Le cinéma des impôts à la source : Macron sape l’identité française

Cinema Impots source Macron Reduit Identite Francaise
 
Après dix jours de cinéma, j’y vais, j’y vais pas, Macron a décidé : les impôts à la source, c’est oui. Il s’aligne sur les grandes social-démocraties et s’achemine vers un impôt sur le revenu individuel : il sape l’identité française, en matière fiscale aussi.
C’est dur, l’actualité. Je suis une femme curieuse de tout. L’Amérique, ça compte quand même, et Trump : la façon dont les Démocrates, qui commencent à crever de trouille, ont transformé en Barnum l’audition de son candidat au poste clef de juge à la Cour suprême est importante. J’aurais aimé parler aussi des larmes de M. Hulot (le cruel Chevènement lui a souhaité de bonnes vacances), des fantaisies fiscales de l’époux de Laura Flessel (j’ai l’impression qu’il touche pas mal à la fin de l’envoi), de l’Allemagne, du nombre croissant en France des déséquilibrés qui attaquent des pompiers, ou des gendarmes, ou des passants, au cou, avec un couteau, des vingt ans de Google ou des mille milliards de dollars du chiffre d’affaire d’Amazon (un tiers de la dette publique française, c’est confortable), bref, j’aurais aimé parler du temps qui passe mais l’actualité est un maître contraignant : le sujet, aujourd’hui, c’est Macron, et ses impôts à la source.
 

Le cinéma de Macron pour pêcher en eau trouble

 
Depuis que le Monde a lâché Macron, le Figaro prend la liberté de blâmer plus vigoureusement celui-ci. Il paraît que « ça se détraque » du côté de sa machine de guerre, si victorieuse naguère. Il a dévissé dans les sondages, il est plus bas qu’Hollande à la même époque de son mandat, pensez ! Hollande dont les journaux nous expliquent qu’il veut, qu’il peut revenir, mais qu’il aurait été copain lui aussi avec Benalla (qui transportait la coupe du monde de foot, pourquoi ?), et qu’il aurait menti à ce sujet, et que… : j’ai l’impression d’une couverture de Closer avec plein de ronds rouges qui entourent la cellulite de Meghan Markle ou les particularités du langage corporel d’Asia Argento. 
 
L’espèce de tournis qui me gagne donne à penser que cela ne se détraque pas du tout, côté com, chez Macron. Depuis le début de l’affaire Benalla, il semble pédaler dans la semoule, mais il applique seulement le précepte de feu Charles Pasqua, expert en affaires : toujours compliquer, toujours obscurcir, afin de détourner l’attention et s’enfuir en eau trouble. Avec le cinéma de l’affaire Hulot et celui des impôts à la source, Macron est arrivé dans un fauteuil à la fin des vacances.
 

Impôts à la source ou impôt sur le revenu ?

 
Bon, alors, ces impôts à la source ? Un mot du vocabulaire : on dit ici impôts pour parler du seul impôt sur le revenu. Les recettes fiscales se ventilent ainsi : un peu plus de la moitié pour la TVA, un quart pour l’IR, un huitième pour l’impôt sur les sociétés, un seizième pour la taxe sur le pétrole et assimilés, un seizième pour tout le reste. On voit qu’au moins neuf seizièmes des impôts sont déjà retenus à la source. Pourquoi ? Pour assurer la trésorerie de l’Etat et pour cultiver leur caractère indolore, qui en garantit une perception aisée. Pour ces mêmes raisons, l’Etat français, comme ses homologues de l’OCDE depuis 1945, veut retenir l’impôt sur le revenu à la source : on passera ainsi à treize seizièmes des impôts directement dans la main de l’Etat. Un rêve socialiste !
 

L’Etat Macron se goinfre et sape le moral du contribuable

 
Maintenant je me demande quel avantage cette réforme apporte au contribuable. J’ai beau me creuser, je n’en vois pas. Je vois au contraire les complications interminables qu’elle risque d’engendrer, le poids pour les entreprises et les particuliers, les risques de bugs, etc. Je constate qu’elle a été promise et lancée par François Hollande, ce qui serait une bonne raison de l’abandonner. Je me dis qu’elle ne peut marcher qu’avec des revenus connus à l’avance et très peu variables, sauf à corriger en fin d’année (sur quelles données ? Cela demandera un flicage de plus en plus étroit des entreprises par l’Etat) par des ristournes ou des ponctions. Bref, c’est une usine à gaz socialiste de plus. Et qui aura l’effet inévitable d’uniformiser la société française, de la rendre plus obéissante, plus salariée, plus socialiste.
 

La Suisse et Singapour ne prélèvent pas à la source

 
Mais, dira-t-on, la retenue à la source de l’impôt se fait ailleurs, « chez nos voisins », dans « presque tous les pays développés », et les contribuables s’en félicitent : oui, les moutons sont contents au bercail. Notons toutefois deux choses. Le premier pays à soumettre ses citoyens au prélèvement à la source fut la Prusse. La marque de fabrique de la caserne socialiste est bien visible. Et deux pays ne pratiquent pas le prélèvement à la source : la Suisse et Singapour Sont-ce des pays pauvres ? Sous-développés ? Totalitaires ? Au contraire, ce sont deux pays soucieux d’efficacité financière, et chacun à sa manière dans son contexte, d’une certaine liberté.
 

Prélever à la source : une rupture d’identité

 
Deux caractéristiques des « impôts à la source » sautent encore aux yeux. Le premier est une rupture d’habitude. C’est-à-dire un changement de monde et de civilisation. La révolution mondialiste adore ces petits coups de torchon sur la toile cirée de la table rase. Il y a un peu moins de vingt ans, ce fut l’euro. Du jour au lendemain, à part les forts en calcul mental, on n’a plus pu comparer le prix de la salade ou du kilo de céteaux. Si bien qu’aujourd’hui, on se retrouve avec des scaroles à trois francs, ce qui fait glousser des tablées de vieux devant leur pichet. Grâce à cela le processus d’appauvrissement programmé du Nord est passé comme une lettre à la poste (voilà une image qu’il va falloir bientôt supprimer). La retenue à la source vise le même but. Il faudra être sorti de Normal Sup demain pour comparer les salaires d’avant aux salaires d’après. Faute de comparaison, on ne verra pas qu’on s’appauvrit.
 

La fiscalité française assise sur le foyer fiscal

 
Le dernier truc, c’est : qui paie l’impôt ? Sur quel revenu l’assoit-on ? Celui d’une famille ou d’un individu ? Y aura-t-il à terme (au début, on ne dit pas tout) une personne par foyer fiscal ou plusieurs ? J’ai lu un papier très bien fait dans Sud-Ouest auquel je n’ai rien compris. Si, j’ai compris qu’il y avait des systèmes plus simples, aux Pays-Bas, en Grande Bretagne, qui ne tiennent nul compte de la situation de famille d’un contribuable, et d’autres qui en tiennent compte, au Luxembourg, en Belgique, et sont plus complexes à gérer. Mais cela ne me dit pas comment ça marche, ni sur quel principe. En France, depuis toujours, c’est une famille qui paie l’impôt, même si le malheur des temps fait qu’elle se réduit parfois à une seule personne. Le terme foyer fiscal le dit. Va-t-on changer cela ? 
 

Impôt à la source : la France, social-démocratie comme une autre

 
Cela aurait des conséquences incalculables. En voici une en vitesse. Sous la pression de la gauche de progrès, les impôts sont devenus à tort ou à raison (cela aurait fait rire jadis) un moteur de « justice sociale ». Tout ce qui réduit l’impôt aussi. Donc le quotient familial. Si donc on s’achemine vers l’impôt individuel, c’est toute la politique familiale, déjà passablement massacrée, qui sera ruinée. 
 
En tout cas, même si, faisons par méthode semblant de croire aux boniments optimistes, l’Etat trouve des ajustements et des substituts, la réforme dite des « impôts à la source » aura profondément modifié la structure fiscale française, les habitudes, la société, l’identité française. Nous deviendrons un peu plus une sociale démocratie parmi d’autres dans le monde, prête à passer à l’impôt européen.
 

Pauline Mille