Les députés Guillaume Chiche et Gilles Lurton, de La République en Marche, ont jeté un nouveau pavé dans la mare : ils ont recommandé dans un rapport sur les allocations familiales la suppression définitive du quotient familial qui allège l’impôt sur le revenu des familles des classes moyennes. Et entraînerait, il ne faut pas l’oublier, d’autres allégements, bourses et aides liés au revenu fiscal de référence. La proposition LREM n’est pas seulement contraire aux annonces – on n’ose pas parler d’engagements – de campagne d’Emmanuel Macron ; elle marque une nouvelle étape dans la marche vers le socialisme alimentée par une infernale haine de l’homme.
Pour l’heure, tant l’entourage d’Edouard Philippe que celui du ministre des solidarités, Agnès Buzyn ont assuré que rien n’est écrit : « Il n’est pas question de remettre en cause le quotient familial », selon le premier. « A ce stade, il n’y a aucun projet de supprimer le quotient familial », avait de manière moins directe déclaré le premier. Ce ne sont pas des garanties, loin s’en faut. Car de toute façon, le rapport n’a pas encore été traduit en texte de loi aujourd’hui – mais rien empêche qu’il le soit demain ou dans quelques mois.
La suppression du quotient familial sera-t-elle parachevée par Macron ?
L’idée de remplacer les avantages du quotient familial par le versement d’allocations à toutes les familles dès le premier enfant accompagne la proposition Chiche-Lurton, sans offrir plus d’assurance quant à la prise en compte de la charge réelle que représente le soin, l’éducation, la formation des enfants. Car cette nouvelle allocation serait « modulée » selon les revenus, ou bien fiscalisée, de telle sorte que les familles un tant soit peu aisées – cela commence vite compte tenu des seuils retenus par les services de l’Etat – seraient encore davantage matraquées par l’impôt.
Les promesses du rapport de voir l’effort pour les familles globalement maintenu par la confusion des 12 milliards actuellement versés sous forme d’allocations et des 12 milliards d’« allégements » d’impôts pour les foyers concernés ne sont guère crédibles. Le MoDem, pourtant allié des « marcheurs », flaire la mauvaise affaire électorale et pointe « une augmentation nette d’impôt de l’ordre de 2 milliards d’euros pour les familles ».
Un appauvrissement d’autant, qu’il faut bien appeler une paupérisation des familles des classes moyennes, tandis que les familles plus modestes avec de nombreux enfants – est-il permis de dire qu’elles sont souvent issues de l’immigration extra-européenne ? – se verraient redistribuer une belle part de l’avantage.
Socialisme et haine de l’homme font matraquer les classes moyennes
Mais plus gravement, il s’agirait d’une nouvelle mainmise sur l’argent privé, redistribué selon des critères sociaux, envers et contre la liberté économique des familles. Il y a une différence entre percevoir une allocation versée par les pouvoirs publics et payer l’impôt selon ses revenus et charges réelles. A cette aune, le mode de calcul consenti aux familles ayant charge d’enfants, un ou plusieurs, ne constitue pas du tout un « cadeau fiscal » mais une mesure de simple justice qui tient compte du réel revenu disponible à situation égale. Et encore très mal, puisque le bénéfice du quotient familial, modeste, a déjà été fortement entamé sous Sarkozy et Hollande.
On dira que la proposition correspond au libéralisme libertaire moderne, individualiste à outrance. Certainement, elle cherche l’alignement sur d’autres pays européens comme l’Italie, ou l’absence de quotient familial pèse très lourdement sur les familles avec enfants, de telle sorte que, combinée avec la quasi inexistence d’autres aides aux familles la natalité y atteint des abîmes avec un taux de fécondité de 1,37 enfants par femme en 2015. Chaque génération ne remplaçant que les deux tiers de la précédente…
Cela constitue bien un symptôme de la haine de l’homme en même temps que ce type de politique s’accompagne de plus en plus d’une négation du foyer fiscal lui-même, imposant chaque individu à titre particulier, comme cela se fait de plus en plus dans les pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, où l’on cherche aussi à en finir définitivement avec les pensions de réversion pour les veuves ou les. Mesures antifamiliales par excellence !
On peut parler d’individualisme si on veut, mais chaque individu s’en trouve en réalité plus mal.
La suppression du quotient familial au bénéfice de la redistribution par le socialisme
Car au fond, ce n’est pas de libéralisme qu’il s’agit, mais bien plutôt de socialisme à outrance, qui considère l’Etat comme premier gestionnaire des richesses familiales et bailleur de fonds chargé de la redistribution égalitaire : tremplin pour l’injustice, le ressentiment en même temps que puissant facteur de découragement pour les familles nombreuses existantes ou potentielles.
Le socialisme, plus encore que le libéralisme qui lui ressemble et le prépare, hait plus que tout ce contre-pouvoir que sont les familles, contre-pouvoir qui a besoin d’un minimum d’indépendance économique, et il aboutit comme lui au nivellement par le bas auquel n’échappent que les plus riches.
Les « marcheurs » de Macron s’en sont déjà pris à l’enseignement hors contrat ; ils ne lâcheront pas les autres bastions de liberté – bien affaiblis – qui nous restent.