Avoir plus d’enfants est la seule manière d’assurer notre survie en tant que société, a expliqué Katalin Novák, secrétaire d’Etat à la famille et à la jeunesse en Hongrie, dans un entretien au journal espagnol ABC. Ce discours inspirera-t-il une inflexion des politiques de l’autre côté des Pyrénées ? Il serait grand temps, car le taux de fécondité en Espagne continue de baisser et n’était plus que de 1,33 en 2016. Certes, le gouvernement hongrois ne peut pas non plus crier victoire avec un taux de 1,5 enfant par femme, mais à l’inverse de l’Espagne et de la plupart des pays européens, la tendance est à la hausse. Les Hongroises n’avaient plus que 1,23 enfant en moyenne avant l’arrivée du Fidesz au pouvoir en 2010 ! Depuis la fin 2015, la Pologne dirigée par le PiS prend exemple sur les politiques natalistes hongroises, ce qui s’est traduit par une inversion modeste de tendance, puisque le taux de fécondité des Polonaises est passé en peu de temps de 1,28 enfant par femme à 1,36 parallèlement à une hausse de la part des dépenses pour les politiques familiales de 1,8 % à 3,1 % du PIB. La Hongrie, elle, y consacre désormais 5 % de son PIB. Soutenir la famille, explique Katalin Novák dans le grand quotidien espagnol de centre-droit, c’est renforcer la nation.
Avoir plus d’enfants, la seule solution pour assurer la survie de la nation
« C’est la seule voie viable pour survivre en tant que société. Il n’y a pas d’alternative. Si nous continuons ainsi, si nous sommes toujours moins nombreux, nous allons voir tout simplement les nations disparaître », a-t-elle prévenu sans ambages ses interlocuteurs espagnols. Une déclaration qui fait écho au discours sur l’état de la nation prononcé dimanche dernier par le Premier ministre Viktor Orbán. Un Viktor Orbán qui prédit la chute prochaine des nations de l’ouest du continent sous l’effet du remplacement de population en cours. « Le christianisme est le dernier espoir », a notamment clamé l’homme d’État en dénonçant le danger que font courir à toute l’Europe les politiques menées à Bruxelles, Berlin et Paris.
La Hongrie ne conçoit pas l’immigration comme réponse à la baisse de la natalité
« Une communauté qui ne peut se maintenir biologiquement est vouée à la disparition. L’immigration n’est pas une réponse. C’est un piège, un leurre. Nous devons reconnaître les politiques familiales motivées par la démographie comme essentielles et légitimes », s’était déjà défendu Viktor Orbán dans un discours prononcé en 2013 à Londres devant le think-tank de politique étrangère Chatham House.
Même son de cloche à Varsovie, où Ryszard Terlecki, vice-président de la Diète et président du groupe parlementaire PiS, déclarait en novembre dernier à l’auteur de ces lignes, à propos de l’immigration comme solution face au manque d’enfants : « La situation démographique en Europe est dramatique, et les prévisions permettent de penser que dans 20 ou 30 ans il y aura plus d’habitants au Nigéria que dans toute l’Europe. C’est un grave problème que l’Europe doit arriver à gérer. Mais la solution n’est pas de secouer la tête et de dire : venez, et après nous verrons comment cela va se passer. »
La politique nataliste et le soutien à la famille selon Katalin Novák
Novák rappelle très justement à ABC que « les politiques pro-familles ne sont pas une dépense d’argent mais un investissement dans l’avenir ». Et d’ajouter : « C’est aussi une nécessité économique, par exemple pour le système de retraites. » Pour favoriser les naissances, explique encore le secrétaire d’État, il faut assurer aux gens un environnement qui leur permette de ne pas avoir à choisir entre la famille et le travail, mais d’allier les deux, et même encourager, par des politiques de soutien et d’aménagement appropriées, les gens à avoir des enfants y compris pendant leurs études universitaires s’ils le désirent.
« Et surtout, dit le secrétaire d’État, il est important de s’engager sur le long terme. » C’est sans doute là que le bât blesse dans la partie occidentale du continent, car pour des politiques de long terme, encore faut-il avoir de vrais hommes et femmes d’Etat à la tête d’un pays, et pas les représentants des lobbies et des loges qui ont une aversion prononcée pour l’Etat-nation comme communauté cohérente et souveraine.