C’est, selon le recteur de la Grande Mosquée de Paris, la proportion des musulmans parmi les détenus dans les prisons françaises aujourd’hui. Chems-Eddine Hafiz, interrogé par Mizane TV, a réclamé un « Plan Marshall » pour les aumôniers musulmans qui manquent de moyens, notamment dans les prisons, car, a-t-il dit, « on sait très bien aujourd’hui que dans les prisons, on dit, il y a 70-80 % de musulmans ». Cette estimation recoupe un rapport parlementaire français de 2014, et dépasse la fourchette établie par le Washington Post en 2008, et par le Guardian, quotidien de gauche britannique en 2016, qui eux proposaient 60-70 %. Cela ne doit pas conduire à stigmatiser l’islam. D’autres facteurs entrent en jeu, dont les statistiques françaises ne facilitent pas la mesure. La nationalité compte : 39 % des délinquants interpellés à Lyon et 55 % à Marseille sont étrangers, et en Ile-de-France 63 % des agressions sexuelles et 93 % des vols commis dans les transports en commun sont le fait d’étrangers. L’origine ethnique a son importance : Hugues Lagrange, directeur de recherches au CNRS affirmait en 2010 que « les adolescents éduqués dans des familles du Sahel sont 3 à 4 fois plus souvent impliqués comme auteurs de délits que les adolescents élevés dans des familles autochtones ; et ceux qui sont éduqués dans des familles maghrébines, deux fois plus ». Quant à l’anthropologue Didier Fassin, il avançait, lui, en 2016 que « 77 % des personnes détenues appartiennent à des minorités ethniques ». Ces données sont sérieuses mais il ne faut essentialiser ni l’ethnie, ni la nationalité, ni la religion : le phénomène qui relie ces trois adjuvants à la délinquance aujourd’hui en France est l’immigration.