L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a annoncé le 2 avril avoir terminé son évaluation de mi-mandat pour les émissions de gaz à effet de serre et la consommation de carburant des voitures particulières et véhicules utilitaires légers qui seront produits en 2022-2025. Les normes actuellement en vigueur aux Etats-Unis datent de la présidence d’Obama et une nouvelle évaluation était prévue pour le 1er avril 2018 au plus tard afin de décider si ces normes devaient être laissées inchangées ou bien revues à la baisse ou à la hausse. En termes de consommation par exemple, les normes en vigueur, particulièrement sévères, imposaient aux constructeurs d’arriver pour ce type de véhicules à une consommation moyenne inférieure ou égale à 50 kilomètres par gallon, soit moins de 4,7 litres aux 100 km.
L’EPA prône une unification des normes à des niveaux plus réalistes pour la consommation et les émissions des voitures vendues aux États-Unis
Pour le chef de l’EPA, Scott Pruitt, en fonction depuis février 2017, les normes de l’ère Obama avaient été fixées selon des critères politiques qui ne tenaient pas suffisamment compte de la réalité. Outre le fait que l’EPA prône donc un assouplissement des normes environnementales pour les voitures particulières et les véhicules utilitaires légers, une remise en cause de l’exception californienne est aussi envisagée. Sous le régime actuel, la Californie a en effet été autorisée à imposer des normes plus strictes pour les véhicules vendus sur son sol. Les normes californiennes sont suivies par 12 autres Etats et s’appliquent donc en fait à un tiers du marché automobile américain.
La directrice de l’Agence pour la qualité de l’air californienne (CARB) déplore les orientations proposées par l’EPA, affirmant qu’un relâchement des normes allait « démolir » le mouvement national de transition vers des voitures plus propres et donc avoir un impact sur la santé des gens du fait de la pollution de l’air. Mary Nichols a aussi estimé que c’était un retour en arrière pour l’industrie automobile américaine.
Des règles trop sévères et mal pensées peuvent aussi nuire à la protection de l’environnement
Inversement, plusieurs représentants de l’industrie automobile et métallurgique ont approuvé l’annonce faite par le chef de l’EPA. Pour ces personnes, les normes en vigueur ont en effet été adoptées sans véritable débat avec l’industrie et les consommateurs et elles ont le tort de ne s’intéresser qu’aux émissions de gaz d’échappement sans tenir compte des autres conséquences de ces normes qui peuvent avoir un effet négatif y compris sur l’environnement. Pour les industriels, il faut s’intéresser à l’impact sur l’environnement de tout le cycle de vie d’un véhicule et pas uniquement de ses émissions sur la route. Les industriels sont aussi bien entendus hostiles au système de normes différenciées selon les Etats qui leur complique grandement la tâche.
Il semblerait donc, ainsi que se réjouit Warren Mass dans le New American, que l’administration du président Donald Trump soit sérieuse quand elle dit vouloir alléger le fardeau réglementaire qui bride l’économie américaine depuis des décennies.
Moins de CO2 pourtant !
Notons au passage une information relevée par le quotidien allemand Die Welt le mois dernier : le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié le 22 mars place les États-Unis en tête des pays ayant le plus réduit leurs émissions de CO2 l’année dernière, c’est-à-dire au cours de la première année de la présidence Trump ! En dépit des critiques suscitées par l’annonce du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, la baisse de 0,5 % des émissions américaines en 2017 était la troisième baisse annuelle consécutive, et ce dans un contexte de forte croissance économique.