En tournée officielle en Chine, où il est arrivé vendredi dernier, le président du Venezuela Nicolas Maduro a été reçu mercredi dernier à Pékin par son homologue Xi Jinping. Homologue sous plus d’un rapport, puisque malgré les différences, les deux chefs d’Etat ont en commun de diriger d’une main dictatoriale des pays socialistes. Le rapprochement entre la Chine et le Venezuela s’inscrit dans le contexte de la volonté de Maduro d’intégrer les BRICS, aux côtés du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, alors que le groupe s’étend actuellement et veut se poser en contrepoids aux pays développés.
Le Venezuela a depuis des décennies développé les liens avec la Russie, tout comme le Cuba et d’autres, montrant que les pays communistes ou communisants continuent de rester en lien de soutien mutuel avec l’ex-Union soviétique dont la Russie s’est bien moins éloignée qu’on ne voudrait le faire croire.
La Chine accorde au Venezuela le niveau de relations le plus élevé
En affichant aujourd’hui sa proximité avec la Chine, déjà bien installée, on pourrait croire que Maduro révèle une certaine distanciation entre l’Empire du Milieu et la Russie, mais il serait imprudent de se lancer dans de telles analyses quand on sait que dans les années 1960, l’URSS avait surjoué une rupture entre les deux géants communistes, qui s’entendaient fondamentalement, comme l’a écrit Anatoliy Golitsyn dans Des Mensonges pas si nouveaux.
Ce qui apparaît clairement, en revanche, c’est l’alignement idéologique, stratégique, politique, économique du Venezuela et de la Chine qui partagent des visions anti-occidentales, concentrées sur la mise au pas du capitalisme au service du socialisme global et glorifié.
Lors de la rencontre entre Maduro et Xi Jinping, ce dernier a annoncé que le niveau de relations entre la Chine et le Venezuela avait été élevé au rang de partenariat stratégique tous azimuts. Il n’y a pas mieux dans le cadre de la diplomatie chinoise et à ce jour, seule une poignée d’autres Etats en bénéficient, tels le Pakistan, la Russie et la Biélorussie.
Xi Jinping et Maduro, deux têtes d’affiche du Nouvel Ordre Mondial
Maduro a annoncé à cette occasion que trois délégations vénézuéliennes se rendront prochainement en Chine dans les prochaines semaines pour renforcer les liens d’affaires avec des sociétés publiques et privées dans diverses villes. Le Venezuela, plongée dans la misère socialiste, espère pouvoir bénéficier de technologies et d’investissements chinois, ainsi que d’avantages fiscaux et douaniers dans les zones économiques spéciales où la Chine cherche à attirer des partenaires.
Il va de soi que le Venezuela entrera dans cette nouvelle logique dans une position d’infériorité : Pékin est le principal créancier de Caracas et l’un de ses seuls vrais partenaires (avec la Russie). La Chine a ainsi prêté 50 milliards de dollars au Venezuela au début des années 2010, avec un plan de remboursement en nature, puisque le pays possède l’une des plus importantes réserves de pétrole au monde. La Chine fournit déjà une assistance technologique à Maduro, au service notamment de la surveillance de la population, selon le think tank Atlantic Council.
Avant de s’envoler vers Shenzhen vendredi dernier, Maduro avait diffusé un message sur les réseaux sociaux pour expliquer que sa visite « historique » avait pour objectif de « renforcer la coopération et la construction d’un Nouvel Ordre Mondial ».
Voilà qui a le mérite de la clarté.