulement dans les milieux de droite qui sont, plus que d’autres, visés par la censure des géants de l’Internet dirigés par des personnes professant ouvertement une idéologie mondialiste et libérale-libertaire. Alors que l’Allemagne elle-même a adopté sous la dernière législature des lois très strictes en matière de lutte contre les discours de haine, même le média public allemand Deutsche Welle voit dans les propositions de la Commission une attaque contre la liberté d’expression sur Internet. En effet, si personne ne conteste la nécessité de combattre l’apologie du terrorisme, le « discours de haine » ne répond pas à des critères précis et la Commission voudrait laisser sa définition à l’appréciation arbitraire d’acteurs privés que l’on chargerait de faire respecter eux-mêmes la loi !
 

Parti-pris gauchiste et libéral-libertaire de la censure Facebook contre les « discours de haine » : le témoignage d’un employé

 
L’auteur de ces lignes a eu l’année dernière un entretien confidentiel avec un employé de la filiale varsovienne de la société Accenture à laquelle Facebook sous-traite le passage en revue des contenus signalés comme « discours de haine ». C’était après le scandale du blocage par Facebook de la page des organisateurs de l’édition 2016 de la Marche de l’Indépendance, une manifestation patriotique déclarée et légale qui se déroule chaque année dans la capitale polonaise. Accenture Varsovie a des équipes travaillant dans plusieurs langues, dont bien sûr le polonais mais aussi le français (et encore l’allemand, l’espagnol, l’arabe, etc.), et cet employé faisait partie d’une de ces équipes.
 
Si les critères de discours de haine sont a priori sains – ainsi « On peut dire ce qu’on veut de l’islam mais pas des musulmans en général » –, il y a des catégories qui bénéficient d’une protection plus serrée, selon cette source, qui évoque celle des « migrants » ou des LGBT. Les pressions viennent de l’environnement dans lequel les employés travaillent. Par exemple, tous les dirigeants sont « LGBT-compatibles » et affichent leur soutien aux revendications du lobby gay. Le président d’Accenture était, toujours d’après cet employé, dans tous ses états quand on a appris la victoire de Donald Trump. Des tracts pro-LGBT sont distribués dans les toilettes de l’entreprise, alors que la même chose en faveur d’un événement patriotique est impensable.
 

Le « discours de haine » devra être effacé dans les 24 heures

 
Lorsque des « marches noires » contre un projet de loi citoyen voulant interdire l’avortement ont été organisées à l’automne dernier en Pologne, des mails groupés ont été envoyés par les chefs d’équipe, autorisant les employés à ne pas venir au travail pour y participer. « Officiellement, toutes les opinions sont autorisées, même si on sait que nous, il faut qu’on ferme notre gueule », a précisé cet employé aux convictions chrétiennes, conservatrices et patriotiques. Pour illustrer son propos, il exhibe alors un des tracts distribués chez son employeur contre la Marche de l’Indépendance, invitant les employés de cet organisme de censure attitré de Facebook à venir participer à une manifestation « antifasciste » « contre le nationalisme », les manifestants patriotes étant présentés comme des milices racistes, sexistes et xénophobes.
 
Confier l’interprétation et l’exécution de la loi à de telles entreprises privées est donc très dangereux pour la liberté d’expression sur Internet, mais les critiques des propositions de la commissaire Jourová font encore remarquer que ses remarques personnelles à propos de Facebook permettent aussi de douter de son impartialité dans cette affaire. Et d’ailleurs, ce commissaire a soutenu le 12 septembre dernier l’adoption par le parlement européen d’une résolution qualifiant le manque d’accès libre à l’avortement de « violence faite aux femmes », alors que l’Union européenne n’est en principe pas compétente pour les questions d’avortement. Partant de là, va-t-elle demander aux géants de l’internet de considérer les critiques de l’avortement comme un « discours de haine » ? La censure de ces critiques voulue par le gouvernement français précédent au prétexte qu’il s’agirait d’une entrave « numérique » à l’avortement a été rejetée par notre Conseil constitutionnel. Va-t-elle revenir par la porte de Bruxelles ?
 

Olivier Bault