Les abus sexuels dans l’Eglise, résultat d’une stratégie soviétique pour la « détruire de l’intérieur », selon Iben Thranholm

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Le témoignage de Mgr Carlo Maria Viganò sur la couverture d’agressions sexuelles imputable aux membres les plus haut placés de la hiérarchie de l’Eglise catholique – le pape François, le cardinal Parolin, le cardinal Bertone sont tous visés – oblige pour le moins à se poser des questions. Pourquoi et comment cette crise s’est-elle installée, qui en est la première victime, pourquoi le pape François, directement impliqué selon les dires de l’ancien nonce à Washington, choisit-il de persister dans ce silence qui est l’essentiel du problème aujourd’hui ? Un début de réponse est apporté par une commentatrice danoise, Iben Thranholm, dont l’analyse a été reprise par LifeSiteNews. Pour elle, il faut remonter à l’époque bolchevique et à celle de Staline pour comprendre que les abus sexuels et autres dépravations mis au jour dans l’Eglise sont le résultat d’une stratégie soviétique pour la « détruire de l’intérieur ».
 
Précisons tout de suite que Mme Thranholm est une grande admiratrice de la Russie contemporaine et de son président Poutine – nous y reviendrons.
 
Iben Thanholm cite d’emblée une vidéo disponible sur YouTube où l’on voit le témoignage d’un ancien responsable de la propagande soviétique, Youri Bezmenov, membre du KGB avant de passer à l’Ouest en 1970. Il fut longtemps collaborateur de l’agence de presse soviétique Novosti et s’expliqua après sa défection sur la propagande marxiste de l’Occident en cours, affirmant dans cette vidéo datant de 1983 que le KGB menait sa guerre contre l’Amérique essentiellement au moyen de « la subversion idéologique ».
 

Détruire l’Eglise de l’intérieur : ce que le KGB a fait

 
Il précisait alors que l’espionnage à la James Bond représentait seulement 15 % de l’activité du KGB ; à l’inverse, les « mesures actives » visaient à démoraliser la jeunesse en Occident représentaient le plus gros du travail de la police politique communiste. Les marxistes cherchaient surtout, selon Bezmenov, à « corrompre la jeunesse, à la focaliser sur le sexe, à l’éloigner de la religion ». Les jeunes, il fallait les « rendre superficiels et les affaiblir (…) ; il fallait détruire la foi des peuples en leurs chefs nationaux en exposant ceux-ci au mépris, au ridicule, au déshonneur (…) ; en organisant l’effondrement des vieilles vertus morales : l’honnêteté, la sobriété, la maîtrise de soi, le respect de la parole donnée. »
 
Dans cet entretien filmé, Youri Bezmenov précisait que les principales cibles étaient les institutions religieuses, l’enseignement, les médias et la culture : pendant que les Etats-Unis rejetaient – en apparence – fermement le communisme soviétique tout au long de la Guerre froide (il n’est pas question dans l’article d’Iben Thranholm des collusions entre le capitalisme et le communisme dans les hautes sphères mondialistes), l’endoctrinement marxiste-léniniste était endémique dans les universités, les médias et le monde de la culture en Occident au cours des années 1960 et 1970, comme le résume Iben Thranholm. « Selon Bezmenov, un groupe de rock ou de pop diffusant un message de “justice sociale” enrobé de sucre dans des morceaux “spirituels” populaires était en réalité plus utile au KGB qu’un prêcheur faisant en chaire l’apologie de la doctrine marxiste-léniniste », observe la Danoise.
 

La stratégie soviétique pour démoraliser l’Occident en général et l’Eglise catholique en particulier

 
En 1983, date de tournage de la vidéo, Bezmenov faisait remarquer que la génération de jeunes intellectuels ainsi éduqués – et subvertis – au cours des années 1960 était désormais au pouvoir, que ce soit dans les sphères publiques dans les médias et l’éducation. « Vous ne pouvez plus vous en débarrasser », affirmait-il.
 
Iben Thranholm souligne que l’ex-KGBiste omet de mentionner spécifiquement l’Eglise catholique, pourtant l’une des principales cibles des Soviétiques. Elle évoque alors le témoignage de l’ancienne communiste Bella Dodd, convertie au catholicisme en 1952 grâce à Mgr Fulton Sheen : devant le Comité des activités antiaméricaines de la chambre des représentants (HUAC), celle-ci avait témoigné à l’époque d’un plan déjà ancien d’infiltration. « Au cours des années 1930, nous avons orienté 1.100 hommes vers le sacerdoce en vue de détruire l’Eglise de l’intérieur. L’idée était de les faire ordonner, afin qu’ils puissent grimper sur l’échelle de l’influence et de l’autorité en devenant des Monsignors et des évêques. » Ils étaient choisis pour leur absence de foi et de vertu morale.
 
Alice von Hildebrand, veuve de Dietrich von Hildebrand, elle-même philosophe et professeur, qui connaissait bien Bella Dodd, affirme que celle-ci avait assuré que du temps où elle était membre actif du Parti, elle avait eu affaire à pas moins de quatre cardinaux au Vatican « travaillant pour nous », comme elle le disait. Bella Dodd, horrifiée par ce qu’elle avait fait, voulut après sa conversion se retirer dans un ordre religieux le plus rigoureux possible pour expier ses fautes aux conséquences si graves pour l’Eglise ; à la demande de Mgr Fulton Sheen, cependant, elle accepta de passer le restant de ses jours, jusqu’en 1969, à témoigner de l’horreur du communisme athée.
 

Iben Thranholm dénonce les infiltrations communistes dans l’Eglise

 
Pour Iben Thanholm, ce qui se déroule actuellement sous nos yeux pourrait bien être le terrible résultat de cette infiltration, les « agents » implantés au milieu du siècle dernier s’étant chargés de recruter d’autres hommes de leur acabit dans les séminaires. De fait, l’explosion des cas d’agressions sexuelles remonte aux années 1960, de telle sorte qu’on peut se demander si, plutôt que de s’agir de prêtres ayant cédé à la tentation, il n’existe pas ici une attaque généralisée à l’encontre de la foi et de la morale chrétiennes du fait d’un ennemi rusé et profondément pervers.
 
En 2016, Alice von Hildebrand attirait l’attention sur ce fait, notant que l’un des éléments clefs des faits qui sont aujourd’hui mis au jour est bien le fait que de nombreux coupables n’étaient pas « des prêtres catholiques devenus esclaves d’une “concupiscence sans limites” mais des infiltrés ayant obtenu de faux certificats de baptême et qui étaient à l’évidence des agents du communisme et de la démoralisation ». « J’ai su par Bella Dodd que ces hommes pervers avaient même infiltré le Vatican – car l’Eglise catholique est la pire ennemie du communisme. Et ils le savent », ajoutait-elle.
 

Les abus sexuels : le fait de prêtres devenus séminaristes sans avoir la foi ?

 
Thranholm voit dans les agressions sexuelles sur mineurs et l’homosexualité répandue dans les milieux cléricaux « le moyen parfait pour démoraliser l’Eglise et l’amener à perdre son autorité morale aux yeux du public et parmi les croyants, poussant les fidèles à abandonner leur foi ». « Ainsi, la mission stalinienne anti-chrétienne est en passe d’atteindre son but deux générations après Staline, à un moment où l’Occident est confronté au second avènement du marxisme », estime Iben Thranholm, pour qui la subversion de ce qui reste des culture chrétienne en Occident va permettre une nouvelle ère soviétique : « Nous pouvons déjà en observer les signes avant-coureurs : la suppression de la liberté d’expression, la tyrannie du politiquement correct, et la persécution politique et psychologique brutale des chrétiens. Seule une Eglise purifiée est capable de se dresser face à ce type de régime diabolique. »
 
D’où son appel à une purge des imposteurs qui n’ont jamais été de vrais disciples du Christ mais des infiltrés dont le but est de détruire son Eglise.
 
La thèse est intéressante, et elle est certainement à prendre en compte lorsqu’on voit l’apparent effondrement de l’institution fondée par Notre-Seigneur pour Le répandre et Le communiquer à travers les siècles. Un effondrement que les grands médias applaudissent, tout en faisant preuve d’une étrange discrétion à l’égard du pape François et des accusations qui le visent à travers le témoignage Viganò – très largement, c’est celui-ci qui est présenté comme le coupable et le responsable de la situation actuelle. C’est un fait qui devrait inciter à réfléchir.
 

Iben Thranholm, admiratrice de Poutine et de la Russie contemporaine

 
En revanche, il y a non moins certainement un élément qui manque dans l’analyse d’Iben Thranholm : c’est une réflexion sur la nouvelle dialectique entre Est et Ouest installé depuis la Perestroïka qui fait apparaître l’Occident « libéral-libertaire » comme l’ennemi à abattre et la Russie comme la gardienne des traditions, de la moralité et de la décence. Qu’elle soit complice volontaire ou involontaire de cette manipulation est une autre histoire, et n’invalide pas l’analyse rapportée plus haut.
 
Nous l’avons dit plus haut, Iben Thranholm est une grande admiratrice de la Russie de Poutine, collaboratrice du média proche du Kremlin RT, auteur d’un article étonnamment intitulé : « Comment Poutine m’a appris ce que veut dire l’imitation du Christ ». Elle y comparant la retenue de Poutine après que la Turquie avait descendu un chasseur russe SU-24 à celle du Christ dans sa Passion… (Il s’agit, soit dit en passant, d’une retenue qui aurait été rendue possible par l’entremise d’Alexandre Douguine, ainsi qu’en atteste un ancien responsable du renseignement turc, Ismaïl Hakki Pekin).
 
On trouve d’autres articles hagiographiques sur le président russe – lui-même ancien non repenti du KGB – sous la plume de Mme Thranholm. Connue pour ses éditoriaux anti-islamistes, elle salue en même temps la Russie qui a su « intégrer l’islam d’une manière entièrement différente », en « respectant » sa deuxième religion par le nombre et en n’incitant pas ses membres à la radicalisation par des comportements dépravés. Ce n’est pas à Moscou qu’on trouvera des caricatures de Mahomet capables de « radicaliser » de nombreux musulmans, assure-t-elle, comme si l’islam radical n’était pas inhérent au Coran.
 

Russie de Poutine : l’islam lui va si bien…

 
Moscou, dit-elle, compte la plus importante population islamique en Europe avec entre 1,5 et 2 millions de musulmans. Le tout « grâce à l’influence de l’église orthodoxe russe », précise-t-elle dans cet article, vilipendant par la même occasion le « nihilisme occidental » qui ne fait plus la distinction entre le bien et le mal (pourtant l’un des éléments les plus fondamentaux du communisme et du marxisme-léninisme). Elle a une vision on ne peut plus rose de la Russie actuelle, qu’elle explique dans un article intitulé « la Russie et l’Occident ont échangé leurs rôles spirituels et culturels », la Russie représentant les traditions chrétiennes et l’Occident « l’esprit communiste à travers le culte occidental des droits de l’homme, de la liberté d’expression et des utopies de l’élite adhérant à la notion des frontières ouvertes ». La solution, pour elle, est que le christianisme occidental se régénère en regardant vers l’Orient (orthodoxe).
 
D’ailleurs, elle n’hésite pas à dire dans un entretien publié par geopolitica.ru, où elle revendique son identité catholique, que lorsque le communisme s’est effondré en Union soviétique, « l’esprit du communisme n’est pas mort, il s’est échappé vers l’Occident », grâce aux « marxistes culturels » qui « imitent ce qui se passait dans l’Union soviétique sous d’autres oripeaux – les droits de l’homme, la liberté d’expression, tout cela devenant totalitaire ». Et aussi, insiste-t-elle : « Le communisme était une idée occidentale, ce n’était pas une idée russe. » Ou comment l’Occident a répandu ses erreurs en Russie ? Curieuse inversion d’une prophétie de Notre-Dame de Fatima…
 

La conversion sans conversion saluée par Iben Thranholm

 
Tout cela permet à Iben Thranholm de dire que « même si les Russes pratiquent très peu leur religion orthodoxe, même s’ils ne vont pas à l’église, ils acceptent l’idée que la société doit être construire sur des valeurs chrétiennes orthodoxes » – curieuse conception là encore d’une « conversion » réduite à ses aspects culturels, et qui se satisfait d’ailleurs d’une persistance du schisme orthodoxe.
 
Il est vrai qu’elle avait salué avec un empressement particulier la rencontre entre le pape François et le patriarche Kirill de Moscou (encore un ancien non-repenti du KGB) à Cuba, sous les auspices des Castro…
 
Un mot sur geopolitica.ru : c’est la plateforme d’expression du gnostique russe Alexandre Douguine, aux multiples liens avec le think tank Katehon supervisé et financé par l’oligarque Konstantin Malofeev – lui-même proche de Vladimir Poutine.
 
Iben Thranholm rappelle des faits connus lorsqu’elle évoque les infiltrations communistes dans l’Eglise catholique. Et peut-être a-t-elle raison – elle a même sans doute probablement raison – en pointant la cause de l’effondrement apparent de l’Eglise… Effondrement tel que nous entendons autour de nous de bons catholiques occidentaux affirmer qu’une invasion russe pourrait bien être finalement une bonne chose face au drame de la déchristianisation, de l’écroulement de la foi et des mœurs, du déferlement migratoire (mais Angela Merkel n’est-elle pas elle-même un produit de la pensée soviétique de par ses origines politiques est-allemandes du temps du communisme ?), du suicide démographique…
 

La stratégie soviétique contre l’Eglise a réussi. Et maintenant ?

 
Cela oblige à se poser une autre question, pourtant. S’il fallait à tout prix obtenir l’effondrement de l’Eglise catholique, si le communisme soviétique s’y est employé avec une telle énergie, quel était donc l’objectif ? Faire disparaître le rempart de la Vérité face au communisme qui ne s’encombre d’aucun dogme, qui peut changer d’allure et de credo au service de la Révolution qu’il poursuit (n’oublions pas la Nouvelle économie politique instituée dès le temps de Lénine parce que le communisme pur et dur échoue forcément). Mais si l’objectif est atteint, à quoi et à qui va-t-il servir ?
 
Le rempart est gravement abîmé, au point que l’heure de la curée semble proche. Si les agissements soviétiques ont en effet apparemment atteint leur but, on peut se demander s’il ne s’agit pas tout simplement du moment où les fruits en seront cueillis par ceux qui, au moment de la Perestroïka, œuvraient en vue d’un Nouvel ordre mondial qui ne supporte pas davantage que le communisme (pour ne pas dire de la même façon et avec les mêmes acteurs) l’Eglise catholique, » seule internationale qui tienne ».
 

Jeanne Smits