Des araignées aspergées de graphène et de nanotubes de carbone ont produit la fibre la plus résistante au monde

Des araignées aspergées de graphène et de nanotubes de carbone ont produit la fibre la plus résistante au monde
 
On connaît la légendaire résistance des fibres de toiles d’araignée. A l’université de Trente, en Italie, des chercheurs ont cherché à les améliorer, et y sont parvenus avec l’aide des arachnides eux-mêmes, en incorporant du graphène et des nanotubes de carbones dans les fils tissés par les petites bêtes. Il a suffi de les en asperger.
 
Emiliano Lepore et ses collègues ont d’abord recueilli des araignées Pholcidae – elles ont des allures de faucheux mais n’en sont pas – dans la campagne italienne. Les quinze spécimens ont été conservés en laboratoires sous des conditions contrôlées, et leurs productions de fils de soie porteurs recueillis pour servir de contrôle.
 

Quinze araignées aspergées de graphène et de nanotubes de carbone incorporent les molécules dans leurs fils

 
Puis les quinze araignées ont été aspergées d’eau contenant des flocons de graphène ou des nanotubes de carbones. Les productions de fil suivantes ont été recueillies et analysées« : on arrive à des valeurs record, que ce soit pour le module d’élasticité (47,8 gigapascals), la résistance à la fracture (5,4 GPa) ou le module de résilience (2,1 GPa). Cette dernière est la plus haute valeur connue pour une fibre, dépassant celle du Kelvar 49, l’une des fibres synthétiques les plus résilientes.
 
Les chercheurs ne savent pas de quelle manière l’aspersion d’eau additionnée de graphène et de nanotubes de carbone permet aux araignées assimiler ces substances et de les incorporer lors du processus de tissage. L’analyse spectroscopique des fibres a permis d’établir qu’elles y étaient effectivement présentes mais cela n’explique pas comment la chose s’est faite. Ils supposent qu’il ne s’agit pas simplement d’un revêtement extérieur des fibres, puisque celui-ci ne permettrait pas de parvenir aux valeurs de résistance mécanique obtenues«&nbsp: pour cela, il faut que les substances se trouvent au cœur des fils. Les chercheurs supposent que les araignées ont ingéré l’eau « renforcée »au carbone et que ces substances ont été retrouvées dans leurs fils.
 

La fibre la plus résistante au monde, fibre d’une interaction entre un animal et une aspersion de carbone

 
Selon The Science Times, l’utilisation de mélanges de nanotubes de carbone a produit les meilleurs résultats, avec des fils 3,5 fois plus résistants que les fils de la Caerostris darwini connue pour l’extraordinaire résistance de sa toile.
 
Tout cela ouvre la voie à l’idée qu’outre le transhumanisme – l’« amélioration » mécanique de l’homme – on pourrait s’orienter vers une modification des espèces afin de les utiliser à des fins scientifiques ou mécaniques.
 

Anne Dolhein