Le Palazzo Maffei à Vérone expose toutes sortes d’« œuvres d’art », de l’Antiquité à nos jours. Parmi elles, une chaise apparemment paillée, que le catalogue répertorie ainsi : « La Chaise de Vincent avec sa pipe », fabriquée par le dénommé Nicola Bella en 2022 par référence à Van Gogh avec des « cristaux de Swarovski » des morceaux de cristal assemblés pour décorer. Or voilà quelques semaines, un gros touriste s’est assis dessus, demandant à sa femme de le prendre en photo : las, il était trop lourd pour la chaise et elle s’est effondrée. Les touristes ont pris la fuite et le musée vient de mettre en ligne les images qu’a filmées la caméra de surveillance. Pour se faire de la publicité, avec un peu de morale en prime sur le « respect » que doit le public à l’art. Là, il y a un peu d’abus. Car si quelqu’un ne respecte ni le public ni l’art, c’est bien le prétendu « art » conceptuel. Depuis Marcel Duchamp et son urinoir, il est parvenu à convaincre les augures et le marché que « l’art est ce que l’artiste désigne ainsi », un urinoir ici, une chaise là, un sac plastique rempli de déchets et de mégots là-bas. Mais il est arrivé qu’une femme de ménage jette à la poubelle en 2001 une « installation » du pape de l’art contemporain britannique Damien Hirst, ou fasse pipi dans l’urinoir, ou enfin s’asseye sur la chaise. Quand on s’assoit dessus, l’art conceptuel s’effondre. Et si la spéculation, financière et verbale, qui va avec, en faisait autant, l’homme post-moderne en serait libéré d’autant.