C’est le site de la chaîne Euronews qui avance cette thèse, de même que l’édition espagnole du Huffington Post et le journal El País, tous d’obédience immigrationniste : alors que le précédent accord de pêche avec l’UE arrivait à expiration le 14 juillet, le Maroc aurait selon toute vraisemblance volontairement relâché ses contrôles aux frontières afin d’accentuer la pression migratoire sur l’Espagne dans le but d’obtenir un meilleur accord. Ce que Rabat voulait, c’est que l’accord s’applique aussi au Sahara occidental malgré un jugement controversé de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) en décembre 2016 qui voulait l’interdire. Dès février 2017, le gouvernement marocain avait formulé des menaces en brandissant de manière à peine voilée l’arme des « migrants ». Or, avec l’accord signé le 24 juillet, le royaume chérifien a obtenu pleine satisfaction.
Les éléments prouvant le chantage aux migrants du Maroc pour négocier l’accord de pêche avec l’UE
Ce qui fait dire à Euronews et au Huffington Post que le Maroc semble avoir volontairement laissé partir plus de « migrants » vers l’Espagne peut être résumé comme suit :
– L’augmentation du nombre d’arrivées était déjà visible bien avant le renversement du gouvernement de Mariano Rajoy par le leader socialiste Pedro Sánchez et ses soutiens d’extrême gauche. C’est vrai : le total des arrivées illégales par Ceuta et Melilla et par le détroit de Gibraltar est passé de 7.164 en 2015 à 10.231 en 2016 et 27.253 en 2017.
– Euronews relève notamment une augmentation du nombre de Marocains arrivés illégalement en Espagne, de 963 en 2016 à 5.500 en 2017, qui ne saurait être attribuée à la fermeture de la route de la Méditerranée centrale menant en Italie.
– La coopération entre Rabat et Madrid a été efficace par le passé pour limiter le nombre de passages illégaux à Ceuta et Melilla et par le détroit de Gibraltar. C’est vrai aussi : entre 2008 et 2015, les arrivées illégales ont oscillé entre 6.500 et 8.500 par an.
– Le Huffington Post dit également tenir de sources au sein du commandement de la Garde civile pour l’Andalousie et les enclaves de Ceuta et Melilla que les forces marocaines faisaient clairement preuve de moins de zèle ces dernières semaines.
– Selon El País, des rapports internes d’institutions de l’UE font état d’une baisse des contrôles des flux migratoires au Maroc et Rabat réclame plus d’argent pour l’aider à contrôler les sorties de son territoire vers l’Espagne.
– Le rapport d’analyse des risque de Frontex pour 2018, cité par El País, faisait état de questions de politique interne au Maroc qui avaient créé à partir du deuxième trimestre 2017 des conditions propices aux départs depuis la côte occidentale du pays sur des embarcations capables de transporter un grand nombre d’immigrants clandestins.
Face au chantage du Maroc, l’appel d’air de l’Espagne rouge
Pourtant, si l’utilisation par le Maroc de l’arme des « migrants » pour obtenir des concessions comme l’a fait la Turquie semble plus que probable, ces trois médias de gauche font volontairement l’impasse sur l’appel d’air causé par le gouvernement de Pedro Sánchez avec l’accueil très médiatisé de l’Aquarius (sachant que les bateaux d’ONG continuent d’arriver depuis la Méditerranée centrale), l’annonce de la suppression prochaine des barbelés au sommet des clôtures frontalières de Ceuta i Melilla, l’annonce du rétablissement à partir de septembre des soins médicaux gratuits pour les étrangers en situation irrégulière, l’annonce que le gouvernement Sánchez allait retirer l’appel interjeté par le gouvernement Rajoy contre le jugement de la CEDH interdisant les refoulements à chaud, et, plus récemment, les propos du ministre des Affaires étrangères espagnol Josep Borrell affirmant que l’Europe aurait besoin de sang neuf.
C’est à partir de juin que l’on a constaté une hausse brutale des arrivées par le détroit de Gibraltar et de la pression contre les clôtures de Ceuta et Melilla, avec notamment un assaut d’une rare violence le 26 juillet dernier à Ceuta par plusieurs centaines d’envahisseurs barbares qui ont fait 22 blessés parmi les Gardes civils espagnols, y compris quatre qui ont dû être hospitalisés d’urgence pour des blessures chimiques après avoir été aspergés de chaux vive ! Du reste, les graphiques publiés par Euronews sur la base des chiffres du HCR montrent clairement la tendance, alors que Pedro Sánchez est Premier ministre depuis le 2 juin : il y a eu 1.680 arrivées en avril, 3.937 en mai, 7.313 en juin et 9.674 en juillet.
Le Maroc a bon dos.