C’est la propre maison d’édition du célèbre Massachussetts Institute of Technology (MIT Press), temple de l’Amérique libérale, qui vient de l’éditer. Pourtant, ce Communism for Kids, petit livre historique de vulgarisation d’apparence anodine destiné aux enfants, présente de sérieuses raisons de s’inquiéter. Ecrit par Bini Adamczak, un Allemand spécialisé dans les théories politiques et les « opinions non-conformistes » (sic), il est présenté par Amazon dans les termes suivants : « Il était une fois un peuple qui aspirait à se libérer de la misère du capitalisme. » Cela va de soi, en aucune manière le livret n’aborde la question de ces peuples qui se sont battus pour se libérer du sous-développement et de la tyrannie policière instaurés par les dictatures du « parti ». Mais le plus grave est bien qu’il ne s’agisse pas d’un classique manifeste communiste mais d’un conte pour enfants, rempli de « princesses jalouses, d’épées de luxe, de paysans déportés, de patrons méchants et de travailleurs exténués », sans parler d’une boule de cristal, d’une chaise parlante et d’un grand pot commun appelé « Etat ». Tout ce qu’il faut pour formater les petits esprits à la haine de l’Occident, de sa liberté d’entreprendre et de sa spiritualité.
MIT Press nous vend « d’adorables petits révolutionnaires vivant leur éveil politique »
MIT Press écrit que l’ouvrage d’Adamczak « soulage ceux, nombreux, qui ont été assommés par l’exégèse marxiste et éprouvent des maux de tête devant l’austère affectation de la pensée politique socialiste ». Car ce manuel à 12,95 dollars, donc accessible à tous, « présente la théorie politique dans les termes simples d’une histoire pour enfants, accompagnés d’illustration d’adorables petits révolutionnaires vivant leur éveil politique », poursuit l’éditeur. Ainsi, sans en avoir conscience, « les lecteurs apprendront l’histoire économique de la féodalité, la lutte des classes de l’époque capitaliste, les différentes variantes du communisme et bien plus encore ». On y découvre un texte « centré sur les ouvriers de deux usines qui doivent faire face à une quantité de difficultés pour protéger leur journée de travail, leurs combats étant situés dans les contextes de divers système économiques ». « Je ne veux pas jouer les trouble-fête, ironise Jeryl K. Chumley, du Washington Times, mais devinez quel système, au bout du compte, garantit leur temps de travail ? »
Tout est beau dans le meilleur des mondes socialistes donc, même si dans la réalité vraie ça ne s’est jamais passé comme ça. Il a d’abord fallu massacrer ou affamer des paysans par millions, sous les ordres de Lénine ou de ce Trotsky qu’ont osé vénérer cinq candidats sur onze à la présidentielle de cette année en France (Poutou, Arthaud, Hamon, Mélenchon, Cheminade). Puis il a fallu faire porter la responsabilité des échecs aux autres, suivant la vieille pratique de la victime émissaire – « traîtres » à Staline, Mao, Castro ou Pol Pot, ennemis de l’extérieur pour leurs successeurs. Le fils d’aristocrate argentin « Che » Guevara dont le portrait orne toujours les Tee shirts de nos adolescents, invitait ses copains à assister aux exécutions sommaires d’opposants politiques dans la cour de leur prison tout en sirotant un rhum. De cela, notre vulgarisateur allemand ne dit mot.
Toute souffrance, tout crime, tout « péché » proviennent des l’inégalité économiques : le marxisme expliqué aux enfants
Mais revenons à la doxa du marxisme enseignée aux tout-petits sous l’égide du MIT. Marx estimait que toute souffrance humaine trouvait son explication dans l’inégalité économique et qu’en l’éliminant on éliminerait subséquemment tout crime, tout péché et de ce fait tout besoin d’autorité. Le communisme, paradis sur terre par la grâce de la révolution et de l’égalité matérielle. Matérialisation de l’espérance par application du matérialisme dialectique et de la dictature du prolétariat, sel de la terre car classe sociale par définition la plus proche de la matière. Renversement des polarités : « Occupez-vous des conditions économiques et tout le reste sera résolu. » Homme, pur produit d’une supposée autogénération matérielle. Opposition à toute idée de Dieu, « opium du peuple ». Or cet état d’esprit, ou plutôt d’opposition satanique à l’Esprit, infuse la mentalité moderne, telle cette idée, très prisée par nos magistrats de gauche, selon laquelle « le crime n’est que la résultante de la pauvreté ». Une systématisation démentie par le fait que, durant la grande dépression, le taux de criminalité avait plongé comme jamais. Qu’à niveau de vie égal, certaines sociétés sont plus criminogènes que d’autres. Que les parrains des mafias n’ont jamais fait la manche. Ou que si tous les pauvres étaient criminels, la vie serait invivable.
Communism for Kids : apprendre le communisme avec Bini Adamczak
Mais, non, continuons à enseigner aux enfants la belle fable du salut mondain par l’égalité, du paradis « ici et maintenant ». Oublions que les révolutions socialistes ont échoué par interdiction des libertés économiques et de leurs corollaires, l’inventivité, le risque et la récompense de l’utilité sociale par un profit légitime. Et qu’elles ont toujours pallié leur destruction massive de valeurs (spirituelles mais aussi… matérielles !) par l’instauration de tyrannies sanglantes.
A l’opposé de ce qu’on trouve dans l’opuscule édité par le MIT, il faudrait qu’un auteur mette en scène un gamin communiste réussissant à faire assassiner 94 millions d’humains, bilan généralement admis par les historiens des répressions de ce type de régimes. MIT Press pourrait publier aussi par exemple « Dix manières de gérer un goulag vraiment cool ».