Un violent clip pro-avortement nominé au Festival du Film néerlandais

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C’est de l’humour, de l’hyperbole, de la comédie ! Ainsi les médias mainstream néerlandais ont-ils pris la défense d’un clip vidéo pro-avortement aux Pays-Bas montrant moult manières de « tuer le bébé » – la chanson s’appelle d’ailleurs Kill the baby et elle a suscité des réactions scandalisées lors de sa sortie à l’été 2022. Et même des questions au Parlement, dans le cadre de la Chambre basse des Pays-Bas. La vidéo vient d’être officiellement « nominée » pour participer au concours « meilleur clip de l’année » par le Festival du Film néerlandais.

On doit cette inquiétante production à un groupe féminin de « garage punk », Vulva. La bassiste Kim Hoorweg et la percussioniste Nadya van Osnabrugge affirment avoir écrit la chanson pour aider les femmes à parler sans honte de l’avortement, qu’elles l’aient vécu ou qu’elles s’apprêtent à le subir. Une normalisation, une banalisation qu’elles souhaitent parce que la première, Kim, s’est fait avorter il y a quelques années et que même au sein de sa famille progressiste et de gauche elle en a conçu une certaine vergogne.

 

Images de barbarie dans un clip pro-avortement

C’est cette honte que le groupe veut effacer – la jaquette de son single est d’ailleurs illustrée par l’image de l’échographie pratiquée sur la chanteuse à la veille de son « IVG ». « Je trouve ça génial, car chaque fois que je me réveille je suis heureuse de ne pas avoir un enfant. Je suis quelqu’un de bien plus heureux maintenant », dit Kim lorsqu’on l’interroge sur le malaise que peut lui causer un tel étalage de son « embryon avorté ».

Le clip lui-même est truffé d’images violentes de « mise à mort » de poupées par les deux chanteuses : on voit un baigneur détruit par les flammes, un autre assassiné par balles, un troisième exécuté sur une chaise électrique et même le déchiquetage d’un quatrième par des chiens.

Le groupe explique volontiers que le choix de montrer de tels sévices vise uniquement à dénoncer le discours des pro-vie qui assimileraient à tort l’avortement au fait de tuer des enfants alors qu’il s’agirait seulement, selon eux, d’éliminer un « amas de cellules non viable ». Voire. L’impression laissée est celle d’une jouissance démoniaque face à une réalité assumée – le discours lénifiant n’y change rien.

 

Et le diable dans tout ça ?

Kim Hoorweg cherche en quelque sorte – dans une démarche marquée par l’inversion diabolique – à exorciser le trouble qu’elle a ressenti au moment d’avorter et dont elle rend le mouvement pro-vie responsable. Mais ce n’est pas en chantant : « Tuez le bébé, je ne suis pas ta maman ; ce n’est pas toi mon problème, mais mon utérus », qu’elle pourra faire que le tout-petit en son sein, être humain unique et irremplaçable, cesse d’être ce qu’il fut.

 

Au Festival du Film néerlandais, des poupées démembrées sur une robe de mariée

La chanson a été étrennée l’an dernier à Rotterdam dans une église – certes protestante, mais quand même ! –, l’Arminiuskerk à Rotterdam, qui accueille des concerts avant-gardistes et des débats sur le climat, tout en continuant de servir de lieu de culte à ceux qui l’ont construite à la fin du XIXe siècle, les « remonstrants » qui se séparèrent dès le XVIe des réformés aux Pays-Bas.

La voici de nouveau sur le devant de la scène grâce à sa promotion par le Festival du Film néerlandais. Pour fêter sa nomination, Kim Hoorweg a paradé sur le podium en robe et voile de mariée, avec des morceaux de baigneurs démembrés cousus çà et là sur son costume.

Gagnera-t-elle avec son groupe le « Veau d’or » – ainsi s’appelle la récompense attribuée par le festival ? Ce serait tout un symbole.

 

Jeanne Smits