Avec MBS, l’Arabie saoudite prépare l’aggiornamento de l’islam pour le soumettre à la république maçonnique universelle

Arabie Saoudite Aggiornamento Islam République Universelle maçonnique MBS
 
Le prince héritier Mohammed ben Salmane, MBS, comme on l’appelle, lance l’aggiornamento de l’Arabie saoudite dont il est le nouvel homme fort. Pour complaire à l’Occident et damer le pion à l’Iran, mais surtout pour transformer l’islam, afin de le soumettre à la République universelle maçonnique.
 
Ambitieux, MBS est conseillé par un cabinet de communication américain. A 32 ans, le fils préféré du roi Salmane (80 ans aux dattes) vient d’évincer l’ancien héritier présomptif, Mohamed Ben Nayef, et de concentrer dans ses mains la plupart des pouvoirs, au risque de mécontenter d’autres princes. Son objectif est de moderniser l’Arabie saoudite en préparant la transition économique (fin de la dépendance au pétrole et croissance du secteur privé) et sociale : les femmes, par exemple, ont désormais le droit de conduire. On parle d’évolution vers le « modèle » des Emirats. MBS paraît vouloir en finir avec les rigueurs rébarbatives du wahhabisme. En contraste avec l’Iran qui concurrence l’Arabie saoudite, il veut présenter à la communauté internationale le visage d’un bon islam, d’un islam moderne. Pour cela, il entend réformer la charia en agissant sur les textes qui la fondent. Par un décret signé de son père voilà plus d’un mois, mais très peu médiatisé en Occident, il vient de créer à cet effet un Centre des hadiths du « prophète ».
 

L’Arabie saoudite, fille aînée de l’islam, fait son aggiornamento

 
C’est une véritable révolution, quoi qu’elle soit discrète. L’Arabie saoudite est la fille aînée de l’islam. C’est la gardienne des principaux lieux saints de l’islam, de La Mecque, de la pierre noire, de l’orthodoxie wahhabite, c’est-à-dire du plus tatillon des fondamentalismes sunnite dont s’inspirent les terroristes de Daech et d’autres groupes. Or, la charia, la loi musulmane, et la tradition, s’appuient, en complément du coran, sur les hadiths, collection des actes et paroles de Mahomet recueillis plus de deux cents ans après sa mort. Ce que souhaite MBS avec son centre des hadiths du « prophète », c’est donc de changer les choses à la source en réévaluant le corpus des hadiths, en faisant le tri entre bons et mauvais hadiths, réputés tardifs ou apocryphes (« posés »), supposés inventés pour servir une ethnie, une confession ou un pouvoir politique. Le recueil saoudien officiel de Sahih El-Boukhari sera ainsi inventorié et réinterprété. Depuis une quarantaine d’années en effet, depuis la Sahwa (l’éveil), provoqué par la révolution iranienne, le consensus des théologiens tendait vers une interprétation littérale, « fondamentaliste » des textes de l’islam.
 

Avec MBS, l’islam modéré entre sur scène en fanfare

 
Le décret du roi Salmane se donne pour objectif de « contribuer à diffuser la pensée modérée, l’islam modéré ». Situé à Médine, la ville originaire de Mahomet, le centre des hadiths du « prophète » est dirigé par un descendant de Mohamed Ibn Abdelwahab, le fondateur du wahhabisme : c’est rechercher ouvertement l’autorité d’une certaine tradition pour s’en servir à faire évoluer celle-ci. MBS ne cesse de claironner depuis des mois le retour du « vrai islam » en Arabie saoudite. Non seulement il fait organiser des festivals et des concerts pour séduire la jeunesse, mais il donne mission aux urbanistes de concevoir des villes futures avec des « espaces mixtes », des « centres de loisir ». Cette révolution sociale, il entend la faire non pas contre l’islam, mais avec l’islam – tout simplement en changeant l’islam. C’est au nom de l’islam qu’il entend mener le combat contre l’extrémisme et le terrorisme. Une intention dont on perçoit l’importance capitale à la lumière de l’attentat commis en Egypte qui a tué 305 personnes dans une mosquée soufie. Les soufis ont une lecture ésotérique du coran, que les sunnites rigoristes, en particulier les salafistes jugent hérétique, les accusant de polythéisme et d’innovation.
 

MBS entend soumettre l’islam à la conscience universelle maçonnique

 
L’aggiornamento lancé par MBS est donc une révolution fondamentale : c’est sur les racines de la tradition de l’islam qu’il porte le fer, la soumettant à la critique historique des textes, et non plus au seul consensus des théologiens. Explicitement, le travail de tri et d’exégèse confié au centre des hadiths du « prophète » sera confié à un « conseil scientifique international ».
 
La chose ne peut que plaire à l’Occident maçonnique, qui se targue de rationalité et reproche à l’islamisme à la fois sa violence et son irrationalité « médiévale ». Face à l’islamisme, MBS incarne donc le mythe du bon islam si cher à la communauté internationale, aux partisans de l’immigration et aux prophètes de la république universelle. Il incarne l’islam, religion de paix et d’amour dont parle le patron d’En Marche, Christophe Castaner, l’islam qui est chargé, à sa place, d’amener les peuples qui lui sont soumis à la Gouvernance mondiale.
 

Sarkozy déjà entendait soumettre l’islam à la République

 
Nicolas Sarkozy, lorsque, ministre de l’intérieur, il inventait en France le Conseil français du culte musulman, publia un livre aux Editions du Cerf, la République, les religions, l’espérance, où il définissait le rôle qu’il prêtait aux « grandes » religions. La majuscule au mot république, les minuscules aux religions et à l’espérance, suffisaient à résumer sa pensée : pour lui, les religions sont utiles dans la mesure où elles se soumettent à la république universelle et à ses valeurs maçonniques, pour les transmettre aux fidèles et assurer ainsi l’ordre social. Rien de bien nouveau depuis Voltaire et Napoléon, sinon la « laïcité positive », id est une certaine visibilité concédée aux religions pour peu qu’elles se soumettent, de l’intérieur, aux valeurs de la république universelle.
 
Il est significatif que, devenu président, Sarkozy, après avoir caressé les catholiques dans le sens du poil lors de son intronisation comme chanoine du Latran le 20 décembre 2007, soit allé à Ryad, capitale de l’Arabie saoudite, faire une déclaration solennelle devant cent cinquante parlementaire tous nommés par l’ancien roi Abdalilah, où il appelait les « grandes religions » à « civiliser la globalisation ».
 

Modernité, valeurs universelles, tolérance, et république maçonnique

 
Comment cela ? Il appelait l’islam « imprégné des valeurs humaines universelles, l’amour, la paix, la justice, le respect de la vie » à « accorder ses croyances fondamentales avec la modernité », en relevant le « défi » qu’avait connu elle aussi « l’église catholique ». La France, poursuivait-il, « peut servir de vecteur à la modernisation de l’islam, au développement d’une approche plus scientifique et moins littérale du Coran comme cela a été le cas pour la Bible dans les années 1950, à la victoire des valeurs essentielles et universelles de cette religion sur des conceptions rétrogrades héritées du passé et de l’histoire. » La République française doit aider l’islam à faire son aggiornamento contre tous les intégrismes pour se conformer aux valeurs de la république universelle.
 
Aux paroles de Sarkozy firent écho celles du roi Abdallâh : « Les grandes religions divines se rassemblent autour d’un certain nombre de principes communs et partagent les grandes valeurs de tolérance ». Certains mots sont des marqueurs : le syncrétisme maçon que célébraient en leur temps Abdallâh et Sarkozy se trouve illustré aujourd’hui, à la manière jeune, par MBS.
 

Entre Arius et maçonnerie, Allah est grand et MSB est son prophète

 
A l’époque d’ailleurs, l’ancien grand maître du Grand Orient de France Alain Bauer suggérait une exégèse de ces discours « qui démontrerait à quel point Nicolas Sarkozy est entre Arius et le fondateur de la franc-maçonnerie Isaac Newton ». C’est bien d’exégèse qu’il s’agit : le mondialisme, désireux de régler la morale de la république universelle qu’il construit, prétend associer les religions à son effort en leur imposant à toutes l’interprétation maçonne : aujourd’hui ce sont les hadiths qui sont mis au pas, demain ce sera le coran, et la réalité de l’histoire et de la doctrine s’effacera devant le consensus des oulémas de la maçonnerie.
 
Alors apparaîtra pleinement le rôle dialectique assigné au terrorisme islamiste : tout en contribuant à soumettre l’Europe à l’invasion, il aura provoqué un rejet de tous les « intégrismes » par tous les hommes de bonne volonté, et hâté le processus menant à la reconnaissance du corpus commun des nouvelles croyances morales. Daech est le pourvoyeur de MBS, et c’est ainsi qu’Allah, considéré en tant que pilier du temple maçon, est grand !
 

Pauline Mille