Trump taxe l’importation d’acier et d’aluminium : Chine et UE s’indignent, Elon Musk et des Démocrates comprennent

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En signant le jeudi 8 mars les décrets présidentiels imposant des taxes à l’importation d’acier et d’aluminium, respectivement de 25 % et 10 %, le président américain Donald Trump a mis hors d’eux tous les tenants du globalisme débridé et de la concurrence de tous contre tous avec préférence pour la Chine communiste. Ces droits de douanes entreront en vigueur « dans quinze jours », a fait savoir la Maison Blanche, seuls le Canada et le Mexique étant exemptés pour l’instant. Les Etats-Unis restent ouverts à une négociation pays par pays, illustrant leur volonté nouvelle de restaurer leur souveraineté de négociation en s’extrayant d’accords généraux. La décision de Donald Trump a été saluée aux Etats-Unis, jusque chez les Démocrates en particulier dans les Etats sinistrés par la désindustrialisation, et est comprise par des entrepreneurs tels Elon Musk (Tesla)… n’en déplaise aux médias français, Le Monde en particulier.
 

L’UE et la Chine évoquent des rétorsions aux taxes sur l’importation d’acier et d’aluminium

 
Les deux grands partenaires des Etats-Unis que sont l’UE et la Chine, tenants fanatiques d’une globalisation commerciale échevelée, menacent déjà. L’UE évoque des taxes sur le matériel industriel, des biens agro-alimentaires tels le jus d’orange, le beurre de cacahuète ou le bourbon, les jeans ou le tabac. La Chine, grand prédateur de l’industrie lourde américaine et européenne, s’indigne. Dans le Global Times, organe anglophone du régime communiste, un des ministres chinois du Commerce affirmant que Pékin « prendra des mesures concrètes pour protéger fermement ses droits et intérêts légitimes, sur la base d’une évaluation des pertes engendrés par la décision américaine ».
 
Wang Hejun, chef d’un bureau de commerce chinois, le Mofcom, accuse les Etats-Unis « d’utiliser l’argument de la sécurité nationale comme un moyen d’imposer un protectionnisme commercial ». Un argument qui ne manque pas de sel quand on constate les moyens mis par la Chine pour étendre son influence politique grâce à des conquêtes commerciales permises par l’opacité de son économie : aides publiques, crédit souterrain, main d’œuvre sous-payée… Wang Hejun prétend que l’argument de la sécurité nationale n’est pas convaincant, car selon lui les importations américaines d’acier et d’aluminium ne concernent que « des produits de l’industrie civile ». Mais comment établir que des rouleaux d’acier ne puissent servir qu’à l’industrie civile ?
 

Donald Trump taxe l’acier et l’aluminium alors que le déficit commercial est de 800 milliards de dollars

 
La Chine, qui exige que les Etats-Unis se conforment « aux accords de commerces mondiaux » compte mobiliser tout ce que l’oligarchie compte de sectateurs de la concurrence prétendument « libre et non faussée » au sein de l’OMC. Wang Hejun relève que l’UE, le Brésil, la Corée du Sud et la Russie ont annoncé des mesures de rétorsion. Il prétend que la décision de Donald Trump ne handicapera pas seulement ses partenaires commerciaux mais les Etats-Unis eux-mêmes, pointant l’opposition de membres du Congrès, d’organisations industrielles et d’entreprises… sans nommer personne.
 
M. Wang se garde de donner ce chiffre, révélé par la journaliste Laura Ingraham sur Fox News : l’Amérique ne compte plus que deux des dix plus grandes aciéries au monde – elle en a compté jusqu’à dix ! – alors que la Chine en compte désormais six. Donald Trump a lancé : « Quand un pays taxe nos produits à 50 % et que nous taxons à 0 % le même produit qui entre dans notre pays, ce n’est ni équitable ni intelligent. (…) Nous allons bientôt imposer des taxes réciproques pour que nous puissions imposer la même chose qu’ils nous imposent. Avec un déficit commercial de 800 milliards de dollars, nous n’avons pas le choix. »
 
L’argument selon lequel Trump est contesté dans son propre pays est spécieux. La concurrence déloyale menée par la Chine est précisément à l’origine de l’élection de Donald Trump, et cela les hiérarques communistes et les eurocrates qui ont laissé agoniser la sidérurgie française le savent parfaitement. Les représentants et sénateurs démocrates des Etats industriel de l’Ohio, de Pennsylvanie, du Michigan, du Wisconsin, l’Oregon, approuvent les mesures de même que les syndicats de salariés et des industriels.
 

Elon Musk (Tesla) : une auto produite aux Etats-Unis est taxée à 25 % par la Chine contre 2,5 % dans l’autre sens

 
Parmi ces derniers le patron de Tesla, Elon Musk qui avait quitté le conseil économique de Donald Trump après la dénonciation de l’accord de Paris sur le climat. Aujourd’hui, le milliardaire reprend langue avec le Président, en pointant sur Twitter qu’une automobile produite aux Etats-Unis et importée en Chine subit une taxe à l’importation de 25 % quand une automobile chinoise ne subit qu’un droit de douane de 2,5 % à son entrée aux Etats-Unis. Elon Musk dénonce aussi le fait que les entreprises américaines ne peuvent pas posséder la majorité du capital de leurs sites de production chinois alors que de nombreuses entreprises chinoises possèdent des usines d’automobiles en pleine propriété aux Etats-Unis.
 
En France, le traitement médiatique de la décision de Donald Trump reflète le biais pavlovien de la médiacratie hexagonale. Le Monde explique vendredi que « le président opère un net virage protectionniste », taisant les pratiques protectionnistes de la Chine communiste. Le « quotidien de déférence » assène que « le camp républicain » est « toujours opposé à la mesure » de surtaxation de l’acier et de l’aluminium importés, citant le conseiller économique démissionnaire globaliste Gary Cohn et le président de la Chambre Paul Ryan, opposant de longue date au président. En fait de « camp républicain », il s’agit de l’aile libérale du parti. Pas un mot dans Le Monde sur les voix soutenant la décision de Trump dans le camp démocrate. Ni sur les opportunes remarques d’Elon Musk.
 

Matthieu Lenoir