Productivité, niveau de vie, rétablissement de la santé de l’économie mondiale : tout cela est menacé par l’emprise croissante des mouvements anti-mondialistes, s’il faut en croire le Fonds monétaire international. Alors que justement, le FMI vient de publier des prévisions optimistes sur la croissance mondiale, dans le cadre d’un « environnement financier global favorable et du redressement des économies avancées » comme le dit son rapport annuel, il faut maintenir un certain degré d’inquiétude pour assurer la bonne marche vers le globalisme.
Avec une croissance mondiale annoncée de 3,6 % en 2017 et de 3,7 % en 2018, en légère hausse par rapport aux prévisions publiées en avril, le FMI souffle un vent d’optimisme qu’il étend aux marchés émergents, avec la Chine en force motrice – et ce malgré les énormes difficultés économiques et démographiques rencontrées par l’empire communiste.
Les économies émergentes devraient globalement croître de 4,6 % en 2017 et 4,9 % en 2018, tandis que les pays « riches » peuvent s’estimer heureux avec quelque 2 % – 3 % pour l’Espagne et le Canada, 1,6 % à peine pour la France et moins encore pour l’Italie. La zone euro, en particulier, bénéficie de prédictions en demi-teinte. Là, le FMI constate une productivité faible dans le cadre d’une démographie « adverse », le tout aggravé par le niveau de la dette publique.
Face à l’anti-mondialisme, le FMI préconise plus de globalisme
Curieusement, le FMI ne prévoit pas de problème lié à la remontée des taux d’intérêt vers des niveaux « normaux » au Royaume-Uni et aux Etats-Unis à l’heure où la Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale reviennent progressivement sur le quantitative easing, alors que l’on sait fort bien que la remontée du loyer du dollar va peser lourdement, notamment sur les économies émergentes qui se sont très fortement endettées depuis la dernière crise financière.
Mais si tout va tellement bien, pourquoi les forces de l’anti-mondialisation ont-elles le vent en poupe ? Le FMI accuse l’écart croissant entre les revenus les plus élevés et les moins élevés dans de nombreux pays, plaidant pour une croissance plus « inclusive », notamment aux Etats-Unis et dans la zone euro, afin d’assurer un consensus politique large autour des réformes « favorables au marché » face à la tentation protectionniste.
La menace sur la croissance incite le FMI à réclamer plus de socialisme et plus d’immigration
Et l’on retrouve la vieille tactique de la peur : le FMI estime que ce protectionnisme pourrait perturber les chaînes de l’offre mondiale, réduire la productivité et faire augmenter le prix des biens de consommation échangeables, faisant progresser le nombre de foyers à bas revenus. Comme si le libre-échangisme n’avait pas été la cause d’une réelle paupérisation dans de nombreux pays avancés.
Le FMI n’ignore pas les difficultés démographiques rencontrées par ceux-ci. Sa réponse est parfaitement conforme aux principes à la fois ultra-libéraux et socialistes qu’il faut cesser d’imaginer opposés les uns aux autres : il préconise des politiques qui aident les personnes en âge de travailler à occuper des emplois, par exemple à travers la prise en charge collective de la petite enfance et des personnes âgées. Une déshumanisation de la société, en somme, où le travail des femmes notamment est supposé régler des problèmes tandis que la socialisation des responsabilités familiales progresse.
Sans surprise, le Fonds monétaire international pense également que pour régler les problèmes mondiaux actuels, il faut une « immigration bien gérée » pour compenser le rétrécissement des populations actives.
On ne parle surtout pas des problèmes engendrés par ce type de choix.