C’est assez rare pour être souligné dans notre monde sécularisé : le président polonais, Andrzej Duda, a fortement proclamé l’identité chrétienne de son pays en assurant que celui-ci resterait fidèle à son héritage, au cours d’un discours solennel devant l’Assemblée nationale polonaise à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne. C’était une session extraordinaire qui s’est tenue à Poznan le 15 avril, devant un légat apostolique, le nonce, le primat et les évêques…
Le baptême du duc Mieszko 1er marque en effet la conversion officielle du pays en 966. Pour Duda, c’est « l’événement le plus important de toute l’histoire de l’État et de la nation polonaise ».
Et de citer la célèbre phrase de saint Jean-Paul II : « Sans le Christ, on ne peut pas comprendre l’histoire de la Pologne. »
Le discours d’un président chrétien, Andrzej Duda
En 2016, alors que le laïcisme et son frère jumeau, le relativisme religieux ne cessent de progresser, une telle déclaration de foi et de refus de la séparation des domaines politique et religieux est vraiment remarquable. La Pologne a subi l’occupation antichrétienne des nazis, avant de passer, avec la soumission à la Russie soviétique antichrétienne, sous la botte du communisme athée. Même si des doutes subsistent sur une possible manipulation du syndicat Solidarnosc qui a accompagné la marche de la Pologne vers le recouvrement de sa souveraineté, Andrzej Duda est venu apporter la preuve que l’identité chrétienne reste très profondément ancrée dans le peuple polonais. Le simple fait de l’élection d’un président issu d’un mouvement politique ouvertement attaché à la foi catholique en est le témoignage éclatant.
Est-ce à dire que la Pologne veut désormais confondre le spirituel et le temporel ? Les partisans de la laïcité voudraient le faire croire. Ils en veulent pour preuve l’initiative législative en cours visant à repénaliser l’avortement dans tous les cas. Ce sont bien les partisans de la laïcité, en effet, qui ont réussi à faire de cette question du respect de la vie une affaire confessionnelle, qu’elle n’est pas.
En Pologne, l’héritage chrétien n’est pas une chose du passé
Ce même sophisme permet de rejeter sur les seules autorités religieuses le devoir de se mobiliser contre l’avortement, dédouanant du même coup les politiques qui s’en lavent les mains : telle est la position en France de Marine Le Pen, par exemple.
Quelques précisions s’imposent ici. Le refus de confondre le spirituel et le temporel, la saine disposition qui nous invite à rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César, n’implique pas l’autonomie du temporel – au sens premier d’autonomie : le fait d’édicter soi-même ses propres règles. Le temporel est distinct, mais non séparé du spirituel. Plus exactement, les Etats comme les personnes sont tenus de respecter la loi naturelle, et rien ne s’oppose à ce qu’un pays affirme publiquement son adhésion à la Foi, ce qui n’implique évidemment pas qu’il se livre à la persécution des « infidèles ».
La Pologne restera fidèle au Christ, promet Andrzej Duda
Le discours d’Andrzej Duda sur le baptême de la Pologne mérite d’être lu en entier. Les premiers mots donnent le ton : « Le baptême de Mieszko Ier est l’événement le plus important de toute l’histoire de l’Etat polonais et de la nation polonaise. Je ne dis pas : ce fut, je dis : c’est, car la décision prise par notre premier souverain historique a prédéterminé tout l’avenir de notre pays. »
Et pour Andrzej Duda, il ne fait pas de doute que la foi au Christ est ce qui constitue à la fois le cœur, la cohésion et l’espérance de la Pologne : « En se faisant baptiser, nos ancêtres ont défini le noyau autour duquel la magnifique nation polonaise se formerait. Et aux moments les plus sombres, quand nos ennemis essayaient de détruire l’Église pour que s’effondrent les bases de notre identité polonaise, le peuple polonais défiait cet objectif et se massait dans les temples, poursuivant dans son sens de la communauté, et témoignant ainsi de la sagesse éternelle de la décision prise jadis par nos ancêtres. »
Les deux citations ci-dessus sont extraites de la traduction du discours du président de la Pologne par Yves Daoudal. L’intégralité du discours se trouve ici, sur son blog.
C’est un puissant appel à l’espérance.