A Londres, une camionnette a foncé dans la foule lundi à proximité de la mosquée de Finsbury, blessant plusieurs personnes et en tuant peut-être une. Tout le monde qualifie de terroriste un attentat dont l’auteur est un blanc non musulman, ce qu’attendait depuis longtemps la presse britannique et qui satisfait les autorités.
L’attentat commis à quelques centaines de mètres de la mosquée de Finsbury à Londres est tenu par tout le monde pour terroriste. Le suspect est retenu pour « acte terroriste », le maire de Londres, le musulman Sadiq Khan, a dénoncé un « acte terroriste horrible », et le premier ministre Theresa May a déclaré « Ceci nous rappelle que le terrorisme, l’extrémisme et la haine se présentent sous de multiples formes ; et notre détermination pour les arrêter doit être la même quels que soient les responsables ».
Un attentat situé dans une série pour le qualifier de terroriste
En d’autres termes Theresa May estime que la Grande Bretagne et le monde sont visés par un ennemi protéiforme, caractérisé par le terrorisme, l’extrémisme et la haine, et par rien d’autre de déterminant, surtout pas l’islam, qui a déjà frappé plusieurs fois. La presse française a immédiatement relayé cette façon de voir les choses, de Libération au Monde, puisque l’attentat de la mosquée a été situé dans une série où figurent Westminster le 22 mars, Manchester le 22 mai et London Bridge le 3 juin.
Pour accentuer chez le lecteur le sentiment que l’acte commis lundi est de la même nature que les précédents, Libération note : « Le mode opératoire ressemble à s’y méprendre aux deux derniers attentats de Londres : un véhicule lancé à vivre allure sur des piétons ». En fait, ce « mode opératoire » est devenu commun depuis son lancement par les tueurs du Hamas contre la population juive en Israël voilà plusieurs années.
L’islamophobie que tout le monde attendait vise une mosquée
La seule différence relevée par la presse et les autorités entre cet attentat terroriste et les autres attentats terroristes, c’est qu’il est « raciste » et « islamophobe ». Pour Cressida Dick, chef de Scotland Yard, « Il s’agit très clairement d’une attaque contre les musulmans ». C’est une circonstance aggravante : « une seule communauté a été visée ». Sadiq Khan a précisé que le nombre d’« actes islamophobes » a quintuplé depuis l’attentat de London Bridge, et que les incidents racistes ont augmenté de 40 % en un an.
On peut se demander, en passant, ce que veulent dire ces chiffres. Et l’on peut aussi noter que l’islam n’étant pas une race, mais une religion, c’est abusivement que l’on dit racistes actes qui seraient dirigés contre l’islam.
La presse présente aussi la mosquée de Finsbury près de laquelle l’attentat a eu lieu comme « un symbole ». Mais un symbole de quoi ? Inaugurée en 1994 par le prince Charles, elle est devenue très vite un nid de prédicateurs radicaux et de partisans de l’organisation terroriste Al Qaïda. Elle a été fermée pour cela, mais depuis 2005 elle donne dit-on dans le dialogue interreligieux et intercommunautaire. Samedi dernier s’y tenait The Great Get Together, la parade du vivre ensemble britannique. Alors, quel est le symbole visé par l’attentat de lundi ? Vivre ensemble ou islam terroriste ?
Grâce à Londres, l’islam est victime d’un terroriste
La façon dont la presse et les autorités britanniques racontent l’attentat de la mosquée répond à la question. Pour elles, si l’homme qui a percuté la foule à Finsbury est un terroriste, c’est qu’il a un profil inespéré, c’est le terroriste que tout le monde attendait, celui que l’on espérait déjà dans l’affaire Mehra, l’affaire Charlie : le suspect, Darren Osborne, est un Gallois blanc père de quatre enfants et non musulman. C’est le chaînon manquant de la chaîne monstrueuse décrite par Theresa May. Jusqu’à présent, on constatait que tous les terroristes étaient des musulmans agissant au nom de l’islam et criant Allah ou Akbar au moment de passer à l’acte. Celui-ci, selon un témoin, aurait crié « Je veux tuer tous les musulmans ». Voici l’islam enfin hors de cause. Le danger n’est pas une religion suprématiste qui entreprend la conquête de l’Europe par l’action terroriste, mais la haine et l’extrémisme sous les espèces de l’islamophobie.
Le terroriste n’est ni un déséquilibré ni un loup solitaire
C’est pourquoi l’on est si sûr, dans la police, dans la presse, à la mairie de Londres et à Downing Street que le suspect a bien commis un acte terroriste. Ici, on ne se demande pas s’il ne s’agirait pas d’un « déséquilibré » ou d’un « loup solitaire », comme il est de bon ton de le faire chaque fois qu’un attentat islamiste est perpétré. Il est aussi urgent d’engager la responsabilité d’un blanc autochtone chrétien et sa motivation islamophobe que de dégager celle d’un terroriste islamiste. Le vivre ensemble et l’hégémonie du relativisme sont à ce prix. Et les « représentants de tous les cultes » (lesquels ?) ne manquent pas de rappeler la vulgate maçonne : « Une attaque contre une religion est une attaque contre toutes les religions et toutes les communautés ».
L’attentat a eu lieu à plus de trois cents mètres de la mosquée
Or regardons l’affaire maintenant non à travers le prisme insane du système, mais selon les faits. On ne sait rien, à ce stade, du suspect, de son acte, ni de ses motivations. Il peut être fou. Ou pas. D’extrême droite. Ou pas. Il veut tuer « tous les musulmans ». Ou pas : un seul témoin a entendu la phrase (testis unus, testis nullus). Il en a tué un. Ou pas. La collision de sa voiture avec la foule a eu lieu à trois cents mètres de la mosquée. Et on ne sait pas à quoi est dû le décès du seul mort répertorié. Selon Neil Basu, coordinateur britannique de la lutte antiterroriste, « L’éventuel lien de causalité entre cette mort et l’attaque relèvera de l’enquête ». La victime recevait des premiers soins déjà quand le véhicule du suspect est arrivé.
Quoi qu’il en soit, si les faits sont avérés, un chrétien n’approuvera pas la violence commise, mais il n’acceptera pas comme du bon pain l’accusation d’islamophobie portée contre Darren Osborne. L’islam conquérant mène en Europe une guerre dont l’une des armes est le terrorisme. Osborne a pu juger que, devant la trahison des élites politiques, il était de son devoir de combattre cet envahisseur. Or, cela n’est pas permis : voilà pourquoi la presse lui prête les motivations qui conviennent. Osborne est le terroriste que tout le monde attendait.