Assurément, le constat n’est pas neuf ! La France se vide… de ses élites et de ses entreprises, de ses biens et de sa pensée – de ses enfants. Rien de nouveau donc. Si ce n’est que ce constat est, le plus généralement tu, voire nié par nos dirigeants, et qu’un caricaturiste pourrait, à l’occasion, le redessiner sur le modèle des singes de la sagesse. Et nos compatriotes vivent, entre une grosse colère et un coup de déprime, comme s’il n’en était rien… Aussi n’est-il pas inintéressant que ce soit Jacques Attali qui, aujourd’hui, nous le dise !
Une suite de déplacements ayant mis quelque retard dans mes lectures, je n’ai découvert qu’aujourd’hui, sur son blog, le texte que signait Jacques Attali la semaine dernière dans L’Express. Son titre La France se vide, qui s’en occupe ?, m’a, en quelque sorte attiré comme un aimant. Je n’imaginais pas qu’un jour ma préoccupation puisse croiser la réflexion de ce personnage. Voire…
La réflexion de Jacques Attali
Jacques Attali dresse un constat terrifiant de la situation de notre pays, un constat, précise-t-il, fondé sur « aucune statistique fiable », mais dont les manifestations se recoupent cependant chaque jour davantage.
Si la France voit passer nombre de touristes et de stars, tous ces gens ne font, effectivement, que « passer ». « La réalité est tout autre, insiste-t-il ; la France se vide. »
Elle se vide des plus riches de ses habitants, de ses retraités de ses jeunes chercheurs de ses meilleurs professeurs, ses meilleurs musiciens, ses meilleurs artistes, de ses financiers, de ses entrepreneurs, etc. Jacques Attali pourrait, nous pourrions continuer par une liste presque exhaustive des métiers, en tout cas des métiers qui… comptent en espèces sonnantes et trébuchantes.
Il voit, dans tout cela, une menace pour l’emploi. « (…) les licenciements vont s’accélérer en France, même pour les entreprises qu’on croit encore françaises. Le départ des Français est une des principales menaces sur l’emploi dans l’avenir. On peut encore croire que tous ces Français à l’étranger sont utiles à l’économie française, et c’est vrai pour beaucoup d’entre eux ; mais ils ne pourront bientôt plus aider personne : il n’y aura plus d’entreprise à aider. »
La France se meurt, la France est… vide
Terrible constat, auquel on ne peut que souscrire. Terrible endormissement de notre pays – endormissement sans doute fatal, s’il devait se prolonger. « C’est lentement que la France mourra du départ de ses forces vives », déplore Jacques Attali.
Savoir poser un diagnostic est précieux. Mais il faut ensuite en analyser la cause et, si possible, le remède.
La cause nous est bien connue. Elle pèse sur nous depuis plus de trois décennies, et se nomme socialisme. Un socialisme qui finit par se déliter lui-même, puisqu’il est capable de produite un François Hollande et de le porter à la tête de la France – d’une France, donc, quasi privée d’élite, ruinée.
Bien sûr, nous ne sommes plus là dans l’analyse de Jacques Attali. Lui se plaint qu’on ne fasse « rien pour attirer les étrangers » – il parle ici sur le plan économique. « On se plaint, affirme-t-il, quand une entreprise étrangère s’intéresse à une entreprise française. » On se plaint parce que ce rachat de plus en plus visible, au contraire, de notre vie entrepreneuriale par l’étranger contribue à ce délitement de notre pays.
Mais là, nous ne pouvons plus suivre Jacques Attali, qui semble avoir décidé de se dispenser d’analyser la cause de ce terrible constat qu’il dresse. Bien au contraire… car ce qu’il propose, comme remède, c’est davantage de socialisme. Pour lui, la France « doit devenir accueillante, de toutes les façons possibles, pour tous ceux qui veulent contribuer sérieusement à son avenir. Elle doit s’attaquer sérieusement à ses rentes, et à tout ce qui y empêche les jeunes de créer et d’avoir le bénéfice de leur travail. Il y faudra pour cela favoriser, sans complexe, la richesse créée au détriment de la richesse héritée. »
Soigner le mal par le mal ?
On le voit clairement. La gauche n’entend pas se libérer – et sans doute ne veut-elle pas, ni même ne le peut-elle… – du vieil antagonisme entre la richesse produite et le patrimoine. Ce faisant, effectivement, peu importe que la France soit mise à l’encan, rachetée par des gens qui n’en comprennent ni l’esprit, ni le patrimoine, puisque les héritiers, avec leur trop fréquente complicité, hélas !, sont des gens à honnir.
Dans cet état d’esprit, mieux vaut que la France appartienne à de nouveaux riches, c’est-à-dire n’importe qui, plutôt qu’aux Français. La France n’étant plus qu’une dénomination usuelle, un moyen pratique pour situer un hexagone (et peut-être moins…) sur une carte géographique.