Ils sont des milliers, les propriétaires de pubs au Royaume-Uni qui ont dû sortir leurs outils pour exciser les drapeaux saoudiens qui ornaient les guirlandes décorées aux couleurs des 32 pays participant à la coupe du monde de football à Moscou, pour se conformer à une injonction de musulmans britanniques. C’est que le drapeau de l’Arabie saoudite comporte une calligraphie en lettres arabes : la shahada qui est la profession de foi islamique selon laquelle « il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah, et Mahomet est son prophète ». Voilà qui ne va pas du tout pour décorer le symbole même de la convivialité, de la générosité, de l’amitié façon chrétienne. Au pub – horresco referens diraient les Arabes s’ils savaient le latin – on se tape dans le dos en avalant une pinte, la bière coule à flots et parfois d’autres alcools… Incompatibles avec l’islam.
Les guirlandes de drapeaux multicolores de diverses tailles ont été fournies par l’une des plus grosses brasseries du pays : Greene King. Propriétaire de plus de 3.000 pubs au Royaume-Uni, elle fabrique ses célèbres « ales » depuis 1700 à Bury St Edmunds dans le Suffolk.
Le drapeau de l’Arabie saoudite censuré dans les pubs britanniques
« Les commentaires de certains clients qui nous remontent de Londres à propos de l’affichage du drapeau d’Arabie saoudite dans un pub nous ont fait comprendre que cela n’était pas approprié dans la mesure où il contient la shahada islamique, chargée de sens religieux, alors nous l’avons enlevé », a fait savoir un porte-parole du brasseur.
On signale que les drapeaux de six autres nations islamiques qui participent à la coupe du monde – l’Iran, l’Égypte, le Sénégal, le Maroc, le Nigéria et la Tunisie – ont été conservés sur des guirlandes dans la mesure où ils ne comportent pas de texte « sacré ».
Il va de soi que les drapeaux des nations chrétiennes – celui de l’Angleterre avec sa croix de saint Georges, la croix de Norvège ou encore l’écusson qui orne le drapeau du Portugal avec sa croix et les cinq plaies du Christ – ne posent pas le moindre problème, et c’est tant mieux.
La coupe du monde de football 2018 nous rappelle l’incompatibilité de l’islam et de l’alcool
Les pubs se sont donc aplatis, se soumettant aux exigences d’un public qu’ils ne peuvent même pas espérer un jour accueillir parmi leur clientèle – car nous n’oserions même pas imaginer que des musulmans vivant dans la verte Angleterre puissent jamais franchir le seuil de ces lieux de perdition.
Mais on pourrait dire aussi que pour une fois, la dhimmitude a presque du bon, puisqu’en l’occurrence, ce ne sont pas les symboles chrétiens que l’on ôte, mais le drapeau militant d’une religion qui ne l’est pas moins. Est-il politiquement incorrect de faire remarquer que sur le pavillon saoudien, la shahada est soulignée d’un sabre ?
Chesterton se serait, à n’en pas douter, délecté de cette information, lui le pilier des bons pubs chrétiens qui haïssait les courbes vicieuses des épées orientales. Et qui a consacré un roman d’anticipation, L’auberge volante, à un avenir de cauchemar d’où l’Angleterre, ployé sous le joug islamique aurait banni les bonnes bières de ses aïeux. En 2018, c’est le drapeau vert qui a été chassé, volens nolens. Pourvu que ça dure !