Alors qu’Emmanuel Macron a fait de la lutte contre le « réchauffement climatique » et de la mise en œuvre des Accords de Paris consécutifs à la COP21 une « priorité » de sa politique, les effets pervers de ces mesures sont de mieux en mieux connus et reconnus. Une note récemment publiée par l’Académie des sciences de l’Institut de France est venue confirmer ces inconvénients majeurs en montrant, au passage, combien la focalisation sur les énergies « renouvelables » comme l’éolien et le photovoltaïque ignore délibérément le réel, et l’avantage qu’a la France grâce au nucléaire. La « transition énergétique » s’annonce d’ores et déjà comme un coûteux fiasco.
Le document de 3 pages, publié le 19 avril dernier, porte la signature d’une vingtaine de scientifiques, tous membres du Comité de prospective en énergie de l’Académie des sciences : on trouve la liste intégrale au bas du document disponible ici. Notable est le fait que leur texte ne contient aucune remise en cause du discours officiel sur le « changement climatique » : au contraire, ces scientifiques sont persuadés que la France doit réduire son recours à l’énergie carbonée en même temps qu’ils mettent en avant une éventuelle bonne raison de « réduire notre dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles » : elle « alourdit notre balance commerciale ».
Le retour au réel dans un document de l’Académie des sciences
Mais ils donnent très vite le ton : « Les programmes en matière de politique énergétique devraient mieux tenir compte des contraintes physiques, technologiques et économiques. » Autrement dit, ils plaident pour un retour au réel qui tienne compte des différences géographiques et des besoins très différents d’un pays à l’autre en fonction du climat, de la topographie, du degré d’urbanisation.
Première erreur pointée par cet article publié par l’Académie des sciences : faire comme si la production d’électricité constituait l’essentiel du problème. L’électricité ne représente pourtant que le quart du mix énergétique. Deuxième erreur : croire que le recours aux « renouvelables » permettrait d’assurer l’essentiel de la production électrique.
Les scientifiques montrent que l’un des problèmes majeurs est lié au « mauvais rapport entre l’énergie produite et celle qui correspond à la puissance maximale affichée », ce qu’on désigne sous le nom de « facteur de charge moyen ». Pour les éoliennes, ce facteur de charge n’est que de 23 % : pour le solaire photovoltaïque, il descend à 13 %. Quant au rapport de la puissance installée par rapport à la puissance garantie, il est encore plus mauvais.
Eolien, photovoltaïque : les « renouvelables » coûtent cher
« C’est ce qui ressort des chiffres de production éolienne en France, montrant que la puissance disponible issue de l’ensemble des éoliennes réparties sur le territoire tombe souvent à 5 % de la puissance affichée. Ainsi, un ensemble qui peut en principe fournir 10 GW ne délivre qu’un demi GW pendant une partie du temps », explique le rapport. Plus on s’appuie sur l’éolien, plus il faut prévoir des énergies alternatives « pour pallier cette intermittence et compenser la chute de production résultant de l’absence de vent ou de soleil », poursuit-il. « On pourrait penser que les échanges d’énergie au niveau européen pourraient pallier ce problème. Or les nuits sont partout longues à la même période en Europe, et les anticyclones souvent simultanés chez nous et nos voisins. » Eh oui, c’est ballot…
L’exemple allemand le démontre parfaitement : nos voisins ayant décidé de « sortir du nucléaire » (sans émissions carbone…) en 2011, la part de cette énergie dans la production électrique est passée de 22 à 13 % depuis lors. La part des renouvelables est passée à 30 %. « Mais la part des combustibles fossiles reste de 55 %. C’est la croissance de l’offre intermittente d’électricité produite par les renouvelables qui a nécessité l’ouverture de nouvelles capacités de production thermiques à charbon (13 GW) et un développement de l’exploitation du lignite. De sorte que l’Allemagne continue à être l’un des pays européens les plus gros émetteurs de CO2 pour un prix de l’électricité le plus élevé. On ne peut pas parler d’un succès. »
Plus on se fie au soleil et au vent, plus il faut prévoir une production de rechange
Pour les scientifiques de l’Académie des sciences, « l’énergie nucléaire est objectivement le moyen le plus efficace pour réduire la part des énergies fossiles dans la production d’énergie électrique » : c’est notamment ce qui permet à la France d’afficher des émissions carbone deux fois moins importante par tête que l’Allemagne et trois fois moins que les Etats-Unis.
Or la France, aux accords de Paris, s’est engagée à atteindre un niveau de 32 % de renouvelables, et Macron y veillera, en même temps qu’il promet de réduire à 50 % la part du nucléaire dans le mix de production d’électricité, lui qui représente aujourd’hui 75 %. En même temps il fermera les dernières centrales à charbon. Impossible n’est peut-être pas français, mais là on se heurte à de bien encombrantes réalités…
Les auteurs de l’Académie des sciences le pensent en tout cas : « Dans ce cadre général, il y a une véritable contradiction à vouloir diminuer les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant à marche forcée la part du nucléaire. En réalité de nombreuses études montrent que la part totale des énergies renouvelables dans le mix électrique ne pourra pas aller très au-delà de 30-40 % sans conduire à un coût exorbitant de l’électricité et des émissions croissantes de gaz à effet de serre et à la mise en question de la sécurité de la fourniture générale de l’électricité. Notons également que s’il est déjà bien difficile d’inclure une fraction significative de solaire et d’éolien dans la production d’électricité, le problème des 75 % d’énergie non électrique consommés par les transports, l’habitat, l’industrie est autrement redoutable. »
Le nucléaire : la solution face au coûteux fiasco de la transition énergétique
On notera enfin ce que le rapport souligne à propos de la marche vers les renouvelables : « Il faut aller dans cette direction, les citoyens le souhaitent. » Raison politique, donc, citée en conclusion. L’introduction le disait autrement : « Dans l’état actuel du débat, nos concitoyens pourraient être conduits à penser qu’il serait possible de développer massivement les énergies renouvelables comme moyen de décarbonation du système en le débarrassant à la fois des énergies fossiles et du nucléaire. »
Mais que sait le citoyen ordinaire de la production d’énergie, des effets polluants, des « émissions carbone » ? Ce que les médias lui disent… A bien lire le texte de l’Institut de France, on en déduit que les citoyens français sont massivement leurrés par des fake news.
CQFD.