L’agence de notation financière Standard and Poor’s vient d’abaisser la note de l’Union européenne de AAA à AA+. Motif invoqué, sur les 28 Etats de l’Union, seul 6 font mieux, et la moyenne des contributeurs nets est inférieure à AA+ Cela signifie que le capital mondial va être orienté sur d’autres continents, hâtant la ruine de l’Europe. AAA votre bon cœur, m’sieurs dames !
Il y a des raisons objectives à la dégradation des notes européennes, croissance faible ou nulle gênée par une socialisation croissante des économies, dépenses publiques trop élevées, endettement délirant que l’on ne peut plus financer par l’emprunt ou la planche à billet, bref, des économies poussives assorties de finances malsaines. Mais la notation a elle-même un effet pervers, et cet effet est voulu. Quand la note d’un Etat ou d’un groupe d’Etat baisse, il trouve des conditions moins favorables pour emprunter de l’argent. En même temps, les investisseurs sont dissuadés de lui prêter, surtout les investisseurs soumis à la régulation, par exemple les fonds de pension. Or on sait que ces fonds de pension brassent des sommes colossales et orientent les marchés. Dégrader les notes des pays développés d’Europe, c’est donc orienter l’épargne mondiale vers les pays émergents et le tiers monde.
OCDE : cap au Sud
On s’aperçoit que cela applique à la lettre les recommandations des grandes institutions internationales telles l’OCDE : il s’agit de financer le Sud. Dans leur système de notation, les agences intègrent des normes prudentielles pour les investisseurs, les emprunteurs et les banques. Or ces normes sont en partie arbitraires. En appréciant avec plus ou moins de sévérité une situation objectivement préoccupante, les agences peuvent donc inciter plus ou moins les investisseurs soumis à régulation à mettre leur argent hors d’Europe. Au bout du compte, la ruine des pays riches et le développement des pays pauvres produiront l’égalité planétaire que socialistes et écologistes souhaitent. Déjà les riches des pays pauvres sont beaucoup plus riches que les pauvres des pays riches. AAA vot’bon cœur, m’sieurs dames !