On dispute beaucoup en ce moment de l’orientation de France Télévision et de France Inter, France Culture ou France Info, bref, de l’audiovisuel public. Une commission d’enquête a été lancée par l’Assemblée nationale qui le soupçonne d’être orienté à gauche. Son rapporteur, le ciotiste Charles Alloncle, a fait preuve d’un sang-froid et d’une patience à toute épreuve face aux phénomènes qu’il a auditionnés, par exemple Delphine Ernotte, PDG de France Télévision, Sibyle Veil, PDG de Radio France, Adèle Van Reeth, patronne de France Inter, Patrick Cohen et Thomas Legrand, qui s’étaient fait prendre en plein complot avec des pontes du PS dans un café. Au-delà de la politique, deux études, l’une datant de 2024, l’autre toute récente, tranchent la question, tout en précisant la réponse : l’audiovisuel public, mais pas seulement lui, favorise une gauche progressiste et modérée animée par les valeurs de l’arc-en-ciel.
Collusion avec la gauche ou « barbouzerie » ?
A part le pauvre Cohen, très mal à l’aise avec son bic qu’il tripotait, les autres auditionnés ont profité de leur passage comme d’une tribune, Legrand se plaignant de la « barbouzerie » dont il s’estime victime, les dirigeantes en cause mettant leur parti-pris sur le compte de l’humour, se prétendant « progressiste » ou « ni de droite ni de gauche » et présentant les milliards gaspillés comme le moyen d’une gestion rigoureuse. En outre, tout ce beau monde a enfreint cyniquement la loi qui fait obligation aux auditionnés de répondre aux questions posées. Cette défense d’évitement concertée affiche le mépris du contribuable et un refus de rendre des comptes qui recouvre la certitude d’être intouchable. Mais toutes leurs tactiques dilatoires ne peuvent masquer la réalité : deux documents établissent l’ancrage à gauche de l’audiovisuel public.
Le rapport qui établit la partialité de l’audiovisuel public
D’abord, le rapport de l’Institut Thomas More sur Radio France paru en novembre 2025 et portant sur 200 heures de programme, 2.600 prises de parole des journalistes et des éditorialistes, 1.280 chroniques et l’analyse de 168 personnalité politiques invitées, dont 42 au moins dix fois. Cinq « enseignements clefs » en sont tirés. 1. Les partis « d’opposition radicale » sont sous-représentés et décrits comme facteurs de désordre politique. Si l’on compare leur temps de passage à leur poids électoral mesuré par le nombre de députés, LFI est sous-représentée de 6,6 % et le RN de 11,5 ! Celui-ci fait en outre l’objet du traitement le plus hostile par les journalistes qui l’associent volontiers au « chaos ». 2. La droite et le centre, partis de notables sans beaucoup d’électeurs sont très sur-représentés, mais mal vus des journalistes (surtout la droite). Seuls sont bien traités les écologistes et la gauche modérée. 3. Celle-ci fait l’objet pour certains de ses membres, et le centre aussi, d’un traitement de faveur : Glucksmann, Nunez, Valls et Philippe sont présentés comme compétents, crédibles, doués du sens de l’Etat.
Un point de vue arc-en-ciel sur tous les sujets sensibles
4. France Inter et France Culture sont « durablement ancrés à gauche ». Deux indicateurs le montrent les prises de parole et la couleur des invités d’une part, les chroniques de l’autre : à France Inter, 60 % sont à gauche contre 16 à droite, à France Culture, 66 % à gauche contre 4 % à droite. Cinquième et dernier enseignement clef, mais non le moindre, si on analyse les chroniques par thèmes, aucune n’est abordée sous un angle éditorial de droite, et surtout, les thèmes dits sensibles (féminisme, justice, discriminations, violences policières, banlieues, conflits internationaux) sont abordés par la gauche dans une proportion qui varie entre 80 et 100 %. Il n’y a donc pas photo, Radio France est de gauche, et une analyse de France Télévision, forcément plus complexe et plus longue, donnerait des résultats analogues.
L’audiovisuel dans son entier penche à gauche
Adèle Van Reeth pourrait répondre que c’est normal, puisque sondage de l’IFOP commandé par Marianne nous apprenait en 2024 par ailleurs que 70 % des auditeurs de France Inter ont voté à gauche lors des élections européennes. Mais le contribuable a-t-il envie de payer pour faire plaisir aux auditeurs de gauche ? Et puis, à y regarder de près, l’argument est spécieux, car les spectateurs du 20 heures de TF1 ont voté à 44 % RN aux européennes de 2024, selon le même sondage IFOP, et l’on ne peut pas dire que TF1 serve la soupe au RN. On doit donc déduire de ces quelques données que c’est tout l’audiovisuel, et pas seulement le public, qui se trouve orienté à gauche – ou pour user d’un vocabulaire plus juste, selon une idéologie arc-en-ciel modérée qui promeut un centre gauche compétent, crédible, doué du sens de l’Etat.











