Macron dit que la France fut bien coupable en Algérie et demande pardon pour les fautes dont elle porte selon lui la responsabilité, dont l’affaire Audin, du nom d’un agent communiste torturé. A son exemple, moi, Pauline Mille, je vais faire ma propre repentance. Ça soulage.
Du temps de Nieztsche, l’Etat était le plus froid des monstres froids. Il est devenu sensible, il n’est pas de jour qu’il ne batte sa coulpe en pleurnichant sur les erreurs et crimes supposés de ses prédécesseurs depuis Vercingétorix. La fin de cet étrange processus nommé repentance n’est pas clairement définie : est-ce la paix de l’âme par la confession ? En tout cas ce n’est pas la concorde civile, car la chose divise les citoyens. Cela peut être en revanche un moyen de modeler une nouvelle histoire. Le portrait de la France avait trop de lumières, il convient de l’adoucir de quelques ombres ? J’y apporterai donc ma contribution. Moi, Pauline Mille, je propose ma modeste repentance pour la France.
Partout où la France engagea sa responsabilité : Repentance !
Ne soyons pas petit bras. Etendons hardiment le domaine de la repentance. Pourquoi s’en tenir à l’histoire contemporaine, à la guerre d’Algérie ? Il y a dans la manière dont Brennus traita les sénateurs de Rome un tel déni de démocratie que j’en demande pardon à l’humanité en général et nos amis italiens en particulier. Depuis, ça ne s’est pas arrangé. Quand Saint Louis, victorieux à Taillebourg, fit cadeau à son vassal révolté, Henri III d’Angleterre, de la Saintonge, du Limousin et du Quercy, il m’est impossible aujourd’hui de n’y pas voir une condescendance décidément capétienne et française. Plus près de nous, je fais repentance au nom de la république pour les mineurs de Carmaux, pour les Inventaires, pour l’offensive de Galipoli, pour Panama et pour la Tour Eiffel, pour l’affaire Flamidien dans laquelle des juges de gauche piétinèrent la procédure dans le simple dessein de condamner, pour viol pédophile et meurtre, un frère des écoles chrétiennes, par la seule raison qu’il était catholique.
Macron, en Algérie, il n’y a pas que l’affaire Audin !
Je fais repentance, je me lacère, je déchire mon vêtement et je pleure, moi, Pauline Mille, par solidarité avec la république française, pour les viols commis à Naples par nos troupes marocaines durant la seconde guerre mondiale et pour toutes les femmes tondues, pour les chrétiens d’Orient que nous avons poussés au désespoir en suivant la politique américaine depuis 1990, pour les baignoires nationales à Nantes et pour toutes les sottises qu’a dites Victor Hugo.
Et puisqu’on parle d’Algérie, je demande pardon au monde pour les présidents successifs qui ont laissé pérorer cette pauvre tache de Bouteflika. Pour Macron et son crime contre l’humanité (on a le droit d’être bête mais il ne faut pas en abuser). Pour Rocard, Sartre, et toute la gauche porteuse de valises qui triomphe aujourd’hui dans l’affaire Audin : car il faut nommer un chat un chat, Audin était un traitre. On ne sait toujours pas exactement ce qui s’est passé pour lui, mais on est sûr qu’un traître, en temps de guerre, mérite la mort. Je demande pardon, au nom de la république, pour la France, à cause de ceux qui l’ont trahie.
Pauline Mille : ma repentance à moi
Et puisque vous voulez du massacre et du comportement répréhensible pour alimenter la grande repentance, je fais repentance pour huit ans de massacres horribles commis par le FLN et ses valets. Le massacre des harkis, bien sûr, particulièrement odieux. Et tous les européens et les musulmans assassinés en gros ou en détail de la Toussaint Rouge aux tueries de juillet 1962 à Oran sous les yeux de l’armée française. Je demande repentance pour Katz et pour la rue d’Isly. Pour l’Otomatic, Melouzza, Kenchela, Philippeville. Pour les prisonniers de guerre saignés, émasculés. Pour le pilonnage et le mitraillage de Bab el Oued et autres lieux découvrant à marée basse. Puisque il s’agit, cher Emmanuel Macron, des crimes de l’Etat, je fais repentance pour un Etat qui, en Algérie déjà, trahit son peuple, préfigurant la tragédie d’aujourd’hui.