Valentine Oberti, chroniqueuse pour l’émission « Quotidien » de Yann Barthès sur TMC, doit être contente, quoiqu’elle s’en défende : son interview a fait polémique. Depuis le 11 septembre, date de parution de son entretien, raccourci au maximum pour n’en garder que les phrases choc, les déclarations publiques, du gouvernement comme du Syndicat national des gynécologues ou encore du Planning familial vont bon train. Encore une fois, on s’aperçoit à quel point les défenseurs de l’IVG ne veulent pas s’entendre dire qu’ils attentent à la vie – leur outrageuse “liberté” avant tout. La clause de conscience, pourtant (encore) inscrite dans la loi française, est le dernier reproche tangible, le dernier obstacle à l’érection sacrée, intangible de leur culture de mort : avec le Dr de Rochambeau, la journaliste a voulu la mettre en porte-à-faux avec la « vérité morale » de la loi qui nie l’homicide.
Le Dr Bertrand de Rochambeau dans le collimateur médiatique
Valentine Oberti voulait pointer la raréfaction des gynécologues pratiquant l’avortement, ce droit inaltérable qui trouve dans l’absence de praticiens un dommage palpable et très visiblement odieux… Elle avait dans le Dr Bertrand de Rochambeau le meilleur specimen possible. Président du Syndicat national des gynécologues (Syngof), il a cessé de pratiquer des IVG depuis de nombreuses années. Elle est allé lui demander pourquoi… et s’est choquée par la suite d’avoir reçu une réponse !
« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies ! » s’est exclamé le gynécologue devant la journaliste. Et à la question de savoir si l’IVG était un homicide, il a répondu avec un grand calme un mémorable : « Si, madame » !
Des propos qui ont fait réagir la planète France toute entière. Mais était-ce le représentant du Syngof ou le gynécologue-obstétricien libéral de l’hôpital privé de Marne Chantereine qui parlait ? On a profité de l’un pour faire payer l’autre. Et de manière odieuse, puisque la journaliste s’est acharnée, avec son questionnaire-bistouri, à lui faire cracher sa position personnelle.
Homicide : « J’ai dit qu’on supprimait une vie. C’est ma conviction parce que c’est une réalité »
Même schéma de manipulation au micro de RTL. La journaliste Christelle Rebière lui demande : « Vous la faites valoir régulièrement, cette clause de conscience, dans votre activité professionnelle ? (…) Est-ce que vous pensez que vous avez le droit, de dire, vous, ce que vous pensez, personnellement ? » Piège ! S’il avait refusé, on l’aurait fustigé. S’il parlait, on le démontait… et c’est ce qui a eu lieu.
Président du Syngof, Bertrand de Rochambeau se devait d’être aux ordres du lobby vainqueur… Il a bien tenté de se défendre aposteriori, de désengager le Syndicat, de dire qu’il respectait la loi, ce qui était parfaitement vrai – il a même parlé de « désinformation » – mais la poudre avait pris.
« L’IVG doit être un droit réel (…). Rien, ni personne ne doit l’entraver »
Au-delà de cette manipulation, il y a plus grave : la remise en cause implicite et sournoise de la clause de conscience. Parce que finalement, dire qu’on ne veut pas faire d’IVG, c’est affirmer qu’il y a la réalité de la vie, c’est témoigner de la Vérité contre laquelle les pro-avortements se battent. Et ceux qui invoquent la clause de conscience ont mécaniquement le droit de dire pourquoi, surtout quand on le leur demande ! C’est ce dernier reste de liberté, cette détestable encoche à l’étendue de leurs victoires sur lesquels les pro-avortements s’acharnent.
Main dans la main avec les journalistes, le gouvernement et le Planning familial ont violemment rétorqué au médecin. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, ont condamné « fermement », mercredi, les propos de Bertrand de Rochambeau : « L’IVG doit être un droit réel (…). Rien, ni personne ne doit l’entraver ». Le Collectif national pour les droits des femmes a parlé de « prosélytisme anti-IVG » et la coprésidente du Planning familial, Véronique Séhier, d’un « scandale ».
C’est cette dernière qui a été finalement la plus franche en disant tout haut ce que ce petit monde pense (encore) tout bas : « La clause de conscience est une entrave aux droits des femmes et à leur santé ».
La clause de conscience versus la « vérité morale » républicaine
Ainsi, certains peuvent remettre en cause ce qui est inscrit dans la loi, à savoir l’article L2212-8 du Code de la santé publique, selon lequel « un médecin n’est jamais tenu de pratiquer une IVG », de même qu’« aucune sage-femme, aucun infirmier ou infirmière, aucun auxiliaire médical, quel qu’il soit, n’est tenu de concourir » à cet acte médical. D’autres, non.
D’autant que le Dr Bertrand de Rochambeau ne remet pas même en cause la loi Veil, comme il a tenu à le souligner. Il a simplement qualifié, on peut l’entendre, l’IVG d’homicide au sens littéral du terme, c’est-à-dire, d’acte tuant un autre être humain : il n’est pas tant légalement coupable (même si certaines jurisprudences ont refusé de parler d’un homicide pour un fœtus tué par accident) que moralement coupable. Coupable de donner à voir cette présence vivante d’un être humain dans l’utérus maternel, dès les premiers instants de sa conception…
« J’ai dit qu’on supprimait une vie. C’est ma conviction parce que c’est une réalité ». Dans l’entretien intégral, il demande d’ailleurs à la journaliste pourquoi on trouve autant de médecins à opposer leur clause de conscience… Mais pour ça, désormais l’on doit payer aussi. La clause de conscience est un obstacle au droit à l’avortement : ils vont vouloir la faire sauter.