La Chine aurait transféré des batteries de missiles et des troupes vers sa frontière avec la Corée du Nord et construit des camps, signe que Pékin anticipe une nouvelle et large vague de réfugiés et des troubles militaires liés à l’agressivité du dictateur communiste Kim Jong-un. C’est Radio Free Asia (RFA) qui a relevé des preuves selon lesquelles « La Chine a déployé en fin d’année une batterie de missiles de défense et une division blindée à Helong, à l’ouest de Longjing dans la préfecture coréenne autonome de Yanbian ». La « source nord-coréenne en Chine » de RFA lui a aussi indiqué que Pyongyang avait observé un mouvement de 300.000 militaires à proximité de la frontière nord-coréenne et « des batteries de missiles de défense près des barrages nord-coréens situés sur les rivières Apnok et Duman ». Ces batteries seraient censées empêcher une violente inondation de territoires chinois après rupture des barrages due à des frappes aériennes.
Des stations de surveillance de la radioactivité près de la Corée du Nord
Vendredi, le Quotidien du Peuple, organe officiel du régime chinois, a rapporté que Pékin envisageait de déployer de nombreuses stations de surveillance de la radioactivité, et tout spécialement à proximité de la Corée du Nord, afin de récolter plus rapidement des informations sur une éventuelle activité. Tout en soulignant prudemment que « cette détection ne visait pas un quelconque pays particulier », le journal notait que ces onze stations de détection « sont destinées à détecter des activités nucléaires dans les pays voisins, Corée du Nord incluse ».
Le Quotidien du Peuple affirme que ce réseau de surveillance « démontre l’engagement de la Chine en faveur de la non-prolifération ». Mais si l’on établit le parallèle avec les mouvements de troupes et de matériels à proximité de la Corée du Nord, ce développement confirme le souci que nourrit Pékin quant à un événement politique ou militaire de première importance en Corée du Nord, qui aurait un impact sur la Chine.
Le Global Times, autre organe « officiel » chinois, a rapporté la déclaration de Donald Trump, la semaine dernière dans son discours sur l’état de l’Union, au sujet « de la hausse des probabilités d’une action militaire américaine ». Le président américain a désigné la Corée du Nord comme le pire des régimes violant les droits de l’homme, soulignant la souffrance des réfugiés nord-coréens qui ont risqué leur vie pour fuir la tyrannie.
La Chine construit de gigantesques camps de réfugiés près de sa frontière avec la Corée du Nord
En décembre, le journal sud-coréen ChosunIlbo affirmait que la Chine ne se limitait pas à des préparatifs militaires mais construisait de gigantesques camps de réfugiés près de sa frontière avec la Corée du Nord, d’une capacité approchant les 500.000 personnes. L’un d’eux serait construit à Jilin, la ville même où les médias d’Etat ont publié un guide pour survivre à une guerre nucléaire qui serait déclenchée par la Corée du Nord. Le Jilin Daily demandait ainsi à la population, en évoquant des tensions dans la région, de « fermer ses portes et fenêtres dès l’alerte lancée, de prendre immédiatement une douche et de laver bouche et oreilles immédiatement après à des radiations ».
Des responsables communistes chinois ont clairement fait comprendre en décembre dernier qu’ils sont convaincus qu’ils ne pouvaient pas compter sur le régime de Kim Jong-un pour tenir la Chine à l’écart d’un conflit régional. « La Corée du Nord est une bombe à retardement », estimait le Professeur Shi Yinhong, « Nous ne pouvons que retarder son explosion, espérant qu’en la retardant nous parviendrons à désactiver le détonateur ».
Pékin a appliqué les sanctions contre Pyongyang votées à l’ONU et accélère ses préparatifs militaires
La Chine, premier partenaire de la Corée du Nord, tient seule à bout de bras l’économie du pays. Durant l’année passée, marquée par les fortes tensions entre le régime de Kim et Donald Trump, qui n’a pas exclu d’attaquer l’autocrate, la Chine a certes augmenté ses échanges commerciaux avec son voisin. Pékin n’en a pas moins appliqué des sanctions contre Pyongyang votées à l’ONU et imposé une limitation des contacts de ses entreprises travaillant à la frontière avec la Corée du Nord. Selon Radio Free Asia, le commerce frontalier est « gravement handicapé par des contrôles douaniers plus sévères et généralisés ».
Kim Jong-un a rejeté toutes les tentatives de la communauté internationale pour le convaincre d’abandonner son programme d’équipement en armes nucléaires. Il continue de tester des missiles et répète que leur destination finale est bien les Etats-Unis.
Le régime de Kim Jong-un attise les sentiments antichinois, rapporte Radio Free Asia
Du côté nord-coréen de la frontière, Radio Free Asia rapporte que le régime « attise les sentiments antichinois par des conférences et des sessions d’endoctrinement, alors que l’économie quasi-autarcique de ce régime autoritaire supporte les conséquences des lourdes sanctions économiques soutenues par son allié historique ». La Corée du Nord, qui s’opposait rarement à la Chine dans les forums internationaux, a rompu cette tradition en 2017, quand l’agence officielle nord-coréenne a accusé Pékin, sans nommer le pays, de “danser avec les Etats-Unis” en appliquant les sanctions votées par l’ONU.