En Australie, l’idée de la contraception obligatoire pour avoir droit aux allocations progresse

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L’ancien ministre du gouvernement Keating Gary Johns, à son domicile de Brisbane.

 
Cela fait un an qu’un ancien ministre d’Australie, Gary Johns, propose de soumettre à conditions les allocations sociales pour les femmes qui devraient, selon lui, avoir recours à une contraception de longue durée obligatoire pour continuer d’avoir droit aux aides publiques. Johns vient de sortir un livre, No Contraception, no Dole («  Pas de contraception, pas de chômdu  »)  : en plein été austral, c’est un vrai marronnier du Nouvel An que la presse prend terriblement au sérieux. Si de nombreuses critiques ont accueilli la proposition, elle n’en est pas moins significative d’une tendance que l’on rencontre dans de nombreux pays, depuis la Chine et l’Inde qui limitent les aides ou pénalisent les couples ayant plus du nombre agréé d’enfants, au Royaume-Uni où la fin des allocations familiales au-delà de deux enfants est régulièrement à l’ordre du jour.
 
Que les motifs soient écologiques ou économiques, la logique est la même : il s’agit de considérer les enfants comme un poids pour la communauté ou pour «  la Planète  ».
 

Gary Johns, ancien ministre, veut la contraception obligatoire pour les femmes en difficulté

 
Dans le cas de l’Australie, l’ancien député travailliste Gary Johns vise particulièrement les femmes qui reçoivent des allocations de chômage ou des aides familiales. «  Si une personne reçoit une indemnisation à ce titre, elle doit rechercher un travail, et non démarrer une famille. Si elle reçoit des allocations parentales – je pense aux mères isolées – elle devrait s’occuper de son enfant déjà né et non en avoir davantage. Et si elle a une allocation jeunes, alors il s’agit d’une très jeune femme qui devrait se consacrer à ses études et non démarrer une famille  », dit-il.
 
La solution ? Obliger ces bénéficiaires d’aides sociales à porter un implant contraceptif de longue durée. «  Dès qu’elle cesse de recevoir des allocations – qu’elle ait un travail, qu’elle se trouve dans une nouvelle relation ou reçoive un soutien par ailleurs – on arrête la contraception.  »
 
Une émission d’informations australienne, A Current Affair sur Network Nine, a donné dix minutes de temps d’antenne à Gary Johns pour qu’il défende son point de vue, appelant les téléspectateurs à participer à un sondage sur sa proposition. L’ex-ministre y expliquait que les femmes utilisent les bébés comme des «  vaches à lait  » en manipulant le système  : elles ont des enfants pour obtenir de l’argent, accuse-t-il.
 

En Australie, 20 % des naissances ont lieu chez des femmes bénéficiaires d’allocations

 
La contraception obligatoire permettrait de «  rompre le cycle de pauvreté  » qui voit les mauvaises conditions économiques passer de génération en génération, a-t-il plaidé, assurant que 60.000 naissances en Australie l’an dernier – 20  % du total – se sont produites chez des femmes recevant une aide sociale.
 
L’Australie affiche aujourd’hui un taux de fécondité de 1,93 enfant par femme, moins que le minimum de 2,1 enfant par femme nécessaire au remplacement des générations. Avec 20  % de naissances en moins, elle se préparerait des lendemains encore plus difficiles avec un vieillissement accéléré de la population.
 
Parmi les critiques exprimées à l’encontre de Gary Johns, il y a des accusations d’eugénisme et de totalitarisme auxquelles s’ajoutent des rappels quant aux graves effets indésirables de la contraception hormonale de longue durée.
 
Les féministes elles-mêmes sont furieuses  : Jane Caro demande  s’il faut laisser les femmes concernées « mourir de faim, ou mendier dans les rues ». Le journal britannique The Independent note que l’émission de Network Nine ne disait rien quant aux éventuelles demandes de Gary Johns de voir les hommes bénéficiaires d’allocations à leur tour soumis à une stérilisation temporaire, ni par rapport à l’application du programme aux femmes lesbiennes ou infertiles.
 
Mais personne, dans les grands médias, n’a soulevé la question de la licéité morale de la contraception, qui est tenue pour acquise.
 
La proposition choquante de Gary Johns a au moins le mérite de souligner l’inhumanité d’une contraception obligatoire. Elle passe deux choses sous silence : le lien entre activité sexuelle et fertilité, qui est pourtant le véritable enjeu dans des pays où le libertinage est de fait promu à travers l’«  éducation sexuelle  » ; et la réalité de cette tyrannie contraceptive dans beaucoup de pays du monde où la diffusion des contraceptifs conditionne les aides au développement.
 

Anne Dolhein