Recettes totales 2.540 milliards de dollars, dépenses totales 3.150 milliards de dollars : l’état des comptes fédéraux des Etats-Unis s’est dégradé au cours des neuf premiers mois de l’année fiscale américaine qui a débuté en octobre 2017. Le déficit fédéral sur la période atteint 607 milliards de dollars, soit 16 % de plus que la dette creusée d’octobre 2016 à juin 2017. Est-ce une mauvaise nouvelle, le signe d’une gabegie croissante de la part de l’Etat sous la conduite de Donald Trump ? Voire. Il y a plusieurs facteurs à prendre en considération. Si l’on se borne au premier six mois de 2018, c’est-à-dire la période couverte par la réforme fiscale mise en place par le président des Etats-Unis, les recettes ont en effet augmenté. La question est la suivante : sommes-nous en présence d’un cercle vertueux ou non ?
La réforme fiscale est entrée en vigueur le 1er janvier 2018, avec son cortège d’allégements et de réductions, avec des effets ressentis par l’administration dès le mois de février. Du 1er janvier au 30 juin, les recettes provenant de la taxation des revenus des particuliers ont bondi de 76 milliards par rapport à l’année précédente, ce qui représente une augmentation de 9 %. Si l’on tient compte des revenus de l’impôt sur les sociétés sur la même période, en repli, on arrive à une progression totale brute de la dette de 31 milliards de dollars, une broutille en comparaison avec les revenus totaux du fisc américain.
Le déficit fédéral des Etats-Unis toujours à la hausse
Pour certains, c’est le signe que la réforme fiscale de Donald Trump a commencé à s’autofinancer. Mais pour d’autres, la situation s’aggrave. Ainsi, ayant fait mouliner ses modèles informatiques, le Bureau du budget du congrès (CBO) a projeté en avril une hausse du déficit de plus en plus élevée, qui pourrait atteindre les 1000 milliards de dollars annuels d’ici à 2020, s’ajoutant à un cumul déjà impressionnant. Les Démocrates, qui ne manquent décidément pas d’air, multiplient les avertissements sur l’explosion imminente du budget fédéral.
Pour répondre ne serait-ce que partiellement, The New American affirme qu’il faut prendre en compte la théorie de l’économie de l’offre, qui affirme en substance que des taux d’imposition et de taxation inférieure permettent d’engendrer des revenus fiscaux plus importants. Les allures réelles de cette courbe de Laffer restent à déterminer, et notamment à quel point il faut baisser les impôts ; on ne sait pas non plus à l’avance quels seront les résultats d’une telle opération. Mais comme le note le site conservateur et anti-collectiviste, le but du dopage de l’économie serait-il de payer les dettes de l’Etat ?
Et de livrer un petit rappel historique. Depuis 1950, les recettes brutes du gouvernement fédéral ont représenté en moyenne un peu moins de 17 % du PIB des Etats-Unis. En d’autres termes, c’est autant de la richesse nationale qui est siphonnée pour couvrir les dépenses de fonctionnement et d’investissement des autorités fédérales. Le pourcentage le plus élevé depuis 1950 aura été de 20 % ; il a chuté à son niveau le plus bas, soit 14 %, au cours de la grande récession de 2009.
La réforme fiscale de Donald Trump promet… de nouvelles rentrées
« Si l’économie croît de 3 % par an (le modèle du CBO table sur 1,9 % de croissance annuelle au cours des années à venir) il se produit des choses intéressantes : l’économie atteindra les 28.000 milliards de dollars en 2028, engendrant quelques 4.800 milliards de recettes brutes. En comparaison avec les 3.100 milliards de dépenses fédérales annuelles actuelles, cela permet d’envisager qu’il y ait un peu de lumière au bout du tunnel du déficit », note Bob Adelmann du New American.
Le Bureau du budget fédéral serait-il donc trop pessimiste dans ses prévisions ? De fait, il n’a pas pris en compte les répercussions des fonds rapatriés, sachant que 350 milliards de dollars sur les 2.900 milliards de profits réalisés par des sociétés américaines à l’étranger ont déjà été rapatriés au cours du premier trimestre de 2018. Autre signe d’espoir : les actuelles « guerres commerciales » pourraient bien aboutir à des « accords commerciaux » avec à la clef une réduction ou une disparition des droits de douane imposée actuellement aux produits américains dans de nombreux pays du monde. Alors que l’économie américaine sous Trump est déjà au beau fixe, c’est l’espoir de nouvelles commandes et de nouvelles progressions.
Le déficit fédéral des Etats-Unis maîtrisé un jour grâce à la croissance ?
Mais cela ne suffit pas. Le quotidien financier Investor’s Business Daily fait partie des plus optimistes faces aux décisions fiscales de Trump mais rappelle qu’il ne sert à rien d’augmenter les recettes si les dépenses augmentent encore plus vite. « Et c’est malheureusement le cas. Le Congrès, dominé par les Républicains, s’est lancé dans une folle ronde de dépenses. (…) Les revenus fiscaux ont certes déjà augmenté de 31 milliards au cours de cette année fiscale, mais les dépenses ont déjà crû de 115 milliards. »
Comment y remédier ? L’élimination des dépenses fédérales anticonstitutionnelles suffirait à réduire suffisamment les dépenses pour pouvoir envisager une gestion nettement plus saine de l’économie américaine, affirme Adelmann.