La Chine a perdu 2 millions et quatre-vingt-mille chinois en 2023 sur un total d’un milliard quatre cents millions. Soit 0,15 % de la population chinoise. Cela peut sembler peu mais indique une tendance : le déclin démographique s’installe et s’aggrave, il pourrait avoir une incidence négative sur une croissance économique fragile, notamment par son incidence sur le moral des ménages qui n’arrivent pas à s’extraire du modèle naguère imposé de la famille à un enfant. Un véritable casse-tête chinois que ni le parti ni les citoyens ne parviennent à résoudre. Les observateurs craignent la fin de l’Eldorado chinois et le spectre d’une baisse du pouvoir d’achat – là-bas aussi.
Net déclin démographique en Chine
Le bureau des statistiques chinoises est formel. Il y a eu 11 millions de décès en Chine en 2023 (en hausse de 6,6 %), pendant que la natalité atteignait son taux le plus bas, à 6,39 pour mille, en baisse de 5,7 % sur 2022. Cette chute incline l’ONU à estimer le déclin démographique de la Chine « trois fois plus rapide » que lors de sa précédente étude en 2019 : il devrait y voir 109 millions de Chinois en moins en 2050. Avec cela bien sûr la population chinoise vieillit, il y aura 400 millions de Chinois âgés de plus de soixante-cinq ans en 2035, il y en a déjà 280 millions de plus de soixante ans aujourd’hui, ce qui, combiné au manque de jeunes, pèse lourdement sur les retraites et sur la santé. Certains chercheurs chinois affirment que remplacer les travailleurs par des robots serait un progrès économique « en période de manque de bras et de renchérissement du travail », et il est vrai que le boom de la robotique a lieu en Corée du Sud, qui a le pire taux de naissance mondial : 4,9 pour mille.
La croissance économique chinoise menacée
Mais l’économie chinoise ne semble pas aussi facile à adapter aux robots que l’est la coréenne. D’autant que la Chine souffre de deux graves handicaps. D’une part une jeunesse démoralisée qui pense de plus en plus ne plus pouvoir se payer de mariage ni d’enfants, et une sorte de mélancolie des élites devant la perte de ce qu’elle nomme le « dividende démographique », c’est-à-dire le bénéfice que tire la croissance économique de la forte proportion, dans la pyramide des âges, des Chinois en âge de travailler, par rapport aux enfants et étudiants d’une part et aux retraités de l’autre : le déclin des naissance et la croissance des retraités détruit ce « dividende démographique ». Sans doute la croissance des années 1990 et 2000 doit-elle plus à la libéralisation de l’économie et à la meilleure productivité des travailleurs qu’au « dividende démographique », mais les jeunes n’en restent pas moins persuadés d’être laissés sur le sable et de ne jamais connaître la croissance échevelée de l’économie et du pouvoir d’achat qu’ont connu leurs parents, la génération de l’anti-baby-boom, de l’enfant unique.
Sauver la croissance démographique par l’astronomie chinoise ?
Mais c’est précisément cette politique qui cause la difficulté actuelle, même si le parti communiste chinois en est revenu, essayant par tous les moyens de relancer la natalité sans y parvenir. Il faut dire que chinois et chinoises se sont habitués à vivre seuls sans enfants et à bâtir leur vie sur une augmentation de leur richesse, ce que le confinement du COVID n’a pas arrangé. Pourtant le Global Times, qui exprime l’opinion du PCC, affirme que ce déclin démographique n’est qu’un problème passager que résoudront les « politiques de soutien à la natalité ». Yuan Xin, démographe à l’Université de Tianjin, y a déclaré que les choses vont déjà s’améliorer en 2024 grâce à la préférence chinoise pour l’année du dragon, lors d’un séminaire organisé par l’association de la population chinoise, dont il est vice-président.