Le message ne pouvait pas passer inaperçu : sur un panneau d’informations affichant les départs de trains dans la très centrale gare de Londres, King’s Cross Station, les usagers de Network Rail ont eu la surprise, mardi, de voir un avis pour le 9e jour du ramadan. On a su par la suite – après que des voyageurs irrités sont allés s’en plaindre – que cela relevait d’une initiative dans le cadre de la politique de « diversité » de la compagnie. Les responsables de ladite s’inquiètent désormais, mais un peu tard, de ce que des fidèles d’autres religions puissent à leur tour demander un affichage spécial à l’occasion de leurs fêtes. Mais le problème n’est pas là…
Sur le fameux panneau, on lisait les mots « Fajr » et « Maghrib » pour annoncer les heures de début et de fin du jeûne à l’aube et au crépuscule, suivis du « hadith du jour » relatant l’un des faits, gestes et paroles du « Prophète Muhammad » : « Tous les fils d’Adam sont pécheurs mais les meilleurs des pécheurs sont ceux qui se repentent souvent. »
Les usagers d’une gare de Londres indignés par l’affichage d’un hadith
Comme la France, le Royaume-Uni compte des associations de défense de la laïcité. Stephen Evans, président de la National Secular Society, a dénoncé le risque de voir se produire une « course des autres religions » désireuses de voir « leurs articles de foi » gratifiés d’une telle visibilité. « Au mieux, c’est une tentative bien intentionnée, mais hélas malavisée et contre-productive, de promouvoir l’inclusivité », a-t-il dit. Elle risque selon lui de laisser entendre qu’il existe un « favoritisme » au bénéfice de l’islam au risque de provoquer le ressentiment chez ceux qui n’en profitent pas.
« Les messages religieux de ce type sapent le principe de neutralité. Le fait de sauvegarder la neutralité dans les espaces et services publics est la meilleure manière de cultiver une société harmonieuse et inclusive qui respecte tous les individus, quels que soient leur croyance et leur origine », a-t-il déclaré – air connu.
Qu’une proclamation du ramadan et de ses exigences du jour ne soit pas à sa place au cœur de Londres, pays d’histoire et de culture chrétienne, voilà ce qui n’est pas dit : voilà où nous ont menés des décennies d’antiracisme puis de promotion active de la « diversité » et de l’« inclusion », allant de pair avec le refus de mettre en évidence le caractère politique de l’islam, qui ne distingue pas entre temporel et spirituel et cherche à étendre la terre d’islam. Chose que ce panneau fait de manière concrète, comme une bannière marquant un territoire…
Les informations sur le ramadan n’ont pas leur place sur un panneau d’affichage de gare
Un porte-parole de Network Rail, société publique d’infrastructures, a défendu l’affichage en affirmant : « King’s Cross station est composée d’une force de travail diverse et multiculturelle et en des moments significatifs sur le plan religieux, des messages comme celui-ci sont présentés pour célébrer la diversité et l’inclusivité de cette gare », a-t-il dit, précisant que de tels affichages sont interrompus quand il faut donner des informations spécifiques aux usagers sur leur voyage. Pâques, Noël, Pessah et Diwali sont marqués de la même manière, selon lui, pour rendre compte des croyances « des collègues et des passagers ». Il a assuré qu’on ne disposait pas d’images de ces messages faute pour les employés de les avoir photographiés.
On devine la critique voilée de ce porte-parole : tout le monde trouverait-il normal qu’on évoque les fêtes chrétiennes, tandis que seuls les messages islamiques provoquent des réactions indignées ?
Quoi qu’il en soit, bien des Britanniques ne semblent pas convaincus, comme en témoignent des commentaires sous l’article du Telegraph qui évoquent le caractère particulier de l’islam et les « courbettes » à son égard dont cette affaire constitue un exemple.
Ironie du sort : ces derniers mois, des chanteurs de gospels chrétiens qui se sont produits dans les rues de Londres ont mobilisé des forces de police et au moins l’une d’entre eux a été interpellée au scandale du public, alors qu’une policière bénévole lui expliquait qu’il est interdit de chanter des hymnes en dehors des églises – tirant la langue en direction d’un passant qui filmait la scène pour appuyer ses dires.