« Agression » de NKM :
montage d’Etat, mensonge du Système

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L’extraordinaire battage politique et médiatique mené autour du malaise ressenti par NKM lors d’un tractage électoral est un montage d’Etat. Tout le système s’est mobilisé pour monter un spectacle républicain qui, au même titre que le petit Grégory, détourne l’attention du public.
 
Dans l’agression prétendument subie par NKM hier matin sur un marché du cinquième arrondissement de Paris, il y a des choses sûres et des éléments troubles. Les éléments d’incertitudes sont les faits, les choses sûres sont l’extraordinaire relation qu’en ont fait les médias et la morale qu’en a tirée la classe politique « unanime » et « horrifiée » : ce qui s’est passé (quoi ?) est « inadmissible en démocratie ».
 

Quelques faits établis après « l’agression » de NKM

 
D’abord les éléments établis. Deux journalistes de l’AFP au moins étaient présents sur les lieux. Très peu de temps après « l’agression », ils l’ont relatée, des photos et un texte ont été mis en ligne et repris par tous les médias sur le web. Les titres et le contenu affirmaient l’agression par un homme d’une cinquantaine d’année, la chute consécutive et corrélée de NKM à terre, les insultes proférées par l’agresseur (« bobo de merde » et d’autres échanges verbaux avec un haut niveau de décibels), sa fuite immédiate en courant vers la bouche de métro la plus proche.
 
Les photos montraient d’une part un chauve en chemise à carreau de dos prenant les tracts de NKM et celle-ci levant la main, de l’autre NKM à terre, en plan large et en plan plus resserré avec un homme jeune en train de l’examiner.
 

Quelques questions sur « l’agression » de NKM

 
Plusieurs questions venaient immédiatement à l’esprit. Sur un marché, surtout quand on est une femme, surtout aussi en vue et controversée que NKM, on ne tracte pas seule. Si agression il y a eue, où est l’équipe de NKM ? Que faisait-elle ? Il y a eu altercation bruyante : pourquoi n’est-elle pas intervenue ? Pourquoi ne s’est-elle pas interposée lors de l’agression du chauve ? J’ai moi-même tracté dans ma jeunesse, et subi des attaques manifestes et dangereuses : les militants exerçaient leur devoir de protection. Tout récemment, à Guillestre, Marion Le Pen a pu échapper aux coups et aux crachats d’une dizaine de mâles agressifs après un meeting grâce à son service d’ordre.
 
Question plus simple encore, qui ressort à la technique de journaliste : pourquoi la deuxième journaliste n’a-t-elle pas filmé la scène sur son portable, ou pourquoi n’a-t-elle pas tout de suite diffusé la vidéo ? Et pourquoi surtout le photographe, qui comme tous ses confrères « mitraillait », n’a-t-il produit que quelques vues où l’on ne voit ni « l’agression » proprement dite, ni la chute ?
 

Comment le système a imposé le thème de la « violence »

 
Reprenons l’exposé des faits établis. Un peu plus tard, les titres des articles disponibles devinrent dramatiques. L’agression devint « violente » et un témoin en donnait des détails. Ce témoin, c’était le photographe de l’AFP. Il donnait autorité à un point : le caractère extraordinaire de « l’agression » : « Ca arrive assez fréquemment que des passants, des militants s’en prennent à un candidat, de manière verbale, mais de manière aussi physique, aussi violente, moi, je n’avais jamais assisté à ça ». Le « moi » est important, il atteste de l’honnêteté du témoin. Des scènes plus violentes peuvent exister, lui n’en a pas vu. Dès lors, le la était donné, et les éléments de langage exprimant cette violence extraordinaire devaient apparaître dans tous les papiers, du Point au Huffington post en passant par le Monde.
 

Des récits suggérant que l’état de NKM était très grave

 
D’abord, NKM une fois à terre « est restée inconsciente plusieurs minutes ». Combien ? La journaliste de l’AFP dit « dix minutes », d’autres « une quinzaine ». Un long évanouissement qui a valu à NKM d’être « hospitalisée à Cochin ». Elle y a « subi des examens approfondis dans l’après-midi de jeudi », et son équipe de campagne a annoncé qu’elle y « resterait en observation pendant la nuit ». Elle était « très choquée » et ne recevait de visite que « de ses enfants ». Un récit élaboré pour montrer la gravité de l’agression et des effets sur la santé de l’agressée. Le premier ministre Edouard Philippe a sans doute enfreint la consigne en passant assurer NKM de sa sympathie, mais c’était pour la bonne cause, il n’a pas manqué de condamner l’agression, ajoutant que pour sa part « les violences physiques des hommes envers des femmes qui sont plus petites et plus légères ne (lui) inspirent que du mépris ».
 

L’exploitation politique du thème de l’agression par le système

 
Suivit un hourvari politique de grande ampleur. Tout le système, à gauche, à droite, au centre, se rassembla pour assurer NKM de sa sympathie et condamner une agression inadmissible en démocratie, tout le monde, Juppé, Raffarin, Fillon, Wauquiez, et même les extrêmes, Mélenchon et Marine Le Pen ont condamné, sans connaître les faits : « Ces comportements de plus en plus fréquents sont inadmissibles ». Or il faudrait en bonne logique savoir ce qui s’est passé avant de condamner « ces comportements ». Et si Marine Le Pen peut justement souhaiter que « la violence n’a (it) pas sa place dans une campagne électorale », il faut constater qu’elle l’a de fait, et donc classer « l’agression » dans les nombreuses violences qui accompagnent, dans la réalité, toute campagne électorale. Sinon, on ne fait que participer à un montage, lui donner autorité.
 
Or le seul fait avéré pour l’instant, c’est le montage en mayonnaise par les médias d’un fait mal élucidé, et son exploitation politique. Le système unanime appelle à un « rassemblement contre les violences et pour la démocratie » organisé par des élus et candidats parisiens aujourd’hui à six heures du soir sur le lieu de « l’agression ».
 

Que s’est-il vraiment monté avant le montage médiatique ?

 
Maintenant, que s’est-il vraiment passé hier matin ? NKM a été prise à partie par un chauve vêtu d’une chemise à carreau qui était en colère et l’a traitée de bobo de merde. Un peu plus tard elle était à terre. Un témoin (Alexis) parle d’un « coup à la poitrine ». Aucun des autres témoignages ne le confirme. Aucune vue ne l’établit. Plusieurs personnes affirment que NKM a « perdu l’équilibre ». Nul n’explique pourquoi. Selon un témoin direct interrogé par le Parisien c’est en se protégeant (du paquet de tracts) que NKM s’est donnée un coup et est tombée au sol. Les Inrockuptibles affirment que « cette action conjuguée à la météo chaude et lourde a provoqué une perte momentanée de connaissance ». Si NKM n’a pas simulé (comme au foot), elle se serait giflée par maladresse, et, peut-être effrayée, aurait tourné de l’œil sous l’effet de la canicule, étant affaiblie par les régimes amaigrissants qu’elle suit, pense Français de souche, ou par le stress et le surmenage de la campagne. Ce qui expliquerait les « examens approfondis » qu’elle a suivis.
 

Le montage cinéma qui raccorde deux scènes distinctes

 
Cela rendrait beaucoup mieux compte des photos qui ont paru par la suite, sur le site de l’Orient le jour notamment. On y voit l’auteur de l’agression debout, à trois mètres de NKM à terre, personne ne lui prêtant la moindre attention. Personne. Aucun des membres de l’équipe NKM ne tente de le ceinturer ni même de le raisonner. Il y en avait pourtant au moins un sur place, puisqu’il a suivi ensuite l’agresseur jusqu’à la station Cluny. Ledit agresseur observe, tranquille, loin de « fuir immédiatement » comme il a d’abord été écrit. Le photographe de l’AFP l’a d’ailleurs reconnu dans son témoignage tardif, il note sa présence « en plan large ».
 
Qu’en déduire ? Il y a bien eu altercation avec un homme qui s’est montré grossier, il y a bien eu malaise : mais le lien de cause à effet, « l’agression violente » est un montage de cinéma qui raccorde deux scènes distinctes pour donner l’impression que l’une est la pleine conséquence de l’autre, un mensonge d’Etat qui permet une opération politique au système.

L’Etat au secours de NKM, candidate emblématique du système

 
Son but ? Retaper la cerise à NKM, candidate emblématique de l’UMPS, du système mondialiste, mangeant à tous les râteliers de la droite à la gauche, mais très impopulaire. Et surtout occuper jusqu’au deuxième tour une scène où l’incompétence et les affaires des candidats d’En marche commençaient à se voir. Et enfin, proscrire du « débat démocratique » la violence et les mouvements politiques que le système y assimile.
 
On dira que c’est peu de chose, le malaise d’une arriviste sur un marché, la complicité des médias, le chœur intéressé des histrions politiques. Un détail parmi tant d’autres, dans une France où tous les jours de vraies violences, très graves et en masse sont faites aux femmes. Et pas seulement aux femmes : le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, vient d’être renversé par un jeune à scooter alors qu’il tentait de s’opposer à un rodéo devant sa mairie, sans que l’Etat ni le système ne s’en émeuvent.
 
Oui sans doute, l’affaire NKM est un détail. Mais il est des détails importants, significatifs. Le montage auquel elle a donné lieu montre que nous entrons dans une dictature molle où la réalité s’efface complètement devant le récit virtuel qu’on en fait.
 

Pauline Mille