Le nombre d’adoptions internationales a été divisé par trois selon l’Ined

Le nombre d'adoptions internationales a été divisé par trois selon l'Ined
 
L’Institut National d’Etudes Démographiques (Ined) vient de publier un bilan sur les chiffres de l’adoption à l’internationale, sur la base des rapports des Nations-Unis : « les raisons du déclin ». La tendance est plus qu’à la baisse : la courbe s’est effondrée. Entre 2003 et 2013, le nombre d’adoptions internationales a été divisé par trois. Et la plupart des mineurs proposés à l’adoption internationale sont désormais « à besoins spécifiques », c’est-à-dire relativement âgés, en fratrie, ou touchés par une pathologie.
 
Le milieu des années 2000 voyait 40.000 adoptions internationales par an, concentrées sur un petit nombre de pays d’origine (en premier lieu la Chine, la Russie, le Guatemala, l’Ukraine et la Corée du Sud), et sur un encore plus petit nombre de pays d’accueil ( par ordre d’importance, les États Unis, la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne). Depuis, ce nombre a été diminué des deux tiers : 15.188 adoptions internationales en 2013, soit une chute de 64 %. Par rapport à 2004, le nombre d’adoptés a baissé, en 2013, de 17 % en Italie et 36 % au Canada, mais de 79 % en Espagne et de 80 % en Norvège. En France, ce nombre a baissé de 67 %.
 

Causes de l’effondrement des adoptions internationales

 
Un effondrement général dû, non pas à la demande des couples ou des individus qui reste similaire, mais bien à « l’offre » des mineurs adoptables – le rapport parle même de « pénurie ».
Pour quelles raisons ? L’auteur évoque la baisse de la mortalité et la hausse du niveau de vie des pays traditionnellement d’origine des adoptés, l’accroissement des politiques sociales et familiales d’aide aux mineurs orphelins ou abandonnés, mais aussi la diffusion de nos modèles occidentaux incarnés dans la contraception et l’avortement.
 
D’autre part, la convention de la Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale, ratifiée par un nombre croissant de pays depuis 1993, met l’accent sur l’adoption nationale, en partie pour lutter contre le trafic d’enfants et promouvoir plus globalement leur intérêt propre, celui de ne pas quitter leur pays – ce qui reste évidemment une bonne chose.
 

Une augmentation de GPA et de PMA prévisible (Ined)

 
Mais la baisse est trop flagrante pour être uniquement expliquée par ces réalités. Certains pays d’origine ont entravé ces adoptions par des restrictions humaines et sociales, dûes en particulier au miroir « moral » renvoyé par les pays d’accueil. Il y a, en tous les cas, un repli notoire. La Chine plus particulièrement, requiert désormais des couples mariés hétérosexuels avec deux ans de mariage minimum – cinq ans pour les familles recomposées –, un niveau d’étude important et aucun handicap physique majeur. La Russie a, elle, voté une loi en juin 2013, interdisant l’adoption d’enfants russes par des couples homosexuels ou des célibataires dans les pays ayant légalisé les unions entre personnes de même sexe. Elle a , de même, été largement échaudée par des retours d’enfants qui « ne convenaient pas »… En Afrique, le Congo n’a autorisé l’année dernière que 2 adoptions.
 
En 2014, la France risque de retrouver pratiquement son niveau de 1970 et de passer en dessous de la barre des 1.000 adoptés internationaux : au 1er décembre, ils étaient de 935. « Cela représente le nombre d’adoptions le plus bas depuis trente ans, commente la directrice de l’AFA (Agence française de l’adoption) » Même en parvenant à 1.050 adoptions, il s’agira d’un recul d’encore environ 22 % par rapport à 2013. Pour 18.000 couples possédant un agrément… La conséquence est certaine pour l’auteur de ce rapport de l’Ined : « on peut s’attendre à une augmentation des demandes de procréation médicalement assistée ainsi que de gestation pour autrui ».