Lorraine, fille de paysans, elle naquit vers le 6 janvier 1412 à Domrémy. Elle travaillait auprès de ses parents et ne reçut pas d’instruction. Dès sa jeunesse, elle se montra très pieuse. A partir de ses 13 ans, elle entendit les voix de saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite qui, pendant trois ans, lui demandèrent de libérer le royaume et de faire sacrer le roi à Reims.
En mai 1428, les voix se firent plus pressantes. Par Vaucouleurs, elle gagna Chinon en février 1429, où elle parvint à reconnaître Charles VII au sein d’une assemblée de courtisans. Impressionné par Jeanne, le roi consentit à l’envoyer à Orléans, assiégée par les Anglais, en avril 1429 ; grâce à elle, la ville fut libérée dans la nuit du 7 au 8 mai.
S’ensuivit la victoire de Patay, le 18 juin 1429, après laquelle celle dont la bannière portant l’inscription « Jesus Maria » était devenue célèbre persuada Charles d’aller se faire sacrer à Reims. C’est alors qu’elle se fit offrir le royaume par le roi, avant de déclarer : « Jeanne donne le royaume à Jésus-Christ ; Jésus-Christ rend le royaume à Charles. » Après la soumission de Troyes, Châlons-en-Champagne et Reims, le sacre eut effectivement lieu le 17 juillet 1429.
Peu à peu abandonnée par le roi, Jeanne fut blessée durant le siège de Paris le 8 septembre 1429. Après quelques autres batailles, elle fut capturée par les Bourguignons à Compiègne le 23 mai 1430 et vendue aux Anglais le 21 novembre de la même année pour dix mille livres tournois (ce qui équivaudrait à plus d’un million de nos euros).
Vint un procès en hérésie et en sorcellerie, mené à charge par l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, au terme duquel Jeanne, toujours soutenue par ses voix, et après une défense admirable, elle qui expliquait que Dieu aime les Anglais « quand ils sont chez eux », Jeanne fut condamnée au bûcher et exécutée le 30 mai 1431, à Rouen. Son cœur, incorruptible, fut jeté dans la Seine.
Il fallut attendre le 15 février 1450 pour voir une réaction formelle de Charles VII, qui émit une ordonnance demandant une révision, « les ennemis de Jeanne l’ayant fait mourir contre raison et très cruellement ». La nullité du premier procès fut constatée par un jugement du 7 juillet 1456.
La pucelle d’Orléans devint ensuite un symbole de la France, qui fut même récupérée par la République au XIXe siècle. On peut à ce titre citer les premières lignes de l’introduction de la belle biographie que lui dédia Jules Michelet : « J’entrais un jour chez un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup fait et beaucoup souffert. Il tenait à la main un livre qu’il venait de fermer, et semblait plongé dans un rêve ; je vis, non sans surprise, que ses yeux étaient pleins de larmes. Enfin, revenant à lui-même : Elle est donc morte ! Dit-il. – Qui ? La pauvre Jeanne d’Arc. Telle est la force de cette histoire, telle sa tyrannie sur le cœur, sa puissance pour arracher les larmes. Bien dite ou mal contée, que le lecteur soit jeune ou vieux, qu’il soit, tant qu’il voudra, affermi par l’expérience, endurci par la vie, elle le fera pleurer. Hommes, n’en rougissez pas, et ne vous cachez pas d’être hommes. Ici la cause est belle. Nul deuil récent, nul événement personnel n’a droit d’émouvoir davantage un bon et digne cœur. »
Jeanne d’Arc fut canonisée par Benoît XV le 16 mai 1920, et proclamée en 1922 sainte patronne secondaire de la France. En 1919, après la reconnaissance de ses miracles, le Saint-Père avait déclaré : « Enfin, à la cause de Jeanne d’Arc, tout bon Français doit s’intéresser, et Nous appelons les grâces du Ciel sur tout bon Français, dans la douce espérance que Jeanne d’Arc devienne réellement le trait d’union entre la patrie et la religion, entre la France et l’Eglise, entre la terre et le ciel. »