Le mot anglais « offence », qui transcrit notre « offense » a une infinité d’acception et peut se dire de tout geste, attitude, parole, qui blesse les conventions, la sensibilité, la pudeur chatouilleuse, et maintenant plus souvent l’environnement. Les mentalités changent, et c’est un mot en pleine inflation qui débouche sur de plus en plus de sanctions et de procès. Michel Mason, citoyen britannique d’un certain âge, l’a appris à ses dépens. Comme d’autres, il souffre d’une faiblesse à la prostate, et, au bout de trois quarts d’heures d’un déplacement en voiture de deux heures, il s’est arrêté sur un parking de repos sur le territoire de Dacorum Borough, dans le Hertfordshire pour aller discrètement se soulager contre un arbre, s’étant assuré qu’il n’y avait personne pour le voir. Hélas, un employé du « District Enforcement » l’a repéré et a immédiatement verbalisé. Le District Enforcement est une compagnie de surveillance privée qui travaille pour la commune de Dacorum Borough. Mais une bataille juridique difficile a suivi. Pour M. Armstrong, l’avocat du conseil municipal, uriner dehors dans « un contexte urbain » est condamnable aux termes de « la section 87 de la loi de protection de l’environnement ». C’est donc une « offense » à l’environnement et plus précisément un dépôt de « déchet ». Mais l’avocat Nick Freeman, qui intervient sur les réseaux sociaux, n’est pas d’accord : « Le seul fait que la loi de protection de l’environnement de 1990 ne mentionne pas l’urine indique clairement que l’urine n’est pas un déchet ; elle, n’est d’aucune manière ni dans quelque forme que ce soit un déchet. » La conception que se fait du déchet le conseil municipal de Dacorum est selon lui « contraire à la législation et contraire au sens ordinaire du mot, et de ce fait, de mon point de vue, ils ont juridiquement tort ». Cela n’est pas anodin, car l’amende fixée par Dacorum Borough se monte à 150 livres, ou 100 si elle est réglée sur le champ. C’est cher pour un petit pipi, et les municipalités de Richmond et Bedford ont imité Dacorum. Le temps et les lieux changent, mais l’esprit de controverse demeure : les anciens qui se rappellent le roman Clochemerle savent que la dispute qui bouleversa un village avait pour origine un urinoir.