L’écrivain Sylvain Tesson est détesté par les bien-pensants qui dominent le milieu de la culture en France depuis Jack Lang. Ils ne lui pardonnent pas d’être un écrivain populaire. Une foule d’intermittents de la réflexion et de permanents de la pétition a prétendu ainsi lui interdire de parrainer le mois de la poésie en mars. Un journaliste, François Krug, a écrit le tiers d’un livre pour démontrer qu’il a lu des auteurs catalogués à l’extrême droite ; que, écrivain voyageur, il a suivi avec gratitude l’exemple de Jean Raspail ; et que son père, Philippe, a été le condisciple de Jean Mabire au collège Stanislas. Voilà maintenant que le Nouvel Obs entend lui porter le coup de grâce sous la plume de David Caviglioli, décrit comme « acteur réalisateur » mais qui a quand même fourni 14 articles depuis le premier janvier. Ce « fils de » (il a succédé au Nouvel Obs à son père qui y a travaillé depuis 1977) a eu l’idée grandiose de démystifier Sylvain Tesson en se servant d’un mémoire de fact-checking d’une étudiante de l’université de Tromsø en Norvège, Angélique Prick. Après avoir lu Dans les forêts de Sibérie, cette intellectuelle de haut vol a eu l’idée de comparer le temps que décrivait l’écrivain dans son récit journalier aux relevés des trois stations météo au centre desquelles se trouvait la cabane où il a vécu six mois. Et le verdict est sans appel : « Tesson (…) sélectionnait les minimales plutôt que les maximales » ! Vous n’imaginez pas ! Caviglioli, lui, quand il veut nous dire qu’il fait froid, préfère noter que la température est de six degrés centigrades le jour plutôt que de moins deux la nuit ! Et si ce n’était que ça : mais il exagérait aussi ces minimales, ce coquin de Tartarin réactionnaire ! « A la date du 6 mars 2011, il affirme avoir coupé du bois par – 35 degrés. Ce jour-là, il faisait – 14. » Angélique en tire des conclusions sur l’abattage du bois que David Caviglioli fait siennes. N’étant pas météorologue, je ne sais donc pas s’il est possible qu’en un point situé entre les trois stations de mesure il puisse y avoir une température sensiblement plus basse. Mais j’aimerais bien voir Angélique et David couper du bois, pour m’instruire, à la température de moins quatorze degrés, dans la neige. Ce qui est agréable, avec la bassesse d’esprit, c’est qu’elle n’exclut pas le ridicule.