Le ministre algérien de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, affirmait le 24 décembre avoir reconduit aux frontières avec le Niger et le Mali 10.000 migrants subsahariens, c’est-à-dire d’Afrique noire. Evitant d’utiliser le terme « expulsions », le ministre a assuré que ces reconductions s’étaient faites en consultation avec les deux pays voisins, et il a redit que les immigrants clandestins n’étaient pas les bienvenus en territoire algérien. Ces déclarations s’inscrivent dans la ligne de celles formulées par le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel et le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Ce dernier, alors qu’il était encore chef de cabinet à la présidence, avait affirmé que l’immigration illégale était source de criminalité et de trafic de drogues, ce qui avait suscité les cris d’orfraie habituels chez les associations droits-de-l’hommistes pour lesquelles il s’agissait de déclarations racistes. Ces associations ont eu la même réaction d’autruche quand Abdelkader Messahel a déclaré voir dans la présence massive de migrants une menace pour la sécurité nationale, car elles refusent par idéologie d’admettre les problèmes qui accompagnent toujours ce genre d’immigration, aussi bien pour les arrivants que pour les autochtones. On peut certes citer l’exemple de la politique d’intégration conduite par le Maroc voisin, mais tout est question de proportions.
Le Maroc se transforme en terre d’accueil, mais en maintenant l’immigration à des niveaux compatibles avec l’intégration
Au Maroc, en effet, si les autorités délivrent des cartes de séjour et ont mis en place des politiques d’intégration, le nombre de résidents étrangers ne se compte qu’en quelques dizaines de milliers. Rabbat ne délivre généralement que des titres de séjour provisoires et 25.000 demandes sont en cours d’examen. En 2014, lors de la précédente campagne de régularisation des immigrés clandestins, 23.000 personnes avaient obtenu un droit de séjour temporaire. Ces chiffres raisonnables, sans doute compatibles avec une intégration réussie, n’empêchent pas certaines tensions, comme en novembre à Casablanca lors d’affrontements entre des groupes de noirs et de Marocains. Rappelons aussi qu’avec l’assèchement des fonds européens qui étaient versés en échange de la coopération du Maroc pour empêcher les migrants d’atteindre l’Europe, le nombre d’immigrants arrivant illégalement en Espagne est aujourd’hui en forte augmentation, tous ne choisissant pas le Maroc ou ne parvenant pas à s’y installer.
Les expulsions depuis l’Algérie et la Libye auront un effet dissuasif sur les migrants subsahariens
La politique d’expulsions algérienne n’est pas nouvelle. Elle n’avait été suspendue que pour une courte période en août dernier à la suite de protestations internationales. Le ministre Noureddine Bedoui n’a pas précisé de quelle période il parlait en évoquant les 10.000 reconductions à la frontière, mais on peut supposer qu’il s’agit de la période courant depuis la reprise des expulsions en août.
De son côté, l’Union africaine a annoncé au début du mois de décembre son intention de rapatrier de Libye d’ici au mois de janvier 20.000 migrants qui s’y trouvent coincés en situation irrégulière, faute d’avoir pu continuer leur périple vers l’Europe. Il s’agit de migrants placés dans des centres de détention contrôlés par le gouvernement libyen qui ont exprimé leur souhait de rentrer au pays. Comme quoi, freiner l’immigration illégale en Europe, c’est possible : il suffit de bloquer les voies d’immigration illégale et d’empêcher les ONG immigrationnistes européennes d’aller chercher les candidats à l’immigration près des rivages d’Afrique du Nord. Autant les régularisations et les non-expulsions ont un effet d’appel d’air, autant les rapatriements ont un effet dissuasif dans les pays d’origine des immigrants illégaux. Le laxisme européen dans ce domaine ne fait que compliquer la situation en Afrique du Nord.