Le Billet : Ariane à Cambridge : comment l’art con(temporain) et les gauchistes se font mutuellement de la pub

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Cela fait longtemps que les princesses voyagent. On a connu Iphigénie à Aulis et en Tauride, et Ariane, sœur de Phèdre, comme elle fille de Minos et de Pasiphaé, après avoir aidé Thésée, grâce à son fil, à vaincre le Minotaure et sortir du Labyrinthe de Crète, fila sur Naxos où son cher et tendre l’abandonna. La voilà maintenant échouée devant la gare de Cambridge où Gavin Turk, plasticien féru d’art con(temporain) l’a représentée sans tête et saucissonnée (peut-être avec la corde qui lui a servi de fil) pour faire parler de lui. Et aussitôt Noami Bennett, élue verte gauchiste du coin a réclamé le retrait de la statue, qu’elle juge « misogyne » à cause de ses liens qui « banalisent la violence contre les femmes ». Niaiserie, enfantillages, dira-t-on ? Oui, mais c’est pour les gauchistes et l’art con(temporain) une manière de se faire mutuellement de la pub.

 

L’art con(temporain) et la pub de Duchamp à Koens et Hirst

Gavin Turk n’est pas un débutant. A 67 ans, il a appris par cœur tous les trucs commerciaux et provocations plus ou moins intellectuelles dont se nourrit l’art con(temporain). Il a commencé avec un studio vide en 1991, continué avec de petites figurines, un sac poubelle. C’est un agréable escroc qui a piqué à Duchamp, à Warhole, à Damien Hurst (l’homme dont la femme de ménage avait jeté une « œuvre », i.e. quelques mégots) toutes leurs petites façons d’attirer le nigaud. Son Ariane à Cambridge est un pastiche de statue couchée sans tête avec quelques drapés grossiers et quelques vraies cordes. Quasi rien, juste une façon de pomper le portefeuille du contribuable local. Personne n’en parlait d’ailleurs depuis son installation en 2022 par l’artiste vêtu pour la circonstance en orange mais les gauchistes locaux sont venus en renfort.

 

Pas d’Ariane à Cambridge, et le vagin de la Reine ?

Naomi Benett a le QI d’une huître hémiplégique. Lors du conseil municipal du 10 octobre, elle a voulu justifier sa présence auprès de ses électeurs et se faire un peu de pub. Elle a donc dit ce qu’elle sait dire puis laissé la parole à une consœur gauchiste, Jean Glasberg : « Il me semble mal que cette sculpture soit ici. Est-ce que c’est cela que les gens veulent voir quand ils arrivent à Cambridge ? » Là, elle n’a peut-être pas tort, mais on aurait pu poser la question pour d’autres lieux et d’autres œuvres d’art con(temporain) : le vagin de la reine, le sapin ou plug anal de la place Vendôme, etc. Mme Glasberg a élargi la question d’une voix vibrante à la géopolitique : « Je pense à toutes les femmes dans tant de pays qui sont voilées et ne peuvent s’exprimer, et à toute la violence et aux abus dont nous savons que les femmes les subissent. »

 

Gauchistes et artistes comme larrons en foire

Et c’est pourquoi elle a jugé important de s’interroger sur « l’éthique » de l’œuvre. Le tout sans un sourire. Le ridicule ne tue plus aujourd’hui, il a remplacé la réalité, il est le pouvoir même. Côté Ariane, on a répondu sur le même ton, avec le plus grand sérieux. Deborah Curtis, la femme de Turk, a saisi l’occasion de se faire de la pub en proposant « un débat positif », ajoutant au micro de la BBC : « Je crois que c’est une question intéressante de savoir si la statue reste ou non. (…) Si nous pouvons voir les choses ou les interpréter d’une manière différente d’avant grâce à ces conversations cela ne peut être que positif. » Ça pègue, comme on dit dans le midi. Plus sirupeux, on ne trouve pas. Et bien sûr elle conclut en affirmant que « la dernière chose que Gavin voudrait » est qu’on croie qu’il promeut des convictions misogynes. Bien sûr, bien sûr, ma belle ! Cela fait soixante ans maintenant que l’art con(temporain) et les gauchistes occupent le terrain avec leurs vides complémentaires afin de promouvoir ensemble la même révolution.

 

Pauline Mille